vendredi 3 avril 2009

L’affiche du film : Renvoi ou trompe l’œil ?

Qu’on se le tienne pour dire ! L’affiche du film va avoir à jouer davantage un rôle majeur dans le corpus de réflexion cinématographique et va réussir à s’imposer comme un poste clé dans la compréhension et l’exégèse de l’œuvre. Ces 10 dernières années, les cinéastes africains semblent en avoir cerné tout le sens et le contenu. Ce qui les oblige à voir dans l’affiche plus qu’une formalité à laquelle tout réalisateur ou producteur doit souscrire.
L’âme de cet élément transcende selon des professionnels la signification de la bobine et veut être le premier lien intimiste entre le public et l’œuvre.
Le caractère généralement insidieux et « l’effet communication » engendré par cet outil ne saurait être un prétexte à quelque complaisance que ce soit. L’affiche n’est pas ici entendue comme ce qu’on met en place lorsqu’on a fini l’essentiel. Elle représente aussi cet essentiel et son abord devrait appeler de la part de la chaîne de production plus de professionnalisme et de génie pour accoucher d’un idéal cinématographique clair, synthétique et représentatif. En réalité, l’affiche est une schématisation de l’œuvre et devrait procéder d’un langage intelligible, structuré et synergique avec le produit.
C’est en observant le caractère représentatif de l’affiche qu’un grand théoricien à l’image de Godart a pu dire que tout part de là et tout y converge. Le cinéma africain de la dernière décennie dans sa phase de développement et de raffermissement semble malgré sa volonté privilégier la beauté plastique voire industrielle de l’affiche là où les aînés des premiers jours se concentraient sur le message. Une tendance à renverser si l’on veut aller dans la direction d’un cinéma global.
A cette 21ème édition du FESPACO, et pour la première fois, un Prix de l’Affiche du film sera décerné. La joie de voir en cela un encouragement de la collaboration artistique semble doublée d’un sentiment de réserve pour ceux qui craignent de voir le génie de l’auteur négligé au profit d’une esthétique industrielle, qui malheureusement aveugle encore littéralement le cinéma africain.


Godefroy Macaire CHABI

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