samedi 19 décembre 2009

Echec au Sommet: vers un climat de peur

Un accord politique sans engagements et sans contraintes. Voilà le résultat qu'a produit la Conférence de Copenhague sur le climat. Les Chefs d'Etat et de gouvernement sont même allés au delà du calendrier de la Conférence de plusieurs heures pour arriver à cette conclusion. Rien de précis sur les grands enjeux du climat. Seulement de grandes professions de foi. Pourtant, le Président américain, Barack Obama parle de percée significative sans précédent. Résumé d'un échec.

Godefroy Macaire CHABI depuis Copenhague pour Radio Bénin

S’il ne s’agissait que de mots, cela n’a pas manqué toute la nuit pour qualifier la copie présentée par les Chefs d’Etat et de gouvernement que la société civile n’hésite pas à qualifier de brochure touristique, devant la presse.

Une Organisation non gouvernementale dénommée E3G, pense que les leaders du monde ont trahi l’espoir et la confiance de leurs citoyens.

Globalement, toute la nuit de vendredi à samedi, le texte obtenu grâce à la diplomatie des Etats Unis et de certains pays émergents comme la Chine, l’Afrique du Sud et l’Inde n’a rien de croustillant.

Pas d’objectifs chiffrés de réduction des émissions , l’annonce des engagements ayant été repoussé à 2010.

Pas de chiffres de financements pourtant attendus par les pays en développement et sur lesquels leurs délégués ont activement travaillé pendant 2 semaines.

L’accord dont ont simplement pris note les pays sans l’entériner se contente d’affirmer la volonté des Etats de limiter le niveau des température à 2 degrés.

Or une étude scientifique de la Convention cadre des nations unies sur les changements indique que si aucun effort supplémentaire n’est fait d’ici à 2020, l’actuel rythme des engagements conduirait l’humanité à un réchauffement de l’ordre de 3 degrés.

Pourtant les Etats Unis se satisfont de cet accord, Barack Obama parlant d’une percée significative et sans précédent.

Vendredi à samedi, Nicolas Sarkozy a fait remarquer que cet accord n’était pas parfait mais qu’il représentait tout de même un compromis.

Le Premier Ministre danois Lars Rasmussen a souligné qu’il ne s’agit que d’une Déclaration politique qui engagerait chacune des parties signataires.

Ce qui est désigné ici par les pays en développement comme un échec était pourtant bien prévisible depuis quelques jours lors des pré négociations.

Les pays riches s’étant dérobé à maintes reprises à leurs engagements.

Il faut maintenant un autre rendez vous, pour ne pas dire que tout est renvoyé à la Saint glinglin

Et tout semble bien donner raison au Président sénégalais Abdoulaye Wade qui il y a 4jours à la tribune ne se faisait aucune illusion sur les décisions qui seront prises.

vendredi 18 décembre 2009

Copenhague à la recherche d’un accord dans la douleur

Copenhague, Godefroy Macaire CHABI pour APA

La Conférence sur le climat est toujours dans l’impasse au dernier jour des discussions, les pays développés et ceux en développement ne parvenant pas toujours à s’entendre sur le minimum et à trouver la clé, a constaté APA vendredi à Copenhague.

La réunion des Chefs d’Etat et de gouvernement qui couronne la 15ème Conférence sur la Convention Cadre des nations Unies sur le Changement Climatique est dans l’impasse depuis vendredi matin, les annonces faites par certains dirigeants étant en dessous des attentes des pays pauvres.

Cette dernière semaine, les pré négociations menées par les experts ont sérieusement marqué le pas, préfigurant la situation actuelle.

Les questions qui divisent à savoir le financement des projets dans les pays en développement en vue de l’adaptation et de l’atténuation du changement climatique, la réduction des émissions de gaz par les pays les plus pollueurs, le seuil de maintien de la température atmosphérique n’arrivent pas toujours à être définitivement aplanies.

Les dirigeants se sont contentés depuis mercredi de déclarations que certains observateurs qualifient de « profession de foi »

Dans son message vendredi à la tribune de la Conférence, le Président américain dont l’arrivée était très attendue à Copenhague s’est contenté d’attirer l’attention du monde sur les gravités du phénomène et l’importance d’agir avec célérité, sans rien dire de concret, selon un expert asiatique de l’ong ActionAid, Raman Mehtan

Le Président américain a pontifié à maintes reprises sur le mot « transparence », soulignant que c’est ce qu’il faut si l’on veut mettre en place un mécanisme de gestion climatique, allant même jusqu’à proposer un instruments de contrôle des efforts des uns et des autres, parlant de ses alliés riches.

Sa proposition sur la réduction des émissions n’a guère tranché avec la position américaine connue avant le sommet, à savoir la réduction des émissions à hauteur de 17% d’ici à 2020 par rapport au niveau de 1990, indiquant que les Etats s’engageait aussi à atteindre plus de 80% en 2050.

Clairement, la position américaine de ce côté ne se situe guère dans une perspective d’urgence, alors que pour les pays en développement, notamment ceux africains qui en subissent les plus grosses conséquences, « il faut vite agir ».

Urgence

L’ensemble des dirigeants n’ont eu de cesse de le marteler, et c’est ce qui semble le plus grand dénominateur commun dans ces discussions.

Les leaders africains en premier, appelant à un financement conséquent susceptible d’accompagner la mise en œuvre de projets urgents d’atténuation et d’adaptation.

Mais à ce niveau, aucun pays développé ne veut prendre des engagements fermes, l’ensemble du groupe s’efforçant de s’engager timidement en se cachant derrière les efforts collectifs à entreprendre.

Barack Obama vendredi s’est accroché à la proposition de l’Union européenne promettant « que les pays riches dégageront un financement urgent, le Fast-Start à hauteur de 10 milliards de dollars jusqu’en 2012.

En outre, il a repris les propositions divulguées ces dernières semaines par le Président français Nicolas Sarkozy de mobilisation de 100 milliards de dollars à l’horizon 2020.

Le même dirigeant français a continué jeudi à ventiler et à défendre sa proposition de financements innovants à travers des systèmes de taxation sur les avions, les bateaux et les transactions financières.

Ces propositions semblent faire l’affaire du Coordonnateur du Comité des Chefs d’Etat et de gouvernement, le Premier Ministre éthiopien.

Ce qui est loin de contenter un certain courant dans les négociations, d’où les divergences apparues ces dernières 48 heures entre le Réseau panafricain des parlementaires sur les changements climatiques et M. Zénawi .

En effet, les pays africains exigent un minimum de 400 milliards de dollars au titre des financements urgents.

Mais il y a encore d’énormes confusions à ce niveau, les chiffres allant dans tous les sens, sans qu’on ne sache exactement combien il faut pour attaquer les défis immédiats.

Dans ce débat sur les financements, certains dirigeants africains, notamment ne se font guère d’illusions.

Mercredi, le Président sénégalais Abdoulaye Wade a clairement indiqué qu’il ne se ferait pas prendre au piège des montants qui seront annoncés, car selon lui, ce n’est pas la première fois que des promesses avaient été faites aux pays en développement sans être tenues, invitant les africains à développer des initiatives locales.

Pourtant certains dirigeants à l’image du tchadien Idriss Déby et du secrétaire général de l’Onu, en appellent à une vraie chaîne de solidarité.

Déclaration politique


Vendredi soir, alors que les dirigeants de la planète continuent de rechercher la solution sous l’égide du Premier Ministre danois, Lord Rasmussen, les perspectives d’un accord politique se précisent.

Des informations ont fait état sur les lieux des discussions des propositions faites par Ban Ki Moon pour les Chefs d’Etat et de gouvernement de jouer les prolongations pendant 24 heures pour parvenir coûte que coûte à un accord.

Par ailleurs, on évoque la possibilité d’organiser une autre réunion au plus tard les six prochains mois à Bonn en Allemagne pour repréciser les grandes lignes d’un probable accord politique.

Un document confidentiel qui a circulé vendredi soir a toutefois fait état d’avancés dans les négociations.

Certains points blancs et encore en pointillés il y a 24 heures ont été remplis, notamment on annonce un accord sur la question de la température que les pays voudraient maintenir à 1.5 degré, rejoignant la position vendredi matin de 106 pays en développement.

Par ailleurs, les Etats riches consentiraient à donner 30 milliards de dollars au titre de financements immédiats contre 10 milliards précédemment annoncés.

Seule énigme, le point en rapport avec la réduction des émissions où les crochets sont encore perceptibles dans le document.

mardi 15 décembre 2009

Le Forest day, un exemple qui fera école

Godefroy Macaire CHABI, Copenhague

La tenue du Forest day ou la Journée de la Forêt dimanche 13 décembre 2009 à Copenhague initié principalement par le Centre international de recherche forestière (CIFOR)et qui a bénéficié de l'appui du gouvernement danaois aura été une réussite.
Réussite de par le nombre important de personnes que cette journée à draîné. Ensuite de par la qualité des participants. Des prix Nobel (Wangari Mathaai, Pauchauri), des éminentes personnalités à l'image de Mme Gro Bruntland, des chercheurs de tous bords, des universitaires, des instituts de recherche dont l'activisme pour les questions forestières et de développement durable est prouvé. Tout ce monde a pu faire évoluer la réflexion sur la conservation, la protection et la gestion tout court du couvert forestier.

Personne de ceux qui étaient présents n'a eu l'impression de s'être ennuyé, car les thèmes et les problématiques abordées sont de taille: adaptation, mitigation, dégradation etc.

Dégradation, et voici un mot qui a beaucoup circulé au cours de cette COP15 et qu'on a assez entendu pendant la journée, avec un lien vers ce qui dans les prochaines années promet d'aider le monde à faire face à la catastrophe: la Réduction des Emissions liées à la Déforestation et à la Dégradation, REDD. Les pays ont le devoir de l'intégrer dans l'approche. Sans cela, on va courir tout droit vers la catastrophe.

Et l'intérêt réside surtout dans la mise en évidence des cas de réussite comme par exemple la gestion des forêts du bassin du Congo (deuxième plus grand patrimoine écologique au monde après l'Amazonie).

Même si cela rappelle les journées de l'arbre initiées dans certains pays, notamment ceux d'Afrique, les particitants à cette troisième édition du Forest day repartent de Copenhague avec des idées novatrices, des projets nouveaux qui pourront participer au débat collectif.

Mais comme on l'a plusieurs fois fouetté aussi bien au cours du Forest day que lors de certaines discussions à la COP 15, il faut entourer toutes ces volontés d'un minimum d'engagement de gouvernance. Ceci évitera qu'on en fasse un effet de mode, avec des impacts mous.

Car n'oublions pas une chose, l'enjeu c'est la lutte contre les changements climatiques.





Cet événement représente au-delà

dimanche 13 décembre 2009

Bataille rangée autour du carbone

Godefroy Macaire CHABI, Copenhague

Il y a quelques jours le point focal du Bénin, Ibila Djibril, présent aux négociations sur le climat à Copenhague s'est violemment opposé à l'arrangement concernant le marché du carbone, soulignant que cela n'apportait rien aux pays africains.

Dimanche au Forest day (La journée de la forêt) en marge de la Conférence sur le climat, un responsable du réseau REDD-NET, qui s'intéresse aux mécanismes de réduction des émissions liées à la déforestation et à la dégradation a rejoint cette position.

Selon David Mwayafu de l'Ouganda, "le marché du carbone est mauvais pour l'Afrique".

Précisément ce responsable de Programme de REDD-NET a estimé que cela se base fondamentalement sur l'approche du marché"

L'inconvénient, selon lui, est la perte par les communautés forestières de leur patrimoine sans aucune contrepartie sérieuse.

Le REDD-NET qui a occupé un stand au coeur de "Forest day" propose simplement qu'on mette des fonds à la disposition des communautés afin qu'elles ne dépendent plus de la forêt.
"Cela permettra de les responsabiliser. Elles feront d'autres activités et ne dépendront plus de la forêt", a proposé M. Mwayafu.

La réduction des émissions de carbone liées à la déforestation et à la dégradation fait débat dans les négociations sur le climat.

En Afrique, les projets que les pays développés sont censés appuyer n'ont toujours pas commencé.

Face à cela, certaines voix penchent pour la création d'un fond d'au moins 300 milliards de dollars auquel auront directement accès les pays africains destiné à soutenir les efforts de conservation de la forêt, pendant que d'autres, notamment les pays développés optent pour l'introduction de ces efforts sur le marché du carbone qui leur permettrait de gagner du crédit dans le cadre des objectifs chiffrés de réduction des émissions.

Prévenir des dangers de la déforestation par l'image de satellite

Godefroy Macaire CHABI, Copenhague

Comme Organisation non gouvernEmentale, Planet Action participe au "Forest Day" (La Journée de la Forêt) à Copenhague avec quelque chose de pertinent, même si ce n'est pas nouveau. L'ong lutte en effet contre les changements climatiques en distribuant aux milieux de recherche, ONG, organismes publics des images d'observation de la Terre.

"Au lieu de vendre ces images on va les distribuer aux organisations non commerciales pour faire l'observation de la terre et avec ces images on va fournir les supprots techniques et les logiciels d'interprétation" a indiqué Patricia Dankha, Chef de projets.

L'apport de Planet Action, c'est de montrer clairement comment l'image satellitaire et les technologies associées "peuvent aider les ong et les partenaires pour obtenir des résultats, concrets, mesurés et visibles".

Grâce à ces technologies, les zones sont vues sur toutes les latitudes à toutes les périodes de l'années, rassurent les responsables de Planet Action.

En dehors du soutien aux projets par l'imagerie spatiale, Planet Action marque aussi son activisme par l'information du grand public sur les changements climatiques, en menant des actions de sensibilisation sur les dangers de la déforestation et la désertification puis l'intérêt que revêt la reforestation

"Nos domaines d'activités sont en priorité la déforestation, le suivi des forêts en génral, la désertification et les réseaux d'eau, mais nous travaillons aussi sur la fonte des glaciers. Nous travaillons sur toute la planète" a t-elle précisé.

"La différence de ce nous on apporte aux changements climatiques, c'est qu'on le voit de l'espace donc ce sont des preuves tangibles qui sont à la fois sur une échelle locale mais qu'on peut comparer à d'autres zones et faire une analyse globale", a poursuivi P. Dankha

Banaliser la technologie

En travaillant aux côtés des ONG et des partenaires locaux et scientifiques, Planet Action affirme qu'elle a banalisé la technologie.

"Si on montre un poster d'une image satellitaire sur la déforestation à des gens qui ne savent pas ce que c'est qu'un satellite-je grossis le trait-c'est très parlant. Et donc à ce titre, on est ici pour montrer que ce n'est pas de la technologie pour les grands chercheurs, ce sont des images qu'on peut adresser à des gens du terrain, à des villageois qui veulent reboiser, à des écoles pour des activités de sensibilisation"

Planet Action cumule une expérience de plus de deux décennies, ce qui rassure l'organisation que sa démarche est pertinente et efficace.

"C'est spetaculaire de voir des images sur la déforestation par exemple. On a une archives d'une vingtaine d'année et riche de millions d'images. Cela nous permet de faire des comparaisons, et on peut prévoir des acquisitions dans les années à venir" a dit P. Dankha

"On peut donc avoir un programme pluriannuel qui permet de suivre et de mesurer l'évolution des dégats en général et du travail d'adaptation et de réparation dans tous les sens du terme "

Pas de blocages

"Il n'y a pas de frein, il y a les ong, es autorités locales, les milieux de recherches qui sont conscients de l'enjeu. Ils ont le réseau locale, les connaissances, les capacités technologiques de recevoir des ordinateurs puis l'expertise"

En plus de tout cela, en ce qui concerne l'Afrique, l'organisation affirme avoir pu développer un grand réseau en Afrique en général, dans la partie francophone en particulier.

Le « Forest day »: Un plaidoyer mondial pour la forêt

Par Godefroy Macaire CHABI

Le Forest day qu'on peut désigner par la "Journée de la forêt" se tient ce dimanche 13 décembre 2009 à Copenhague en marge du sommet mondial sur les changements climatiques. Il a pour but de convier autour de la même table l'ensemble des acteurs majeurs impliqués dans la préservation de la forêt dans le monde, afin de réfléchir au rôle de la foresterie dans les stratégies d’atténuation et d’adaptation aux changements climatiques. Ils vont aussi discuter du défi et des opportunités que procure la forêt dans le contexte des changements climatiques.

Ce sont des chercheurs et responsables mondiaux à divers niveaux en charge de politiques forestières.

Chacun des intervenants à la tribune ce dimanche a défendu la forêt à l’ouverture des travaux.

Le Ministre danois de l’environnement, Troels Lund Poulsen a été le premier à indiquer que la déforestation et la dégradation du couvert végétal contribuent entre 17 et 20 % des émissions de CO2.

« Les grandes actions de lutte contre le changement climatique ne peuvent être efficaces que si elles impliquent une bonne gestion des forêts » a t-il souligné
C’est pour cela, a-t-il ajouté que les nouveaux mécanismes d’adaptation et d’atténuation doivent intégrer la question forestière.

Il y a, a-t-il poursuivi, une interaction réelle entre les forêts, la population, le climat et les écosystèmes.

Le ministre danois de l’environnement n’a pas manqué de citer les efforts de son pays en matière de préservation de la forêt. Il a rappelé que le pays possède à ce jour une surface forestière qui représente 13% du territoire. L’objectif a-t-il indiqué est d’aller entre 20 et 25%.

Les intervenants ont souligné la nécessité d’un bon management des forêts.
Pour le Président du Groupe des experts sur le changement climatique, Rajendra Pachauri, la foresterie apporte plus de 70% de la solution aux changements climatiques.

L’une des raisons qui œuvre pour la préservation des forêts, c’est le lien culturel et spirituel que les peuples entretiennent avec elles, a-t-il dimpt.
« Si nous voulons régler le problème du changement climatique, nous avons le devoir de régler ensemble les problèmes d’adaptation et d’atténuation « a proposé Rajendra Pachauri.

Mme Gro Harlem Brundtland, envoyée spéciale des Nations Unies à cette réunion a eu des mots d’alerte

« Si nous voulons survivre, nous avons le devoir d’arrêter la déforestation », a-t-elle dit

Elle a également souhaité qu’une place importante soit faite à la question de la foresterie parmi les décisions et recommandations qui seront prise lors de la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques.

Voilà pourquoi elle a souhaité que Copenhague puisse aboutir à des stratégies globales.

La réduction des émissions liées à la déforestation et la dégradation représente une double opportunité en terme socio-économique et en matière climatique, a-t-elle précisé.

Pour le Président du Partenariat sur les forêts, CPF Jan Heino, la communauté forestière a besoin de s'engager entièrement dans les discussions nationales et internationales et les actions sur les changements climatiques.

"Nous avons beaucoup à gagner", a t-il assuré, avant de souhaiter que les échanges de cette journée de la forêt puisse impacter positivement les décisions qui seront prises à la Conférence de Copenhague sur le climat.

jeudi 10 décembre 2009

Entre optimisme et prudence

Depuis Copenhague, Godefroy Macaire CHABI

La 15ème Conférence de la Convention cadre des Nations-Unies sur les changements climatiques ouverte depuis le 07 décembre 2009 à Copenhague au Danemark fait planer un double sentiment chez les participants: l'espoir de voir le sommet aboutir à un nouvel accord sur le climat et la peur d'un échec qui remettrait tout en cause.

A l'ouverture des travaux, l'ensemble des intervenants, que ce soit le premier Ministre danois, Lars Rasmussen, le Secrétaire éxécutif de la Convention cadre des Nations Unies sur le changement climatique, Yvo de Boer, le président du Groupe des Experts sur le Climat Rajendra Pachauri ont joué la carte de l'assurance.
Mais cela n'efface pas le sentiment général qui anime chaque délégué aux négociations.

Depuis 4 jours, on évite de verser dans l’illusion d’un accord certain, même si l'espoir est là d'obtenir un consensus concret.

Certains délégués n'hésitent d'ailleurs pas à prononcer le mot consensus au cas où les choses vont se compliquer à Copenhague et qu'il faille repartir tout au moins avec un document qui aura valeur de lot de consolation.

C'est dire que c'est un optimisme prudent qui se développe ici.

Partie serrée

Un délégué africain a pu nous confier ce mercredi que malgré la détermination des pays africains à parler d’une seule voix à la réunion des Chefs d’Etat et de gouvernement, il y a encore des divergences patentes au sein du Groupe Afrique. Divergence sur la question du carbone au titre de l’atténuation, divergence sur le fameux débat concernant la température. A ce niveau précisément, des pays voudraient que l’on maintienne le niveau à 2°, pendant que d’autres souhaiteraient qu’on aille en deçà.
Ce qui va aussi compliquer le débat ici, apprend t-on dans les milieux proches des discussions, c’est aussi la complexité des désaccords à l’intérieur d’un même groupe. C’est ainsi que les pays les moins avancés membres de la coalition du G77 plus la Chine font déjà pression pour que les pays émergents eux-mêmes acceptent de réduire drastiquement leurs émissions de gaz.
Un autre délégué congolais a fait remarquer que les choses allaient être vraiment dynamiques jusqu’à la fin du sommet.

"Toute déclaration sera actualisée au jour le jour jusqu'à la fin" a t-il indiqué.
Pour ce même délégué, ce qui allait davantage compliquer la recherche d’un accord, ce sont les accointances entre pays développés et pays pauvres, que ce sommet ne pourra pas gommer.

"Les accords bilatéraux sont là, les engagements bipartites existent, et cela risque de fausser les choses", a t-il poursuivi

L'argent, la grande équation

Sur la question du financement du développement durable et les autres promesses concernant les transferts de technologies pour l’adaptation et l’atténuation, les pays en développement en général n’entendent pas laisser filer leur chance, et restent assez soudée sur les chiffres, nous a-t-on confirmé. L'Afrique en attend particulièrement des évolutions satisfaisantes. Car les promesses faites depuis les années restent encore à être cristallisées.
Les chiffres exigés sont à la hauteur des ambitions des pays africains: 85 milliards de dollars par an pour l’atténuation, 100 milliards par an pour l’adaptation.

Lundi, à l'ouverture de la Conférence, c'est le numéro de l'ONU chargé des changements climatiques, Yvo de Boer, qui le premier s'est fait l'avocat des pays pauvre en demandant aux pays riches de leur consacrer 10 milliards de dollars par an pour les aider à faire face à la lutte contre le changement climatique.


Ce jeudi, Georges Soros, le riche homme, a annoncé un plan qui va générer un financement additionnel de 100 milliards de dollars dans le cadre des actions pour lutter contre le rechauffement de la planète.

mercredi 21 octobre 2009

Conférence Mondiale sur la sécurité alimentaire dans un contexte de changement

Vaincre la faim à tout prix

Par Godefroy Macaire CHABI, depuis Londres

Accès au marché, développement d’infrastructures de base, gouvernance locale, diversification agricole, développement de la recherche. La liste n’est pas longue. Pourtant, tout est à prendre en compte si l’on veut vraiment parvenir à la sécurité alimentaire mondiale, selon les participants à la Conférence mondiale sur la sécurité alimentaire qui s’est tenue à Londres du 19 au 21 octobre 2009.

Les participants pour la plupart des acteurs du monde rural, de la recherche, des décideurs, des acteurs économiques membres de l’Organisation CABI (Commonwealth Agriculture Bureaux International) sont partis d’une conviction : la sécurité alimentaire est atteignable dans le monde. Pour cela, les opportunités existent. Et c’est à juste titre qu’ils voient dans la coopération internationale une porte de sortie pour endiguer efficacement le problème de la faim dans le monde. Cette coopération doit surtout s’observer dans les domaines de la science et des technologies au travers de projets d’envergure au service de la sécurité alimentaire. L’exemple de la Chine qui compte plus d’un milliard de population force l’admiration et semble assez prometteur dans ce sillage, estiment les participants.
Malgré une population nombreuse, par conséquent beaucoup de bouches à nourrir, entre 2004 et 2009 la Chine a pu se constituer une bonne réserve de céréales et en 2008, elle a produit près de 529 milliards de kilogrammes de céréales, soit un total de près de 5 tonnes à l’hectare. Au total, c’est 21% de la population mondiale que la Chine nourrit avec seulement 9% de terres cultivables au plan mondial. Un exemple séducteur. Et Le vice Ministre chinois de l’agriculture, Gao Hongbin qui se targue d’un tel succès a alors demandé aux pays d’engager de sérieuses politiques pour surmonter le problème. Il a rappelé que la Chine pour atteindre cette performance a énormément investi dans les infrastructures rurales et le développement du secteur agricole.
Selon l’ancien Président mozambicain Joaquim Chissano qui dirige aujourd’hui la Fondation du même nom, le problème dans les pays en développement frappés de plein fouet par la crise alimentaire demeure les difficultés d’accès au marché, le manque de diversification agricole, la non diversification des sources de revenus du secteur agricole, la mauvaise gouvernance, le VIH/SIDA. Maîtriser la crise alimentaire passe selon lui par des réponses appropriées à ces différents vecteurs. La lutte contre le VIH/SIDA, a-t-il estimé, nécessite une approche multisectorielle.
Dans les années à venir, la production alimentaire mondiale doit connaître un doublement pour supporter le rythme d’évolution attendue de la population mondiale d’ici 2050, reconnaissent les chercheurs.
L’un des piliers sur lequel il faut agir reste l’agriculture pour garantir cette sécurité alimentaire et améliorer la qualité de vie des populations dans les pays en développement, préconise Trevor Nicholls, Responsable exécutif de l’organisation CABI.

Sécurité alimentaire, santé de la plante et changement climatique

Les liens ne cessent de se renforcer entre la crise alimentaire à laquelle fait face le monde et le contexte généralisé de changement climatique. Changement constant de température, sécheresse, concentrations de gaz et précipitations ont d’énormes conséquences sur les productions. Chercheurs et experts de tous genres ont eu des discussions sur les effets directs et indirects du changement climatique et ont décelé les interactions possibles avec d’autres problèmes. Par exemple, le parasitage des produits agricoles par les insectes destructeurs qui contraint à une baisse drastique de la production. Les pays en développement perdent un tiers de leur production annuelle du fait de l’infestation et des maladies des plantes, selon les chercheurs de CABI. Ceux-ci rappellent qu’aucune recherche de solutions pour garantir la sécurité alimentaire ne saurait ignorer cette donne. C’est en cela que CABI affirme encourager la « Nouvelle Révolution Verte » qui s’étend à cet aspect de la question.
Il apparaît aussi important, selon la Conférence, de veiller à ce que la course à la bio énergie avec l’augmentation du prix du pétrole ne représente un goulot d’étranglement pour la mise en œuvre des objectifs de sécurité alimentaire. Par exemple, la production du bioéthanol par les Etats Unis entre 2007 et 2008 a entraîné une hausse de 33% du prix du maïs.

L’information dans le débat

« L’information est aussi importante pour produire les résultats ». Cette phrase du vice Ministre chinois de l’agriculture Gao Honghin voudra résumer littéralement tout l’intérêt que les chercheurs et politiques entendent désormais accorder à l’information agricole dans le processus de la production et la recherche de réponse à la crise alimentaire. Le plus important, ont reconnu les experts et les décideurs est de faire profiter la révolution numérique actuelle au monde rural. Voilà pourquoi, il est souhaité la mise en œuvre d’un partenariat mondial autour de ce que l’on a appelé « e-agriculture ». L’enjeu, c’est la familiarisation des acteurs ruraux et agricoles à la technologie. Selon le Directeur de l’information à la Commission tanzanienne pour la science et la technologie, Theophilus Mlaki, « pour transformer les communautés rurales en Afrique et leur permettre de contribuer au débat, il faut s’assurer que la connaissance atteint les zones les plus reculées ». Il a cité la création en Tanzanie de projets pilotes autour de villages numériques qui initient les agriculteurs aux Nouvelles technologies.
Mais pour que ce mouvement réussisse, il est important de penser à des schémas d’investissement aussi bien au plan national, régional et institutionnel, a rappelé Elizabeth Dodsworth, Responsable de la division de la Gestion des Connaissances de CABI.

vendredi 2 octobre 2009

Du paradis à l'enfer de la corruption

Après AFRICA PARADIS son premier long métrage qui a bénéficié d'un acceuil mitigé dans le monde, notamment en Europe après sa sortie en 2005, Sylvestre Amoussou est actuellement en plein tournage de son second long métrage: "Un pas en avant, les dessous de la corruption".

Après le paradis africain décrit dans le précédent, voilà le réalisateur africain qui se penche maintenant sur l'une des tares de la société contemporaine africaine.

Le film est tourné au Bénin depuis le 28 septembre 2009 et va durer un peu plus d'un mois. On y retrouve des acteurs à l'image de Sidiki Bakaba, Fatou Ndiaye etc.

Godefroy Macaire CHABI

mardi 8 septembre 2009

Highway Africa 2009 à Grahamstown (Afrique du Sud)

Nouvelles opportunités…..nouveaux medias

Depuis ce 06 septembre 2009, ils sont environ 600 professionnels des médias, spécialistes de la communication, chercheurs, innovateurs technologiques et créateurs de contenus à répondre au rendez-vous de « Highway Africa », le plus grand événement média sur le continent à Grahamstown, près de Port Elizabeth, en Afrique du Sud.

L’appel à la réflexion de cette 13ème édition du Highway Africa relève d’une vraie approche prospective, ce d’autant plus que l’accent est mis sur les contenus médiatiques dans l’essor de la démocratie et le développement en Afrique à l’horizon 2010.

Jusqu’au 08 septembre, panels, discussions, ateliers, rencontres, exhibitions vont constituer d’importants créneaux et espaces d’ouverture vers la problématique centrale de la Conférence.

Pour de nombreux observateurs présents, le choix de l’année 2010 n’est pas sans lien avec l’événement que s’apprête à vivre l’Afrique du Sud à savoir la Coupe du monde de football.

Mais soulignons le bien, l’évocation de cet horizon ne servira que de prétexte au traitement des enjeux majeurs de la rencontre.

Au cœur des questions essentielles


De la justice sociale à l’environnement en passant par la santé, le genre, les questions de liberté et d’égalité sociales, la Conférence ne s’éloignera pas trop de ses objectifs. Car elle trouvera la juste adaptation aux nouveaux médias en Afrique. Les meilleures pratiques sont ainsi attendues et feront l’objet d’un partage. C’est déjà à ce niveau que pourrait se mesurer, selon des participants, l’utilité d’une rencontre comme celle-là. Les expériences des uns alimentant les idées des autres dans une chaîne continue de transmission et d’appropriation des connaissances pour le progrès social des peuples africains.

En Zambie par exemple, une initiative conduite par l’association « Behind the mask » en français « Derrière le masque » permet de défendre à travers les nouveaux médias les droits des homosexuels, transsexuels, lesbiennes, très souvent en proie à la marginalisation sociale et médiatique.

Selon sa responsable, Nthaleng Mhlanbiso, « beaucoup de médias classiques ont peur de couvrir ce type de sujet perçu comme un tabou ». Elle a expliqué que son association « entend être le porte parole des gens marginalisés par les médias en Afrique ».

C’est ainsi qu’elle développe des actions autour des blogs, groupes de discussions, messageries téléphoniques pour combler le fossé d’information créé par les médias classiques sur cette couche frappée « d’ostracisme ».

Des initiatives du genre, beaucoup de pays africains en comptent à la faveur des médias digitaux, à l’image des projets numériques destinés à la couche rurale et aux orphelins du Sida en Ouganda.

Par ailleurs, des initiatives sont en cours en Afrique du Sud pour mettre en réseau les communautés pauvres interdites de parole. De la même façon, un projet dénommé CellLife utilise la technologie téléphonique pour améliorer la vie des gens affectés par le Sida en leur fournissant les informations dont ils ont besoin, a indiqué Stephan Hofstatter son initiateur.

Dans cette réflexion, l’éducation prendra inévitablement sa place. Car, les technologies de l’information et de la communication représentent pour de nombreux systèmes éducatifs dans le monde un support efficace et à moindre coût dans le processus de production du savoir. Et c’est ce que la Conférence va démontrer par le développement d’outils nouveaux et ciblés.

A l’heure des médias numériques

Cela ne devrait surprendre personne si les opérateurs de téléphonie mobile et les fournisseurs d’accès Internet ne ratent aucune occasion pour prendre d’assaut les allées de Grahamstown. L’émission des signaux de télévision et de radio sur le mobile en est un exemple assez illustrateur. Les nombreuses possibilités en termes de transmission des données multimédia indiquent chaque jour des passerelles exploitables à tous les points de la planète.

La Conférence entend dans le processus de sa maturation prouver que tout cela est possible sur le continent et qu’il y a lieu de donner plus de rythmes aux initiatives y afférentes.
Même les médias sociaux à l’image de Facebook qui, il y a quelques années encore étaient la chasse gardée de quelques uns s’imposent aujourd’hui comme de nouvelles possibilités à la croisée des enjeux de liberté d’expression et d’auto organisation des utilisateurs.

S’il est vrai que le nouveau contexte médiatique rend tout le monde producteur d’information, il est clair que pour les acteurs médiatiques classiques notamment, il y a encore des tas de possibilités dans la recherche de sources d’information.

C’est justement à l’heure actuelle l’une des nombreuses pistes de réflexion. L’éthique et la déontologie qui vont fonder ces nouvelles opportunités constituent toute une autre problématique dont le champ restera à coup sûr inépuisable.

Grahamstown, Godefroy Macaire CHABI

samedi 5 septembre 2009

Grahammstown (Afrique du Sud): Le Climat au Highway Africa 2009

Cette annee encore et pour la 13 eme fois consecutive, les professionnels des medias africains, plus 700, se donnent rendez-vous autour de l'enjeu des Nouveaux Medias. La reflexion pour cette 13 eme edition porte sur le role des medias dans la democratie et le developpement avec une perspective sur l'annee 2010.

Des sujets assez pointus comme l'environnement, le climat seront alors traites sous le prisme de l'apport des Technologies de l'information et de la communication.

Les points qui feront l'objet de partage au cours de ce Highway Africa fourniront aux journalistes les cles d'une integration et de l'usage des Nouveaux Medias dans le traitement des questions de developpement.

Par exemple, comment un bon reportage sur l'environnement en meme temps qu'il passe par les Nouveaux Medias permettra de produire un changement des comportements et des politiques. En outre, quelles possibilites en termes de ressources, le nouvel environnement offre aux professionnels des medias en Afrique?

Godefroy Macaire CHABI (Grahammstown)

Du sable lagunaire pour s’adapter au changement climatique

La plage de Sème Kpodji, à une quinzaine de km à l’est de Cotonou affiche un air inhabituel cet après midi d’un jour de Septembre. Seuls trois camions sont en pleine opération de chargement. Il y a un mois, on ne pouvait pas l’imaginer. En ces mêmes lieux, des dizaines de camions remplis de sable se relayaient encore sur cette carrière de sable marin. Si c’est ainsi, c’est parce que les autorités ont décidé de mettre fin à l’exploitation du sable marin, au regard de l’érosion qui menace la côte et dont le prélèvement du sable représente un des facteurs aggravants. D’ici quelques jours, aucun exploitant de sable marin n’aura l’excuse de son ignorance d’une telle interdiction, lorsque le décret que prépare le gouvernement sera appliqué.


« L’Etat devrait prendre la décision depuis longtemps, mais craignant que cela n’engendre d’autres situations ingérables et des surcoûts, il y a renoncé. Car on ne peut pas interdire définitivement le prélèvement du sable marin sans proposer une solution de rechange aux exploitants » a confié à IRINNEWS Césaire Agossa, Directeur de communication du Ministère béninois chargé de l’urbanisme, de l’habitat, de la réforme foncière et de la lutte contre l’érosion côtière.

La solution, ce sont les carrières de sable lagunaire ou continental. 36 périmètres miniers de sable sont actuellement en cours d’ouverture dans 5 localités de la zone côtière à savoir : Abomey Calavi, Sô-Ava, Cotonou, Ouidah, Sèmè Kpodji.

Mais la mise en œuvre de la mesure ne peut être effective que si les sites sont viabilisés. Voilà pourquoi, le génie militaire est associé et s’active depuis quelques jours sur ces différents périmètres.

Son rôle est d’aménager les pistes et voies d’accès à ces carrières de sable lagunaire, pour éviter que d’autres contraintes ne viennent remettre les exploitants sur le chemin du sable marin.

Le génie militaire n’intervient pas systématiquement sur l’ensemble des périmètres. Seuls sur quelques uns où le problème d’accès se pose, comme dans les communes d’Abomey Calavi et Sô Ava.

Malgré tout, l’exploitation se poursuit

« Je ne peux rien faire, je n’ai pas le choix, tant que tous les sites d’exploitation du sable lagunaire ne sont pas fonctionnels. Le dragage n’est même pas effectué sur certains sites. Sur d’autres, il n’existe pas de drague. Alors dans ce cas, je suis bien obligé de continuer en attendant que la situation se normalise », a fait remarquer un transporteur de sable qui a requis l’anonymat.

Sur certains périmètres comme à Sèmè Kpodji, une localité située à l’Est de Cotonou où l’avancée de la mer est nettement perceptible, du sable continental est disponible. Car le site est lancé depuis 2007. Les propriétaires des parcelles occupées dédommagés ou réinstallés.

Malgré cela, des camions préfèrent survoler ces périmètres pour aller charger sur la plage.

« Moi, je continue jusqu’au jour où le décret sera pris et qu’il ne me sera plus possible d’aller prélever du sable », s’est exprimé le propriétaire d’un chantier en construction à Cotonou.

Pour un voyage de sable, le propriétaire du camion encaisse entre 40 000 FCFA et 60 000 FCFA chez ses clients.
Et c’est tout le monde qui profite de ce commerce, même la commune, car à Sèmè Kpodji par exemple, une taxe de 1000 FCFA est perçue par les autorités sur chaque camion qui quitte la plage.

A la Direction béninoise de la lutte contre l’érosion côtière, DLEC située à moins de 400 mètres de la plage à Cotonou, Mme Roukaïyatou Sobabe Fadikpe qui a travaillé sur le dossier du sable marin a confié que « même si l’exploitation n’est plus très prononcée, elle se poursuit sur les plages ». « Il y a deux semaines, au cours d’une sortie inopinée, nous avons vu beaucoup de camions qui allaient et venaient. Mais nous ne pouvons rien maintenant. Dès que ça va être définitivement interdit, personne n’aura le droit de faire cela », a-t-elle poursuivi

Une prise de conscience naissante

« On nous a dit que notre localité est menacée par l’érosion côtière, et qu’à cette allure d’ici une quinzaine d’année, nous allons disparaître si rien n’est fait. Si la décision vise à nous donner de l’espoir, alors la ville de Sèmè Kpodji préfère vivre plutôt que de mourir », a clamé un exploitant de sable marin à Sèmè Kpodji au cours d’une rencontre avec le gouvernement.

Prêcher par l’exemple semble la logique du côté des autorités, si l’on veut que la solution soit respectée.

« Le gouvernement jouera sa partition, lorsqu’on sait que le plus grand consommateur de sable reste l’administration. Sur tous les chantiers de l’Etat, aucune construction ne pourra plus se faire avec le sable marin. », a affirmé le Ministre béninois des mines, Saka Lafia.

Quelques problèmes et des résistances


Dans beaucoup de sites retenus pour l’exploitation du sable, se posent de nombreux problèmes. A Sô Ava, une commune lacustre, l’inondation de la plate forme de dragage constitue un frein aux travaux. Dans beaucoup d’autres, il y a encore des doutes sur la réserve du sable si ce n’est pas l’attente d’accord des autorités communales pour l’ouverture des voies d’accès. Parfois, se pose le problème de l’éloignement du gisement de sable de la berge.

La plus grande équation à résoudre dans cette dynamique reste l’hostilité des populations qui exige des dédommagements. Des scènes de fusillade ont même eu lieu dans certains sites comme à Abomey Calavi, où des individus ont été obligés de chasser les promoteurs et l’administration minière.

Sur un périmètre par exemple dans cette ville, une quantité énorme de sable a été gerbée, mais la population s’est opposée à la vente, affirmant qu’on veut brader son patrimoine.

Autant de réticences qui ont exigé une diplomatie de la part des autorités centrales, qui continuent d’ailleurs la recherche de solutions durables face à cette nécessité.

Apporter une réponse aux effets du changement climatique

Il est de notoriété publique que les effets du réchauffement de la planète impactent sérieusement la surface de la mer. Le Bénin est souvent confronté au phénomène cyclique de déferlement caractérisé par l’avancée de la mer. Plusieurs études ont conclu qu’une grande partie de la ville de Cotonou sera envahie par l’eau si rien n’est fait d’ici quelques années.

Face à un tel risque, le pouvoir ne baisse pas les bras. D’ailleurs un total de 32,5 milliards de FCFA, mobilisé avec l’appui des bailleurs de fonds étrangers et multilatéraux (Fond Kowétien, OPEP, Fond saoudien, Royaume du Danemark) a été mis dans l’opération de lutte contre l’avancée de la mer et l’érosion côtière.
L’un des projets gigantesques, c’est la construction des 7 épis pour protéger la côte Est de Cotonou.
Au Ministère chargé de la lutte contre l’érosion côtière, le Directeur de la Communication, Césaire Agossa a annoncé le démarrage effectif des travaux pour le 03 janvier 2009.

« Pour l’heure, nous examinons les soumissions aux appels d’offre. Une chose est sûre, il ne faut plus traîner les pas, car l’heure est grave », a-t-il poursuivi.

Godefroy Macaire CHABI (IRIN)

BENIN: Erosion-inducing coastal sand mining to be outlawed

Faced with rising sea levels and coastal erosion caused in part by coastal sand mining, carting away of free beach sand for commercial uses, the national government has begun a campaign to save its coastal sand by digging up sand inland, instead. But communities near these newly-created sand collection spots are fighting back.

Paul Gbogbo, a farmer from one of the river sand mining sites, Abomey Calavi, told IRIN, “We want our compensation to be clear. We are from the countryside. The state cannot just take our land like that. We are not declaring war; we just do not want to be taken advantage of.”

Disappearing coastal sand

Along West African coastal countries, rising sea levels linked to warming global temperatures have wiped out homes, hotels, roads and harvests.

An increase in construction in Benin’s economic capital, Cotonou, in recent years has driven up demand for sand, which is mixed with cement to pour into foundations.

The government is driving the building boom, according to Benin’s Minister of Mines, Saka Lafia. “The government has its role to play [to fight coastal erosion] because we know that the biggest consumer of sand is the state. On all the government’s construction sites, we will no longer be able to use coastal sand,” he told IRIN.

Shifting sands


Since 2001, the government’s Ministry of Housing, Planning and Control of Coastal Erosion has been searching for ways to fight coastal erosion, said its spokesman, Cesaire Agossa, “The state should have done this [find alternative sand sources] a long time ago, but fearing an unmanageable and costly situation, it decided not to. We cannot forbid coastal sand mining until we propose a solution.”

Since September 2008, the government has accelerated its hunt for alternative sand, and has begun digging up sand at more than 30 places along rivers and lakes in Cotonou and surrounding inland cities Abomey Calavi, So-Ava, Ouidah and Seme Kpodji.

Weighing the risks of mining coastal verses non-coastal sand, the government chose the latter, said a director from the Ministry to Control Coastal Erosion, Roukaiyatou Sobabe Fadikpe, “There can be long-term risks to this plan [dredging sand inland] but specialists say that in the short term, it is not as risky as coastal sand mining. On the coast, it is harder to manage the risks because of the marine environment.”

But international environmental campaign group, Greenpeace, has denounced river sand mining, along with other forms of mining, because the chemicals used to separate the sand from minerals can pollute the water.

Benin’s government plans to charge for the non-coastal sand starting in January 2009, when a new ban on coastal sand mining is to take effect.

Coastal shift

Though banned for more than 15 years, coastal sand mining is still common in Benin.

Fadikpe told IRIN without enforcement, nothing will change. “Just two weeks ago, we saw trucks lined up along the beach. But once a ban is enforced, people will no longer have the right to do that.”

The owner of a Cotonou construction company who requested to remain anonymous told IRIN he is not changing habits yet, “I will continue until there is a decree and it will no longer be possible for me to dig for coastal sand.”

He said he pays sand diggers between US$87 and US$125 per truck load. Benin’s average monthly salary is less than US$50, according to the World Bank.

The only cost for sand diggers is US$2 paid to city governments each time they collect coastal sand. But this will change with the new inland sand quarries where people will need to pay taxes to both the federal and local governments, according to the Ministry of Mines.

Problems


In early 2007, the government paid for the relocation of residents from Seme Kpodji to other zones to make room for a sand quarry. But the local non-profit Front United Against Coastal Erosion (FULAM) said the government awarded land and housing to people based on favouritism rather than need. The government has since suspended the relocation program.

FULAM also said the government did not involve waterfront communities in their planning.

Despite early challenges, the government is moving ahead with inland sand mining, funded in part by US$45 billion pledged by Denmark, Saudi Arabia, Kuwait, and the Organization of Petroleum Exporting Countries.

“We cannot drag our feet,” said government spokesman Agossa, “because time is running out.”

Godefroy Macaire CHABI (IRIN Cotonou)

samedi 18 juillet 2009

La valorisation de la vallée du Niger désormais entre les mains de plus de 14 000 jeunes

Ils sont plus de quatorze mille jeunes des communes de Malanville et de Karimama qui se sont inscrits pour le programme spécial d’insertion des jeunes dans l’agriculture

La commune de Malanville seule affiche sur sa liste plus de 11 300 jeunes volontaires inscrits dans l’agriculture pour environ trois mille hectares disponibles pour la culture du maïs et du riz. Quand on y ajoute les jeunes de Karimama, la vallée du Niger et de la Sota accueille plus quatorze mille jeunes qui se sont spontanément intégrés dans le programme spécial d’insertion des jeunes dans l’agriculture. Ce programme est né de la nécessité de mettre en valeur toutes les terres cultivables des vallées des principaux cours d’eau à savoir l’Ouémé, le Niger, le Mono et la Pendjari, des bas fonds, des fermes d’élevage, des fermes d’Etat abandonnées les centres de promotion rurales et de toutes plaines inondables. En effet ce programme avait eu pour mission d’accompagner les populations rurales à augmenter la production de produits vivriers. La production nationale de maïs et de riz a augmenté respectivement de 11% et de 36 % dans les communes de Malanville et de Karimama. Les autres départements notamment Zou Collines, Mono Couffo, Ouémé Plateau et Borgou Alibori ont aussi contribué à l’amélioration de la production nationale de vivriers grâce à l’intervention du Puasa qui a expérimenté l’insertion des jeunes comme forces productrices dans l’agriculture avec la mise à disposition d’intrants spécifiques.

Des centaines de jeunes d’Agonlin prêts à mettre en valeur des milliers d’hectares

Quatre mille hectares, mille hectares, cinq cents hectares, trois cents hectares…Les populations de la région Agonlin à savoir les communes de Covè, Ouinhi et Zagnanado ont mis à la disposition du programme d’insertion des jeunes dans l’agriculture plus de cinq mille hectares.
A Covè les sites de Gbagbassa dans l’arrondissement de Lanta Cogbé et Koussin Lélé et Zounsègo dans l’arrondissement d’Adogbé, ont respectivement rendu disponible quatre mille, 500 et 350 hectares. A Zagnanado, dans l’arrondissement de Houégbo, une vaste étendue répandue sur plusieurs hectares est disponible à cheval sur les villages de Bamè et de Zonmon. Dans la commune de Ouinhi, l’arrondissement de Dasso reconnu dans la région pour ses performances de grenier n’est pas resté en marge. Plus de mille hectares sont concédés pour l’insertion des jeunes dans l’agriculture dans le village de Houanvè-Louakpa. Des centaines d’hectares se trouvent également à Sagon.La disponibilité de milliers de terres fertiles s’accompagne d’une impressionnante mobilisation des jeunes. A Dasso, les jeunes qui attendaient le ministre en travaillant sur les espaces disponibles ont fait part de leur impatience. « Nous ne vous demandons rien d’autre que de nous aider à cultiver et à mettre en valeur nos terres. Nous sommes des cultivateurs et nous voulons travailler pour faire développer notre région et sortir de la pauvreté », ont déclaré avec beaucoup d’engagement les jeunes volontaires pour le programme d’insertion dans l’agriculture. Même engouement pour les volontaires de Zagnanado qui, nourris de foi et d’espoir face à ce programme d’insertion dans l’agriculture, accompagnaient d’applaudissements les explications du ministre au cours de la séance de récapitulation. Les jeunes de Covè ne sont pas restés en marge. Femmes et jeunes gens ont démontré, par leur présence, leur intérêt pour le programme. Ils sont d’ailleurs des centaines à avoir fait enregistrer leurs noms sur les listes des volontaires pour le programme d’insertion dans l’agriculture. A Covè, ils sont actuellement près de 250 contre 200 environ pour Zagnanado et même chiffre pour Ouinhi. On s’attend donc à plus de mille volontaires d’ici peu après le passage du ministre de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche qui a su donner tous les détails sur le projet face à l’intérêt, l’engouement et l’engagement qu’il a constatés sur le terrain.« Le programme d’insertion des jeunes dans l’agriculture mis en œuvre par le gouvernement vise à permettre aux jeunes déscolarisés, aux sans emploi, aux chômeurs, aux diplômés des centres de formation agricoles et à d’autres de travailler la terre et de se nourrir d’elle », a présenté le ministre. En parcourant chaque espace, il a recommandé aux jeunes et aux responsables de centres de promotion agricoles de procéder au dessouchage, afin de permettre aux tracteurs et autres matériels agricoles de travailler en sécurité. Il a mis l’accent sur la sécurisation foncière en exigeant que les espaces soient délimités et que les chefs de villages, les chefs de collectivités donateurs des espaces prennent des engagements écrits et certifiés de la concession afin d’éviter des « conflits inutiles ». C’est après avoir eu l’assurance que les sites communautaires concédés ne feraient pas l’objet de difficultés que le ministre a dévoilé les avantages du programme. Il a notamment mis l’accent sur la mise à disposition de matériels agricoles pour épargner de la pénibilité des travaux champêtres, l’octroi de crédit pour les instants agricoles spécifiques aux cultures vivrières, la disponibilité du marché à travers l’achat des récoltes par l’Office national de sécurité alimentaire pour éviter la mévente, le compartimentage par individu des espaces disponibles selon les capacités et le souhait des insérés. Tout a été expliqué. Quand le ministre de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche a annoncé le critère d’âge de 40 ans, certaines personnes du troisième âge n’ont pas su résister à la jalousie, et suggèrent qu’on leur permette aussi de profiter de cette aubaine qu’ils n’ont encore jamais vu pendant toutes les décennies où ils se sont consacré à la terre dans la pénibilité.

L’ananas béninois, un enjeu: 250 milles tonnes espérées cette année

124 mille tonnes d’ananas ont été produites au cours de la campagne 2006-2007. En réalité la production de l’ananas n’a fait que progresser depuis 2002. C’est une filière importante qui d’ailleurs se positionne au rang des cultures retenant l’attention au regard de l’engouement qu’elle suscite au niveau des producteurs, des transformateurs ainsi que des distributeurs.
L’ananas béninois est bien apprécié sur le marché régional et international. Deux variétés sont produites : « la Cayenne lisse » et l’ «Abacaxi ». Les produits de transformation à savoir le jus le sirop, la confiture, l’ananas séché sont exportés vers la suisse l’Espagne et la France sans oublier les pays de la sous région ouest africaine qui ne cessent d’augmenter leur commande. Tout ceci a galvanisé l’actuel gouvernement qui a clairement exprimé ses ambitions pour la filière .Ainsi pour l’année 2009, la production devra passer à 250 mille tonnes. D’ici l’an 2011, il faut atteindre les 400 mille tonnes ; assurer la transformation d’au moins 50% de la production sur le territoire national.En outre, le niveau d’exportation vers l’Europe doit passer de 2 mille à 20 mille tonnes. En ce sens, de nombreuses actions ont commencé à être menées. Elles concernent l’appui à l’organisation des acteurs à la base ainsi que leur formation. 30 parcelles de démonstrations ont été installées dans les zones de production comme le sud et le centre du pays. On peut également évoquer l’acquisition de plus d’un million de rejets de Cayenne lisse pour la vulgarisation de cette variété. La variété de haut rendement dénommé MD2 a aussi été introduite dans la production. Avec le Plan Stratégique de Relance du Secteur agricole dans son volet diversification des filières agricoles, il est clair que l’ananas béninois trouvera son compte. D’autres problèmes attendent d’être résolus. Il s’agit de la non maîtrise du marché régional et international, de la mise au point de formule et de doses d’engrais spécifiques adaptés aux conditions agro écologiques du Bénin, du manque de laboratoire accrédité. L’espoir est tout de même permis vu la volonté affichée du gouvernement de faire de cette filière une des plus pourvoyeuses de devise .

Relance du secteur agricole au Bénin :Accroître la production pour une autosuffisance alimentaire

L’économie béninoise souffre du manque de ressources internes. L’ambition est pourtant de pouvoir compter sur nos propres forces comme le dit l’adage. Dans cette dynamique, le Ministère de l’Agriculture de l’Elevage et de la Pêche a pensé qu’il peut apporter sa contribution à mobiliser des ressources propres pour des investissements. C’est ainsi que le Plan Stratégique de Relance du Secteur agricole a été conçu.

Le principal enjeu est de faire effectivement de l’agriculture la base de l’économie.« Faire du Bénin une puissance agricole dynamique à l’horizon 2025, compétitive, respectueuse de l’environnement, créatrice de richesse et répondant aux besoins de développent économique et social de la population », voilà l’ambition clairement affichée du gouvernement béninois. Ainsi le Plan Stratégique de Relance du Secteur agricole (PSRSA), constitue désormais l’outil d’orientation des investissements dans le secteur.Quatorze stratégies sont retenues pour une agriculture plus articulée avec le marché. Au nombre de celles-ci figure la modernisation agricole. Elle passe par l’approvisionnement et la distribution d’intrants spécifiques, les aménagements hydro agricoles, la mécanisation agricole adaptée, le développement des infrastructures de stockage et de transformation. Dans le cadre de la mise en œuvre de cette stratégie, la mécanisation agricole prend corps petit à petit avec l’achat de tracteurs et de motoculteurs pour les producteurs. Une tournée nationale actuellement en cours permet de remettre à chaque département le lot de matériels qui lui revient quitte à ce qu’il descende au niveau des producteurs dont le choix répond à des critères bien définis.Améliorer les productionsL’autre stratégie non moins importante est la promotion de la diversification agricole. Déjà à ce niveau, des objectifs de production ont été fixés u niveau de chaque filière pour cette année 2009.Par exemple, la production du coton graine devra atteindre 325 000 tonnes, les noix d’anacardes, 75 000mille tonnes, le Maïs, 1 million quarante mille tonnes, le riz, 115 mille tonnes, les produits maraîchers, 271 000 milles tonnes. De même, la production animale et halieutique devra aussi s’améliorer. La viande toute espèce doit atteindre au cours de cette année, 71 000 mille tonnes, les œufs, 13 500 tonnes, le poisson 51 tonnes, les crevettes 820 tonnes, pour ne citer que ceux là. En ce qui concerne les produits halieutiques plus particulièrement, il est envisagé de réduire de 20% les importations en poisson et de porter le niveau d’exportation des crevettes actuellement de 700 tonnes à 900 tonnes.D’autres stratégies sont relatives à la mise en place d’un mécanisme de financement de l’agriculture et la maîtrise de la variation inter saisonnière des flux des produits et de leurs prix.Des réformes à poursuivreBeaucoup d’actions ont été déjà entreprises avant la mise en place du Plan Stratégique de Relance du Secteur agricole. Aujourd’hui plus que jamais, il s’agit de poursuivre ces réformes. Elles concernent le renforcement des capacités et l’amélioration de la gouvernance des structures déconcentrées du MAEP ; la poursuite de la réforme de la filière coton dans une approche plus globale ; la définition d’un accord cadre de partenariat public privé.Comme on le voit, faire du Bénin une puissance agricole d’ici l’an 2025 n’est pas une ambition démesurée. Le gouvernement essaye d’ailleurs de mettre à la disposition du ministère de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche des ressources financières importantes pour atteindre cet objectif.Trois défis majeurs doivent être de ce fait atteints : arriver à couvrir les besoins alimentaires et nutritionnels des populations, améliorer la productivité et la compétitivité du secteur agricole et rural ; améliorer l’attractivité des activités agricoles et du milieu rural. D’autres enjeux sont à ajouter. Ils concernent la nécessité d’ouverture sur les marchés extérieurs et l’exploitation optimale des potentialités disponibles. Résolument, le Bénin poursuit sa marche vers la révolution agricole et entend profiter du fruit de ses efforts.

vendredi 3 avril 2009

Ulcère de Buruli : maladie négligée, recherche négligée

Le sommet de Cotonou sur les maladies tropicales négligées a permis de s’apercevoir d’une chose : Malgré les avancées faites au cours de la dernière décennie en matière de prise en charge des malades, il y a encore beaucoup à faire en matière de recherche pour mieux cerner les facteurs de développement de la maladie.
Du 30 mars au 3 avril 2009, plus de 300 experts, décideurs et chercheurs ont travaillé ensemble sur la façon de faire front à l’Ulcère de Buruli qui demeure énigmatique.

Jusqu’à ce jour, il est encore très difficile de connaître en Afrique où se trouve le Mycobactérium Ulcerence, responsable de la maladie et la façon dont cette bactérie se transmet à l’homme.

Un chercheur australien à Melbourne, le Docteur Tim Stinear présent à Cotonou s’est à juste titre indigné en ces termes : « On est forcément en retard, il faut accélérer la recherche. La bactérie responsable a été découverte en 1948, 60 ans plus tard les deux questions principales sont sans réponse ».

Le problème aussi c’est que le mode de transmission et le comportement de la bactérie ne sont pas les mêmes dans les zones endémiques selon que l’on se trouve en Afrique ou ailleurs.
Le Professeur Paul Johnson de Austin Hospital de Melbourne, a expliqué qu’en Australie la bactérie a été localisée chez les animaux, or ces animaux ne se retrouvent guère en Afrique, ce qui laisse privilégier la nécessité de faire des tests.

Arriver à vaincre la nébuleuse est la principale préoccupation des laboratoires et centres de recherches sur la maladie.

A l’Institut des médecines tropicales à Anvers à Belgique, une chercheuse Miriam Eddyani fait remarquer que des comparaisons sont faites entre la bactérie prise dans l’environnement et celle portée par des patients afin de connaître avec exactitude le mode de transmission.

Malgré tout, il y a des zones d’espoir qui permettent de miser sur des résultats, car « le génome complet de la bactérie a été décrit, et il y a quelques années c’était inimaginable » s’est réjouie Miriam Eddyani.

Le traitement au moins respire

En Afrique de l’Ouest, la Côte d’ivoire totalise le plus grand nombre d’affections avec 2000 cas par an. Sur la liste s’alignent par la suite des pays comme le Bénin et le Ghana avec environ 1000 cas dans l’année. Ces chiffres auraient suscité le désespoir il y a plus de 10 ans au moment où on ne recourait qu’à la chirurgie pour sauver la vie des patients.

Aujourd’hui, il y a un régime de traitement recommandé par l’Organisation mondiale de la Santé, OMS et associant deux antibiotiques, l’un injectable, le Streptomycine, et l’autre administré par voie orale à savoir le Clarithromycine.

« Des chercheurs entreprennent d’autres types de recherches pour parvenir à un antibiotique par voie orale uniquement », a informé Miriam Eddyani du Laboratoire d’Anvers à Belgique.


Le Docteur Didier Yao Koffi du Programme national de Lutte contre l’Ulcère de Buruli en Côte d’ivoire continue d’ailleurs à ce sujet de s’interroger : « est-ce qu’on peut arriver à un traitement uniquement par voie orale ? ».

A ce stade du traitement à l’antibiotique, il faut 56 jours pour réussir l’opération, « ce qui est trop » selon le Docteur Koffi.

Un vaccin propre ?

La problématique du vaccin se présente comme un autre grand défi lancé à l’ensemble des acteurs impliqués dans la lutte contre l’Ulcère de Buruli. Pas de vaccin propre pour prévenir de la maladie dans les zones touchées.
Même s’il y a une volonté dans ce sillage, le monde de la recherche semble ne pas se faire d’illusions à ce sujet. Rien ne se fera maintenant et tout de suite, car il faudra beaucoup d’argent et aussi suffisamment du temps pour y aboutir.

« Pour le moment les enfants sont vaccinés par le BCG (vaccin anti tuberculeux) ce qui donne une protection contre les formes graves de l’Ulcère de Buruli. Un vaccin propre n’aiderait pas sauf s’il contient un mécanisme nouveau. Pour l’heure, il n’y a pas beaucoup d’espoir » a informé Miriam Eddyani.

Pour le Professeur Paul Johnson de Austin Hospital de Melbourne, « aucune étude ne permet réellement de juger de l’efficacité du BCG, ce vaccin marche peut être mais pas pour longtemps et le temps de protection est assez court. Il y a aussi un problème de coût et il faut à long termes craindre les effets secondaires »

Pourtant, il y a bien une solution, c’est le diagnostic et le dépistage précoces de la maladie, comme l’a préconisé le Docteur Yves Barogui du Centre de dépistage et de traitement de l’Ulcère de Buruli de Lalo, une localité du Bénin.

« La gravité de l’Ulcère de Buruli n’est pas liée à la morbidité (à peine 2%), mais les séquelles qu’elle laisse. On s’est fixé comme objectif que 5% des malades guérissent sans séquelles, car quand on dépiste on n’a pas besoin de faire de la chirurgie », a-t-il précisé.

L’engagement politique est attendu dans la bataille, et le sommet de Cotonou a notamment permis aux dirigeants africains de saisir la perche tendue par la communauté scientifique et médicale. Ce d’autant plus que la Déclaration de Cotonou a insisté entre autres sur l’appui politique à donner pour le renforcement des capacités des laboratoires nationaux.


Godefroy Macaire CHABI

BENIN : L’infanticide rituel, un fléau du nord du pays

Mohamed Alidou, la cinquantaine, dirige depuis plus d’une dizaine d’années son ONG « Association pour la protection de l’enfance malheureuse », APEM, intervenant dans le Nord du Bénin. Mais il n’a constaté aucune grande évolution dans la façon dont les populations de cette partie du pays abordent la question de l’infanticide rituel.

« Malgré nos sensibilisations et nos campagnes, ça se poursuit et le phénomène n’a guère diminué, nous nous demandons pourquoi les gens ne comprennent pas », a déploré Mohamed Alidou, le regard rempli d’amertume.

Pourtant, la pratique de l’infanticide rituel, a-t-il expliqué, constitue un véritable crime contre l’espèce humaine.

M. Alidou a laissé entendre à Irinnews que la pratique a cours principalement dans les milieux BOO, Baatumbu et Peul.

« Dans les communes de Ségbana et de Kalalé (des communes du Nord), de témoignages émouvants confirment le massacre d'enfants dans ces localités. Beaucoup d'hommes âgés aujourd'hui de plus de 50 ans ont pu échapper à l’exécution de la sentence sociale. »

Pour M. Alidou, « beaucoup d’enfants ont été sauvés par un Chef traditionnel, Omar KY-SAMA, qui les avait récupérés, et leur a redonné le goût de la vie. Ils vivent aujourd'hui en paix à Ségbana formant un grand quartier au tour de l'ancien site royal. »

« D’autres enfants doivent leur vie au Peul qui ont bien voulu les garder ou aux enseignants alors en poste dans la localité de ségbana. Même sauvés et adulte ils traînent avec eux les préjugés néfastes d’enfants sorciers », a poursuivi M. Alidou.

Les formes d’infanticide rituel

Il ya près de huit façons de tuer l’enfant sur lequel pèsent des préjugés dans ces milieux.

M. Alidou a cité des cas d’égorgements, de noyade, d’empoisonnement, d’envoûtement.

A ce registre, a t-il fait remarquer s’ajoutent des cas de privation alimentaire, de fracas de la tête, d’abandon de l’enfant à un endroit isolé jusqu’à ce qu’il meurt sans aucun soutien.

« Quelle que soit la forme employée, le but recherché est toujours le même, à savoir l'élimination physique pure et simple de l'enfant. »

Le plus souvent, a informé M. Alidou, il s’agit d’une pratique secrète et les bourreaux chargés de la sentence ne sont pas connus de la population.

Mais en règle générale, a-t-il dit, lorsqu’un guérisseur fait un mauvais rêve sur un enfant, ses parents n’hésitent pas dans ces milieux à décider de sa tuerie.

Mais il est bien possible selon lui que derrières de telles allégations se trouvent des raisons de jalousie développée à l’endroit des parents de l’enfant
Sorciers

Les bourreaux se comptent le plus souvent parmi les oncles, les parents proches, le conseil de famille et les féticheurs, informe Victor Akpovi, journaliste et auteur d’un magazine sur l’infanticide rituel.

Embrigadés par la tradition et enfermés dans des mentalités rétrogrades, les pratiquants désignent les enfants victimes de l’infanticide par des termes souvent courants dans ces milieux à savoir :"sorcier qui boit le sang humain". C'est aussi le "mangeur d'homme" , "le malfaiteur" ou l’enfant maudit.

Des préjugés socio-culturels

Dans les sociétés du Nord Bénin, la pratique de l’infanticide rituel repose sur des considérations d’ordre culturel, a affirmé M. Alidou.

Les raisons pour lesquelles un enfant est condamné à mort dans ces sociétés du Nord-Bénin par ses propres géniteurs mort sont nombreuses.

M. Alidou a évoqué la naissance avec les dents, la naissance sans cris de l’enfant, la présentation des fesses à la naissance, la présentation des pieds à la naissance, la présentation de la face contre le sol, l’enfant sourd-muet.

Une pluie d’explications

Selon Ya Mouda, une vieille de 70 ans, ces caractéristiques retenues par la société comme étant des malformations ont un sens.

Elle a indiqué à Irinnews que par exemple que « l’enfant qui naît avec la dent est considéré comment venant au monde pour "dévorer" des êtres humains, surtout s'il s'agit d'une fille, elle tue tous ses parents maternels y compris sa propre mère. S'il s'agit d'un garçon, il tuera toute sa famille paternelle en commençant par son père ».

Par ailleurs, elle a expliqué que l’enfant qui présente les pieds à la naissance atterrit sur le monde et prêt à la dominer.

Conséquences dramatiques

Les conséquences sont nombreuses, et M. Alidou Président de l’APEM a notamment souligné les impacts négatifs au niveau individuel et familial avec la possibilité d’une réduction des membres de la famille.

Par ailleurs, selon lui l’infanticide pose un problème de santé publique qui se perpétue dans le pays.

Dans un autre sens, il n’a pas manqué de mentionner l’accroissement du taux de mortalité infantile dans les zones endémiques.

« Nous n’avons pas les chiffres exacts, mais il n’est pas exclu que ce phénomène participe à la mortalité infantile », a-t-il dit.

A Bori, un village du Nord-Bénin, M. Alidou a informé que plusieurs enfants sont encore chez les guérisseurs sous prétexte qu'ils sont "mal nés".
« Ces enfants n'ont pas l'aspect des enfants de leur âge qui sont bien nourris. » a-t-il précisé

Godefroy Macaire CHABI

BENIN : PATRIMOINE CULTUREL

Sauver absolument les archives de radio et de télévision

L’UNESCO a avancé il y a quelques années un chiffre qui donne le vertige : 800 millions d’heures de radio et de télévision sont en danger sous l’effet de plusieurs facteurs. Malgré cela, on n’a pas le sentiment que les choses ont évolué. Car dans de nombreux pays la gestion des archives audiovisuelles reste et demeure un luxe auquel les politiques de développement ne veulent guère souscrire. Ce qui veut tout simplement signifier que la sortie de l’auberge est encore loin pour ces documents porteurs de l’histoire et du vécu des peuples.
Dans les pays du Nord, à quelque exception près, l’indifférence des premières années est en train de céder progressivement la place ces dernières années à une grande solidarité en faveur de ces documents. Ce qui explique, à titre indicatif, la mise en œuvre d’outils technologiques à l’échelle européenne autour desquels sont serties des actions de conservation, de préservation et de sauvegarde.

Puisque l’enjeu est bien à ce niveau, sauvegarder les documents anciens, témoins de la culture des peuples.

L’Institut National de l’Audiovisuel, INA en France a reçu la lourde responsabilité de sauver et d’entretenir plusieurs décennies de radio et de télévision au bénéfice de toute la population française, et notamment dans le grand intérêt de la jeune génération et de la postérité.

Pour la Francophonie, nous sommes en face d’un facteur de diversité culturelle. Cette conviction veut souligner en toute objectivité l’activisme de l’organisation et sa totale implication dans les nombreuses réflexions autour de la sauvegarde.
L’Afrique et l’Asie semblent la plus grande préoccupation dans cette messe d’actions et de projets pour les archives. La mise en œuvre du modèle de numérisation AIME, conçu avec l’aide du Conseil International des Radios et Télévisions d’Expression Française, CIRTEF est symptomatique de cette vision de développement de l’OIF autour du patrimoine audiovisuel. Dans plus d’une dizaine de pays africains dont le Bénin, un travail a commencé. Malheureusement, il ne saurait remplacer les énormes pertes récoltées dans le fond archivistique de ces pays.

Bénin : comment rattraper ce passé?

Toute la question est là. Mais très peu de personnes se la posent. Les archivistes, documentalistes, acteurs en première ligne de la préservation assurément mis en minorité en raison de la dévalorisation de leurs activités ne croient plus tellement à la chose. Difficile d’évaluer avec précision le capital archivistique du Bénin, tant la quasi-inexistence d’un système de gestion pose problème. En outre, beaucoup de documents ont disparu sous l’effet de plusieurs facteurs : négligence, facteurs climatiques, manque de moyens, pénurie de ressources humaines spécifiquement formées.

En l’absence d’indicateurs fiables, on estime dans ce pays à près de 100 000 heures, les pertes enregistrées dans le secteur. Sinon, comment concevoir que moins de 20 ans après, il soit aussi difficile de reconstituer les archives de la Conférence nationale de Février 1990 ? A qui la faute, lorsque la prise de conscience au niveau des professionnels des médias eux-mêmes n’est pas observable et ne préfigure aucun espoir.
Justement, l’espoir ne peut être redoré que sur la base d’un Plan d’espoir en faveur des archives audiovisuelles, déconnecté des autres documents, et qui engage les efforts constants de l’Etat, souligne la responsabilité des acteurs des médias tant du secteur public que privé et aboutit à un projet structurel conçu pour renforcer le suivi des engagements. Ce Plan doit être véritablement conçu comme un instrument-clé de sauvetage immédiat.

Au Bénin, nombre de personnes détiennent des fonds privés, et il est utile de les « associer au sacrifice » pour la quête de l’histoire. Actuellement, les pistes suivent très peu cette direction. Or, il est important d’y recourir en instaurant la réflexion sur les aspects connexes auxquels cette solution fait appel. C’est par exemple la question des droits, dans le sens où il faut rassurer les vrais propriétaires sur la paternité de l’œuvre.

Evitant la disparition totale de son trésor audiovisuel, le Cambodge miné par plusieurs années de guerre a trouvé une formule de perpétuation dans la création d’un Centre National de Ressources Audiovisuelles. Un cadre de fixation et de sécurisation qui donne vie aux documents à travers un dispositif de consultation et d’exploitation.

Le Plan d’Espoir auquel nous faisions référence doit être en mesure de dégager la création d’un cadre de conservation et de consultation dans ses finalités. Ce qui va alors obliger les acteurs impliqués à être plus attentifs à la sauvegarde, condition indispensable à l’enrichissement continu des fonds.

Mais encore faudrait-il qu’il y ait suffisamment de volontés pour y arriver.

Numériser…numériser encore, mais numériser l’essentiel

On ne le dira jamais assez. La numérisation des documents d’archives représente la solution face au péril qui menace les contenus des archives audiovisuelles. Son intemporalité comparée à la caducité des modèles technologiques jusque là utilisés constitue un argument de taille sur lequel les esprits les plus controversés s’accordent. Même si les pays riches ont du mal à s’en sortir en raison du coût élevé de l’opération, c’est Emmanuel Hoog, PDG de l’INA qui affirme que la solution passe indubitablement par là. Pour les pays du Sud, un peu en retrait du continent numérique, ça peut paraître difficile comme approche. Difficile, mais pas impossible.

L’essentiel se situe dans la planification et la méthode. Voilà pourquoi, il faut axer la démarche sur les supports à moindre coût et les critères de sélection des contenus.

Le CD et le DVD d’après certaines études ont une durée de vie d’au moins 100 ans. A certains égards, il est possible de leur faire confiance. Dans beaucoup de pays riches, ces supports sont sélectionnés et servent toujours à la conservation.

Par ailleurs pour minimiser les faramineux coûts, il est illusoire de prétendre tout numériser. Seuls les documents ayant une valeur historique, culturelle et présentant un caractère unique sont à privilégier, si l’on veut atteindre l’objectif éducatif et culturel relié au patrimoine audiovisuel.

Godefroy Macaire CHABI

GBEHANZIN, le rêve inachevé (Film Documentaire en compétition, BENIN, 2007, André Marie Johnson)

Sentiment d’intemporalité

Pour les classes d’histoire, André Marie Johnson constitue ainsi une bonne référence, disons un excellent livre. De la première ligne jusqu’à la dernière, on revisite un homme d’une grande splendeur, d’une touche particulière et d’une projection futuriste abrégée par le temps. L’histoire d’un Roi de l’ex Royaume du Danhomè qui a opposé une solide résistance à la pénétration coloniale. Le partage de la Conférence de Berlin de 1885 n’est pas de son goût. Mais les choses ne se passeront pas comme il l’aurait voulu.
Les chercheurs en sciences sociales, traditionalistes qui prêtent leurs voix apparaissent déjà sous les dehors du monarque. Des témoignages d’une éloquence recherchée avec Elikia Mbokolo, Aimé Césaire, Jean Pliya qui se partagent avec brio le visage du personnage central.
On voit que GBEHANZIN est plus qu’un roi, mais une étoile qui devrait illuminer de sa pensée et de son regard tout un peuple et le conduire vers l’épanouissement collectif qui était son seul souci. La brisure de son rêve n’est elle pas en elle-même un marqueur de sa profondeur existentielle. GBEHANZIN n’aimait pas l’injustice, et c’est ainsi que se résume tout le fondement épistémologique de son combat lapidaire et précaire. Le documentaire nous démontre que pour ses interlocuteurs, il était quasiment meilleur de le circonscrire rapidement, avant qu’il ne devienne dangereux.
La sanctuarisation de l’héroïsme apparaît comme le fil d’Ariane de ce documentaire qui part de GBEHANZIN pour attirer l’attention sur quantité d’autres figures de proue d’Afrique et d’ailleurs qui tombent remarquablement dans l’oubli collectif. C’est donc une invite au devoir de mémoire et à l’évitement de l’oubli qu’on peut déceler entre les lignes de ce film.
La variation des espaces de tournage (Martinique, Algérie, Bénin, France) constitue une traçabilité complète de l’engagement d’un personnage imbu de sa personnalité à mesure que grandit en lui le sentiment d’une injustice qu’il n’a pas réussi à résorber.
Ce documentaire va marquer tout le monde non point pour faire plaisir à l’auteur, mais parce que ce dernier aussi a eu le trait de génie de trouver la bonne âme pour ce travail qui mêle de nombreuses techniques documentaires pour élaborer le message.

Godefroy Macaire CHABI

L’affiche du film : Renvoi ou trompe l’œil ?

Qu’on se le tienne pour dire ! L’affiche du film va avoir à jouer davantage un rôle majeur dans le corpus de réflexion cinématographique et va réussir à s’imposer comme un poste clé dans la compréhension et l’exégèse de l’œuvre. Ces 10 dernières années, les cinéastes africains semblent en avoir cerné tout le sens et le contenu. Ce qui les oblige à voir dans l’affiche plus qu’une formalité à laquelle tout réalisateur ou producteur doit souscrire.
L’âme de cet élément transcende selon des professionnels la signification de la bobine et veut être le premier lien intimiste entre le public et l’œuvre.
Le caractère généralement insidieux et « l’effet communication » engendré par cet outil ne saurait être un prétexte à quelque complaisance que ce soit. L’affiche n’est pas ici entendue comme ce qu’on met en place lorsqu’on a fini l’essentiel. Elle représente aussi cet essentiel et son abord devrait appeler de la part de la chaîne de production plus de professionnalisme et de génie pour accoucher d’un idéal cinématographique clair, synthétique et représentatif. En réalité, l’affiche est une schématisation de l’œuvre et devrait procéder d’un langage intelligible, structuré et synergique avec le produit.
C’est en observant le caractère représentatif de l’affiche qu’un grand théoricien à l’image de Godart a pu dire que tout part de là et tout y converge. Le cinéma africain de la dernière décennie dans sa phase de développement et de raffermissement semble malgré sa volonté privilégier la beauté plastique voire industrielle de l’affiche là où les aînés des premiers jours se concentraient sur le message. Une tendance à renverser si l’on veut aller dans la direction d’un cinéma global.
A cette 21ème édition du FESPACO, et pour la première fois, un Prix de l’Affiche du film sera décerné. La joie de voir en cela un encouragement de la collaboration artistique semble doublée d’un sentiment de réserve pour ceux qui craignent de voir le génie de l’auteur négligé au profit d’une esthétique industrielle, qui malheureusement aveugle encore littéralement le cinéma africain.


Godefroy Macaire CHABI

CŒUR DE LION, Boubakar Diallo (Burkina Faso)

Au cœur de l’esclavage

Quel est ce lion qui sème autant de panique et de zizanie dans le village ? Samba semble le plus préoccupé, car il n’a aucune intention de lui confier le sort de son bétail. Il va à la recherche du fauve, mais se voit subtiliser sa queue par Tanko le chasseur qui se tient dans la brousse au bon moment. Rien maintenant ne prouve à personne, même pas à sa femme que Samba a été capable d’une si grande prouesse.
Avouons que Boubakar Diallo, le réalisateur provoque un effet « cheval de Troie » ou « trompe l’œil » dans ce film qui traite principalement de l’esclavage, mais qui a le don de distraire tout au début.
Rapidement après la psychose passagère du lion affamé, les villageois semblent moins préoccupés par les vaches qui meurent que par les hommes et les femmes qui disparaissent, les assassinats fréquents, les hommes enchaînés dans la forêt, les jeunes filles soumises aux appétits sexuels des négriers adoubés par Kouta, le Chef de village. Ce dernier plus fasciné par l’appât du gain facile et prêt à toute concession, même les plus sordides, replonge dans l’image de l’Africain complice de l’horreur : la traite négrière.
Comment qualifier un berger qui traque avec si tant d’allant et d’ardeur un lion ? A travers Samba, c’est le courage rigide de ces africains, accrochés à leur fierté et à la défense de la conscience collective que le réalisateur nous montre. « Lorsque le lion s’attaque à ma vache, je deviens chasseur » a déclaré Samba.
On voit bien que pour combattre le mal, « l’homme bon » peut rapidement devenir méchant et imprévisible, au point où il devient facile de faire passer la crinière du lion à Samba plutôt qu’au lion lui même. Ce glissement de l’image bucolique et attachant du berger vers une réalité beaucoup plus agressive et acrimonieuse laisse le soin au spectateur de deviner que le réalisateur traite d’une réalité assez grave dans ce film.

Mais ce film fait appel à un complément évolutif qui s’est uniquement joué dans l’imaginaire de Boubakar Diallo, avec le scénario en échec des négriers qui malgré tout l’investissement n’ont pu faire passer les captifs. Aurions-nous pu imaginer cela il y a plus de 400 ans en pleine traite négrière. Il y a ainsi comme une envie non assouvie de l’auteur qui aurait voulu voir dans l’esclavage, une victoire des faibles sur leurs bourreaux. Aurait-on pu recréer l’histoire jusqu’à ce point ? En 92 minutes, ça risque franchement d’être irréaliste et fantaisiste…. Il aurait fallu que le réalisateur ne traitât que de l’amour pour paraître pertinent et moins vague dans ses approches. Malheureusement moult sentiments s’entrecroisent dans ce cinéma (la méchanceté, la vengeance, la haine, le surcroît de personnalité) où une fois encore l’Afrique est montrée dans un grand classique digne d’un bon film africain de la fin des années 90.




Godefroy Macaire CHABI