mercredi 29 septembre 2010

Festival international du Film Black de Montréal (22 septembre au 03 octobre 2010)

A l’unisson

Godefroy Macaire CHABI

Jusque là dédié au cinéma caribéen, le Festival international du film haïtien qui devrait être à sa 6ème édition en 2010 s’est mué depuis le 22 septembre dernier en Festival international du Film Black de Montréal.

Les raisons sont assez simples et frappées d’un minimum de logique et de clarté. Pour les organisateurs en effet, le sentier était étroit car la version initiale du festival ne déroulait le tapis qu’aux films d’Haïti, les autres films malgré l’envie des réalisateurs de les y voir ne respectaient pas les critères géographiques imposés par le règlement. Que ne furent pas alors les frustrations de Fabienne Colas, Présidente du Festival face à ce qui s’assimile à du gâchis doublé d’injustice.

La 6ème édition vient alors corriger le tir.


Place au cinéma noir américain


Le cru semble tout de même intéressant : 128 films venus de 25 pays avec une brochette impressionnante de production noire américaine. Pas moins d’une soixantaine. Exemple-clé : sur 25 longs métrages de fiction, 11 proviennent des USA. Dans les autres catégories, il est facile de dénombrer une bonne cinquantaine de productions et coproductions noires américaines.

Ce phénomène, après toute analyse, semble normal et devra se confirmer pendant quelques années encore au regard de la récence et de la fraîcheur de l’ouverture de ce festival à l’ensemble des films black de la planète. Les choses mettront du temps à se mettre en place à ce niveau. La proximité géoculturelle de l’Amérique noire avec les Caraïbes semble se matérialiser dans cette course des premiers pour saisir l’opportunité de l’ouverture du festival.

Pour les réalisateurs africains, il y a encore de nombreuses places à gagner. Quelques films sud africains à l’image de Skin d’Anthony Fabian qui passe en tomber de rideau, Adera de Nega Tariku, des documentaires sur la lutte anti apartheid en Afrique du Sud, sur le génocide au Rwanda (par exemple « Mon voisin, mon tueur » de Anne Aghion), sur la culture Akan de Côte d’ivoire avec Jordi Esteva qui signe « Retour au pays des âmes » et plusieurs courts métrages venus d’Ouganda, Cameroun, Sénégal, Ghana, Mozambique.

En gala d’ouverture, un film tourné en Afrique par le néerlandais Jean Van de Velde, l’Armée silencieuse a suscité l’émoi en présence du réalisateur qui filme la réalité des enfants soldats.

Le festival des «Premières »

Dans le catalogue, pas moins d’une vingtaine de première internationale, canadienne et québécoise dont Disrupt de Jack Luracelli, Breaking up is hard to do de Tabari Sturdivant, Coming correct de Joseph Stovals, Aide-toi, le Ciel t’aidera de Francois Dupeyron pour nous en tenir là.

Cela offre du coup une occasion unique pour le public de les découvrir, car les chances réelles pour que ces films reviennent en salles sont extrêmement minces. Emile Castonguay, le responsable de la programmation en fait d’ailleurs pour cela l’édition la plus impressionnante et la plus époustouflante de l’histoire du festival.

Malgré une saison estivale riche en événements cinématographiques au Québec, une grande partie des films présentés n’ont pu y trouver une carrière. Cela souligne en même temps de plusieurs traits l’importance et la responsabilité que prend le Festival international du Film Black de Montréal d’être le porte flambeau et le porte étendard de l’ensemble de la filmographie black, là où elle dispose de très peu de places.

Politically incorrect

C’est comme cela que l’ont voulu les organisateurs de ce festival. Et ils voudraient qu’il en soit ainsi, « un reflet d’un cinéma qui ne cesse de bouger, un cinéma au pas avec les réalités actuelles d’un monde qui évolue si vite ». Fabienne Colas, la Présidente ne s’en est pas contentée. Elle pense que c’est l’occasion d’aborder des sujets et présenter des œuvres qui interpellent, qui provoquent, qui font sourire, qui laissent perplexe, qui font réfléchir et qui choquent ».

Et cela semble quand même bien parti vu le caractère polysémique et parfois fâcheux des problématiques abordées. Une liberté de ton qui n’aurait pas trouvé d’adeptes dans certains milieux encore fermés au débat sur le racisme, l’homosexualité, l’amour contre nature, la quête de l’acceptation, la liberté……

L’armée silencieuse, film de Jean Van de Velde (Hollande)

« Appelez- moi Daddy » dans la violence

Godefroy Macaire CHABI

A vrai dire, en tant que critique du cinéma africain, j’ai toujours eu envie par moments de voir un autre cinéma à l’écran. Avec Jean Van de Velde, je peux dire que c’est fait. Pour tous ceux des cinéphiles qui n’ont aucun état d’âme face à l’horreur, il faudra y songer. Probablement, les réalités décrites n’ont pu donner un autre choix au réalisateur que celui de la violence.

Le contexte est quand même à préciser : l’Ouganda est en proie à la rébellion, et pour combattre les troupes régulières, les rebelles ont trouvé l’idée de puiser leurs combattants parmi les enfants captifs. Ceux-ci ont déjà tué leurs pères, ont vu leurs familles décimés par les attaques rebelles. Ils ont coupé des têtes et des bras sous la contrainte de l’assaillant. Retranchés dans la jungle sous le régime de terreur de Michel Obéké, ancien Ministre de la défense devenu patron de l’Armée sainte de libération nationale, ils sont de véritables machines à tuer. Sachant monter les kalachnikovs les yeux fermés, tirer des grenades sans pitié, ils sont le symbole d’une enfance poussée à la perdition hâtive. Leurs regards innocents sont aussi le témoin silencieux de la honteuse transaction entre le diamant et les armes au milieu de la jungle viabilisée.

Jean Van de Velde fait il autre chose que Jean Stéphane Sauvaire dans Johny Mad Dog et Newton Aduaka dans Ezra? Sur le fond, c’est très facile de répondre par la négative, même si d’un point de vue formel il peut être évident que dans l’armée silencieuse, les choses, ne serait-ce que sur le plan artistique et scénique, me semblent plus graves que dans les deux précédents films qui empruntent le même couloir.

Ce film semble tout simplement habité par l’envie de recréer une réalité à laquelle malheureusement l’humanité est habituée depuis plusieurs décennies déjà, rien qu’en regardant en direction de la Sierra Leone, du Liberia et tutti quanti. Mais le réalisateur pense, peut être, attirer plus l’attention vers son cinéma en se faisant grave, en forçant le trait et en élargissant l’horizon sur un secret de polichinelle. Avouons qu’il n’en avait pas besoin.

Le visage assombri par la peur, le désarroi et l’embarras des adolescents qui retrouvent malgré eux un nouveau papa, alors qu’ils ont déjà perdu les leurs suffisait. « Appelez-moi Daddy », martelait avec cynisme, le Chef rebelle, Obéké.
L’effet psychologique exercé sur sa « troupe » par ce dernier suffisait à lui seul pour rendre compte de l’univers mélodramatique de ces enfants et de l’injustice à laquelle ils étaient soumis.

Ce qui gêne dans ce cinéma, c’est l’impression que le téléspectateur a de confondre le vrai héros du film. Si l’obsession du réalisateur a été effectivement de s’apitoyer sur le sort des enfants, dont le petit Abu n’est que le prototype, il élargit trop l’entonnoir sur des personnages dont on ne peut dire s’ils sont des personnages centraux ou des personnages secondaires. Très peu de personnes ont fait de la figuration dans ce film, hormis le passage très éclair de l’épouse de Edouard, le restaurateur blanc, lui-même logé au centre du scénario pour finir par servir de fil rouge.

Peut être le réalisateur a-t-il éprouvé de la difficulté à se détacher de lui-même, de sa propre personnalité et a essayé assez subtilement de nous ramener vers l’étiquette du blanc, sauveur du noir.

Edouard n’a-t-il pas réussi là ou même le pouvoir africain a échoué en sauvant in extremis Abu qui avait plus sa place au milieu des siens que dans la jungle ou son seul langage était celui des armes?

Le film par moments questionne, responsabilise, montre la nécessité de l’action versus le silence coupable qui caractérise les acteurs locaux. Edouard est le viatique qui incarne ce besoin de lutte et de renaissance.

Pour violent qu’il puisse paraître, on n’a pas à trop s’en plaindre, l’Armée silencieuse, comme film semble quand même promis à un bel avenir. Il n’est pas exclut qu’il soit nominé aux Oscars 2010.

mardi 21 septembre 2010

Après l'énergie, l'eau

Par Godefroy Macaire CHABI

C'est une logique de la vie me diriez-vous...Mais d'aucuns pourraient aussi affirmer qu'il s'agit d'un hasard de calendrier. Mais la réalité, c'est qu'après le Congrès mondial de l'énergie qui s'est déroulé à Montréal la semaine écoulée, une autre rencontre d'envergure s'est ouverte depuis le 19 septembre 2010 au même endroit à savoir le Congrès mondial de l'eau. Organisé par l'Association internationale de l'eau, ce Congrès r,unit pas moins de 4000 spécialistes du secteur de l'eau venus de 130 pays.

Essentiellement des responsables chargés de la gestion du secteur de l'eau, des acteurs de la recherche en matière d'eau et d'assainissement, ils poursuivent la réflexion sur les chantiers initiés depuis plusieurs décennies autour des questions-clés que sont: la gestion de l'eau, la sécurisation des ressources, les écosystèmes, le traitement des eaux usées.

Le défis sont énormes notamment dans les pays en développement. Et il n'est pas exclut que les solutions scientifiques et technologiques proposées à Montréal puissent intégrer le statut de ces pays.

Le Congrès de Montréal est d'ailleurs à cette fin celui du développement et de la mise en commun des technologies inventées un peu partout afin de susciter un intérêt accru pour la question de l'eau.

Des acteurs africains coordonnées par l'Association africaine de l'eau présents à ce Congrès entendent faire de ce rendez-vous un pas supplémentaire dans la recherche de solutions innovantes pour accompagner le secteur de l'eau en Afrique.

lundi 13 septembre 2010

Economie, environnement et énergie: la trilogie du moment

Montréal, Godefroy Macaire CHABI

Le 21ème sommet mondial de l'énergie s'est ouvert dimanche à Montréal avec un aréopage majestueux de leaders de l'industrie énergétique venus des quatre coins de la planète. Près de 6000 selon les statistiques de l'organisation.
L'enjeux de cette rencontre, c'est moins le nombre de délégués que les points au coeur du débat.

Quatre préoccupations majeures sont soulignées pour servir de cadrage aux discussions: accessibilité, disponibilité, acceptabilité, responsabilité.

En clair, les acteurs énergétiques mondiaux doivent inventer la solution et régler le puzzle posé par le Premier ministre du Québec, Jean Charest dès l'ouverture du Congrès à savoir: faire face à la demande énergétique mondiale avec des solutions bonnes pour l'économie, respectueuses de l'environnement et en accord avec la cohésion sociale.

C'est un grand défi, surtout lorsqu'on sait que dans certaines parties du monde, les besoins énergétiques vont s'accroître dans les prochaines années.
Pour l'Afrique, on situe par exemple cela autour de 40% dans les 20 prochaines années. Un casse-tête, alors que les sources alternatives ne sont pas encore suffisament promues faute de moyens.

L'Etat canadien qui se pose en chef de file en matière d'énergie propre entend quand même soutenir les efforts et les volontés. Belle ambition claiement affichée, sauf que les observateurs attendent de le juger à l'acte.

Malheureusement, ce qu'on a appelé "énergies propres" semblent avoir aujourd'hui plus d'adeptes que dans la réalité des choses. A la vérité, les lignes de blocage restent marquées par les limites économiques pour les uns et les impératifs du même genre pour les autres.

Ce qui fait dire à un délégue que c'est l'économie qui nous dira si l'énergie sera propre ou non.