Ils sont plus de quatorze mille jeunes des communes de Malanville et de Karimama qui se sont inscrits pour le programme spécial d’insertion des jeunes dans l’agriculture
La commune de Malanville seule affiche sur sa liste plus de 11 300 jeunes volontaires inscrits dans l’agriculture pour environ trois mille hectares disponibles pour la culture du maïs et du riz. Quand on y ajoute les jeunes de Karimama, la vallée du Niger et de la Sota accueille plus quatorze mille jeunes qui se sont spontanément intégrés dans le programme spécial d’insertion des jeunes dans l’agriculture. Ce programme est né de la nécessité de mettre en valeur toutes les terres cultivables des vallées des principaux cours d’eau à savoir l’Ouémé, le Niger, le Mono et la Pendjari, des bas fonds, des fermes d’élevage, des fermes d’Etat abandonnées les centres de promotion rurales et de toutes plaines inondables. En effet ce programme avait eu pour mission d’accompagner les populations rurales à augmenter la production de produits vivriers. La production nationale de maïs et de riz a augmenté respectivement de 11% et de 36 % dans les communes de Malanville et de Karimama. Les autres départements notamment Zou Collines, Mono Couffo, Ouémé Plateau et Borgou Alibori ont aussi contribué à l’amélioration de la production nationale de vivriers grâce à l’intervention du Puasa qui a expérimenté l’insertion des jeunes comme forces productrices dans l’agriculture avec la mise à disposition d’intrants spécifiques.
samedi 18 juillet 2009
Des centaines de jeunes d’Agonlin prêts à mettre en valeur des milliers d’hectares
Quatre mille hectares, mille hectares, cinq cents hectares, trois cents hectares…Les populations de la région Agonlin à savoir les communes de Covè, Ouinhi et Zagnanado ont mis à la disposition du programme d’insertion des jeunes dans l’agriculture plus de cinq mille hectares.
A Covè les sites de Gbagbassa dans l’arrondissement de Lanta Cogbé et Koussin Lélé et Zounsègo dans l’arrondissement d’Adogbé, ont respectivement rendu disponible quatre mille, 500 et 350 hectares. A Zagnanado, dans l’arrondissement de Houégbo, une vaste étendue répandue sur plusieurs hectares est disponible à cheval sur les villages de Bamè et de Zonmon. Dans la commune de Ouinhi, l’arrondissement de Dasso reconnu dans la région pour ses performances de grenier n’est pas resté en marge. Plus de mille hectares sont concédés pour l’insertion des jeunes dans l’agriculture dans le village de Houanvè-Louakpa. Des centaines d’hectares se trouvent également à Sagon.La disponibilité de milliers de terres fertiles s’accompagne d’une impressionnante mobilisation des jeunes. A Dasso, les jeunes qui attendaient le ministre en travaillant sur les espaces disponibles ont fait part de leur impatience. « Nous ne vous demandons rien d’autre que de nous aider à cultiver et à mettre en valeur nos terres. Nous sommes des cultivateurs et nous voulons travailler pour faire développer notre région et sortir de la pauvreté », ont déclaré avec beaucoup d’engagement les jeunes volontaires pour le programme d’insertion dans l’agriculture. Même engouement pour les volontaires de Zagnanado qui, nourris de foi et d’espoir face à ce programme d’insertion dans l’agriculture, accompagnaient d’applaudissements les explications du ministre au cours de la séance de récapitulation. Les jeunes de Covè ne sont pas restés en marge. Femmes et jeunes gens ont démontré, par leur présence, leur intérêt pour le programme. Ils sont d’ailleurs des centaines à avoir fait enregistrer leurs noms sur les listes des volontaires pour le programme d’insertion dans l’agriculture. A Covè, ils sont actuellement près de 250 contre 200 environ pour Zagnanado et même chiffre pour Ouinhi. On s’attend donc à plus de mille volontaires d’ici peu après le passage du ministre de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche qui a su donner tous les détails sur le projet face à l’intérêt, l’engouement et l’engagement qu’il a constatés sur le terrain.« Le programme d’insertion des jeunes dans l’agriculture mis en œuvre par le gouvernement vise à permettre aux jeunes déscolarisés, aux sans emploi, aux chômeurs, aux diplômés des centres de formation agricoles et à d’autres de travailler la terre et de se nourrir d’elle », a présenté le ministre. En parcourant chaque espace, il a recommandé aux jeunes et aux responsables de centres de promotion agricoles de procéder au dessouchage, afin de permettre aux tracteurs et autres matériels agricoles de travailler en sécurité. Il a mis l’accent sur la sécurisation foncière en exigeant que les espaces soient délimités et que les chefs de villages, les chefs de collectivités donateurs des espaces prennent des engagements écrits et certifiés de la concession afin d’éviter des « conflits inutiles ». C’est après avoir eu l’assurance que les sites communautaires concédés ne feraient pas l’objet de difficultés que le ministre a dévoilé les avantages du programme. Il a notamment mis l’accent sur la mise à disposition de matériels agricoles pour épargner de la pénibilité des travaux champêtres, l’octroi de crédit pour les instants agricoles spécifiques aux cultures vivrières, la disponibilité du marché à travers l’achat des récoltes par l’Office national de sécurité alimentaire pour éviter la mévente, le compartimentage par individu des espaces disponibles selon les capacités et le souhait des insérés. Tout a été expliqué. Quand le ministre de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche a annoncé le critère d’âge de 40 ans, certaines personnes du troisième âge n’ont pas su résister à la jalousie, et suggèrent qu’on leur permette aussi de profiter de cette aubaine qu’ils n’ont encore jamais vu pendant toutes les décennies où ils se sont consacré à la terre dans la pénibilité.
L’ananas béninois, un enjeu: 250 milles tonnes espérées cette année
124 mille tonnes d’ananas ont été produites au cours de la campagne 2006-2007. En réalité la production de l’ananas n’a fait que progresser depuis 2002. C’est une filière importante qui d’ailleurs se positionne au rang des cultures retenant l’attention au regard de l’engouement qu’elle suscite au niveau des producteurs, des transformateurs ainsi que des distributeurs.
L’ananas béninois est bien apprécié sur le marché régional et international. Deux variétés sont produites : « la Cayenne lisse » et l’ «Abacaxi ». Les produits de transformation à savoir le jus le sirop, la confiture, l’ananas séché sont exportés vers la suisse l’Espagne et la France sans oublier les pays de la sous région ouest africaine qui ne cessent d’augmenter leur commande. Tout ceci a galvanisé l’actuel gouvernement qui a clairement exprimé ses ambitions pour la filière .Ainsi pour l’année 2009, la production devra passer à 250 mille tonnes. D’ici l’an 2011, il faut atteindre les 400 mille tonnes ; assurer la transformation d’au moins 50% de la production sur le territoire national.En outre, le niveau d’exportation vers l’Europe doit passer de 2 mille à 20 mille tonnes. En ce sens, de nombreuses actions ont commencé à être menées. Elles concernent l’appui à l’organisation des acteurs à la base ainsi que leur formation. 30 parcelles de démonstrations ont été installées dans les zones de production comme le sud et le centre du pays. On peut également évoquer l’acquisition de plus d’un million de rejets de Cayenne lisse pour la vulgarisation de cette variété. La variété de haut rendement dénommé MD2 a aussi été introduite dans la production. Avec le Plan Stratégique de Relance du Secteur agricole dans son volet diversification des filières agricoles, il est clair que l’ananas béninois trouvera son compte. D’autres problèmes attendent d’être résolus. Il s’agit de la non maîtrise du marché régional et international, de la mise au point de formule et de doses d’engrais spécifiques adaptés aux conditions agro écologiques du Bénin, du manque de laboratoire accrédité. L’espoir est tout de même permis vu la volonté affichée du gouvernement de faire de cette filière une des plus pourvoyeuses de devise .
Relance du secteur agricole au Bénin :Accroître la production pour une autosuffisance alimentaire
L’économie béninoise souffre du manque de ressources internes. L’ambition est pourtant de pouvoir compter sur nos propres forces comme le dit l’adage. Dans cette dynamique, le Ministère de l’Agriculture de l’Elevage et de la Pêche a pensé qu’il peut apporter sa contribution à mobiliser des ressources propres pour des investissements. C’est ainsi que le Plan Stratégique de Relance du Secteur agricole a été conçu.
Le principal enjeu est de faire effectivement de l’agriculture la base de l’économie.« Faire du Bénin une puissance agricole dynamique à l’horizon 2025, compétitive, respectueuse de l’environnement, créatrice de richesse et répondant aux besoins de développent économique et social de la population », voilà l’ambition clairement affichée du gouvernement béninois. Ainsi le Plan Stratégique de Relance du Secteur agricole (PSRSA), constitue désormais l’outil d’orientation des investissements dans le secteur.Quatorze stratégies sont retenues pour une agriculture plus articulée avec le marché. Au nombre de celles-ci figure la modernisation agricole. Elle passe par l’approvisionnement et la distribution d’intrants spécifiques, les aménagements hydro agricoles, la mécanisation agricole adaptée, le développement des infrastructures de stockage et de transformation. Dans le cadre de la mise en œuvre de cette stratégie, la mécanisation agricole prend corps petit à petit avec l’achat de tracteurs et de motoculteurs pour les producteurs. Une tournée nationale actuellement en cours permet de remettre à chaque département le lot de matériels qui lui revient quitte à ce qu’il descende au niveau des producteurs dont le choix répond à des critères bien définis.Améliorer les productionsL’autre stratégie non moins importante est la promotion de la diversification agricole. Déjà à ce niveau, des objectifs de production ont été fixés u niveau de chaque filière pour cette année 2009.Par exemple, la production du coton graine devra atteindre 325 000 tonnes, les noix d’anacardes, 75 000mille tonnes, le Maïs, 1 million quarante mille tonnes, le riz, 115 mille tonnes, les produits maraîchers, 271 000 milles tonnes. De même, la production animale et halieutique devra aussi s’améliorer. La viande toute espèce doit atteindre au cours de cette année, 71 000 mille tonnes, les œufs, 13 500 tonnes, le poisson 51 tonnes, les crevettes 820 tonnes, pour ne citer que ceux là. En ce qui concerne les produits halieutiques plus particulièrement, il est envisagé de réduire de 20% les importations en poisson et de porter le niveau d’exportation des crevettes actuellement de 700 tonnes à 900 tonnes.D’autres stratégies sont relatives à la mise en place d’un mécanisme de financement de l’agriculture et la maîtrise de la variation inter saisonnière des flux des produits et de leurs prix.Des réformes à poursuivreBeaucoup d’actions ont été déjà entreprises avant la mise en place du Plan Stratégique de Relance du Secteur agricole. Aujourd’hui plus que jamais, il s’agit de poursuivre ces réformes. Elles concernent le renforcement des capacités et l’amélioration de la gouvernance des structures déconcentrées du MAEP ; la poursuite de la réforme de la filière coton dans une approche plus globale ; la définition d’un accord cadre de partenariat public privé.Comme on le voit, faire du Bénin une puissance agricole d’ici l’an 2025 n’est pas une ambition démesurée. Le gouvernement essaye d’ailleurs de mettre à la disposition du ministère de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche des ressources financières importantes pour atteindre cet objectif.Trois défis majeurs doivent être de ce fait atteints : arriver à couvrir les besoins alimentaires et nutritionnels des populations, améliorer la productivité et la compétitivité du secteur agricole et rural ; améliorer l’attractivité des activités agricoles et du milieu rural. D’autres enjeux sont à ajouter. Ils concernent la nécessité d’ouverture sur les marchés extérieurs et l’exploitation optimale des potentialités disponibles. Résolument, le Bénin poursuit sa marche vers la révolution agricole et entend profiter du fruit de ses efforts.
vendredi 3 avril 2009
Ulcère de Buruli : maladie négligée, recherche négligée
Le sommet de Cotonou sur les maladies tropicales négligées a permis de s’apercevoir d’une chose : Malgré les avancées faites au cours de la dernière décennie en matière de prise en charge des malades, il y a encore beaucoup à faire en matière de recherche pour mieux cerner les facteurs de développement de la maladie.
Du 30 mars au 3 avril 2009, plus de 300 experts, décideurs et chercheurs ont travaillé ensemble sur la façon de faire front à l’Ulcère de Buruli qui demeure énigmatique.
Jusqu’à ce jour, il est encore très difficile de connaître en Afrique où se trouve le Mycobactérium Ulcerence, responsable de la maladie et la façon dont cette bactérie se transmet à l’homme.
Un chercheur australien à Melbourne, le Docteur Tim Stinear présent à Cotonou s’est à juste titre indigné en ces termes : « On est forcément en retard, il faut accélérer la recherche. La bactérie responsable a été découverte en 1948, 60 ans plus tard les deux questions principales sont sans réponse ».
Le problème aussi c’est que le mode de transmission et le comportement de la bactérie ne sont pas les mêmes dans les zones endémiques selon que l’on se trouve en Afrique ou ailleurs.
Le Professeur Paul Johnson de Austin Hospital de Melbourne, a expliqué qu’en Australie la bactérie a été localisée chez les animaux, or ces animaux ne se retrouvent guère en Afrique, ce qui laisse privilégier la nécessité de faire des tests.
Arriver à vaincre la nébuleuse est la principale préoccupation des laboratoires et centres de recherches sur la maladie.
A l’Institut des médecines tropicales à Anvers à Belgique, une chercheuse Miriam Eddyani fait remarquer que des comparaisons sont faites entre la bactérie prise dans l’environnement et celle portée par des patients afin de connaître avec exactitude le mode de transmission.
Malgré tout, il y a des zones d’espoir qui permettent de miser sur des résultats, car « le génome complet de la bactérie a été décrit, et il y a quelques années c’était inimaginable » s’est réjouie Miriam Eddyani.
Le traitement au moins respire
En Afrique de l’Ouest, la Côte d’ivoire totalise le plus grand nombre d’affections avec 2000 cas par an. Sur la liste s’alignent par la suite des pays comme le Bénin et le Ghana avec environ 1000 cas dans l’année. Ces chiffres auraient suscité le désespoir il y a plus de 10 ans au moment où on ne recourait qu’à la chirurgie pour sauver la vie des patients.
Aujourd’hui, il y a un régime de traitement recommandé par l’Organisation mondiale de la Santé, OMS et associant deux antibiotiques, l’un injectable, le Streptomycine, et l’autre administré par voie orale à savoir le Clarithromycine.
« Des chercheurs entreprennent d’autres types de recherches pour parvenir à un antibiotique par voie orale uniquement », a informé Miriam Eddyani du Laboratoire d’Anvers à Belgique.
Le Docteur Didier Yao Koffi du Programme national de Lutte contre l’Ulcère de Buruli en Côte d’ivoire continue d’ailleurs à ce sujet de s’interroger : « est-ce qu’on peut arriver à un traitement uniquement par voie orale ? ».
A ce stade du traitement à l’antibiotique, il faut 56 jours pour réussir l’opération, « ce qui est trop » selon le Docteur Koffi.
Un vaccin propre ?
La problématique du vaccin se présente comme un autre grand défi lancé à l’ensemble des acteurs impliqués dans la lutte contre l’Ulcère de Buruli. Pas de vaccin propre pour prévenir de la maladie dans les zones touchées.
Même s’il y a une volonté dans ce sillage, le monde de la recherche semble ne pas se faire d’illusions à ce sujet. Rien ne se fera maintenant et tout de suite, car il faudra beaucoup d’argent et aussi suffisamment du temps pour y aboutir.
« Pour le moment les enfants sont vaccinés par le BCG (vaccin anti tuberculeux) ce qui donne une protection contre les formes graves de l’Ulcère de Buruli. Un vaccin propre n’aiderait pas sauf s’il contient un mécanisme nouveau. Pour l’heure, il n’y a pas beaucoup d’espoir » a informé Miriam Eddyani.
Pour le Professeur Paul Johnson de Austin Hospital de Melbourne, « aucune étude ne permet réellement de juger de l’efficacité du BCG, ce vaccin marche peut être mais pas pour longtemps et le temps de protection est assez court. Il y a aussi un problème de coût et il faut à long termes craindre les effets secondaires »
Pourtant, il y a bien une solution, c’est le diagnostic et le dépistage précoces de la maladie, comme l’a préconisé le Docteur Yves Barogui du Centre de dépistage et de traitement de l’Ulcère de Buruli de Lalo, une localité du Bénin.
« La gravité de l’Ulcère de Buruli n’est pas liée à la morbidité (à peine 2%), mais les séquelles qu’elle laisse. On s’est fixé comme objectif que 5% des malades guérissent sans séquelles, car quand on dépiste on n’a pas besoin de faire de la chirurgie », a-t-il précisé.
L’engagement politique est attendu dans la bataille, et le sommet de Cotonou a notamment permis aux dirigeants africains de saisir la perche tendue par la communauté scientifique et médicale. Ce d’autant plus que la Déclaration de Cotonou a insisté entre autres sur l’appui politique à donner pour le renforcement des capacités des laboratoires nationaux.
Godefroy Macaire CHABI
Du 30 mars au 3 avril 2009, plus de 300 experts, décideurs et chercheurs ont travaillé ensemble sur la façon de faire front à l’Ulcère de Buruli qui demeure énigmatique.
Jusqu’à ce jour, il est encore très difficile de connaître en Afrique où se trouve le Mycobactérium Ulcerence, responsable de la maladie et la façon dont cette bactérie se transmet à l’homme.
Un chercheur australien à Melbourne, le Docteur Tim Stinear présent à Cotonou s’est à juste titre indigné en ces termes : « On est forcément en retard, il faut accélérer la recherche. La bactérie responsable a été découverte en 1948, 60 ans plus tard les deux questions principales sont sans réponse ».
Le problème aussi c’est que le mode de transmission et le comportement de la bactérie ne sont pas les mêmes dans les zones endémiques selon que l’on se trouve en Afrique ou ailleurs.
Le Professeur Paul Johnson de Austin Hospital de Melbourne, a expliqué qu’en Australie la bactérie a été localisée chez les animaux, or ces animaux ne se retrouvent guère en Afrique, ce qui laisse privilégier la nécessité de faire des tests.
Arriver à vaincre la nébuleuse est la principale préoccupation des laboratoires et centres de recherches sur la maladie.
A l’Institut des médecines tropicales à Anvers à Belgique, une chercheuse Miriam Eddyani fait remarquer que des comparaisons sont faites entre la bactérie prise dans l’environnement et celle portée par des patients afin de connaître avec exactitude le mode de transmission.
Malgré tout, il y a des zones d’espoir qui permettent de miser sur des résultats, car « le génome complet de la bactérie a été décrit, et il y a quelques années c’était inimaginable » s’est réjouie Miriam Eddyani.
Le traitement au moins respire
En Afrique de l’Ouest, la Côte d’ivoire totalise le plus grand nombre d’affections avec 2000 cas par an. Sur la liste s’alignent par la suite des pays comme le Bénin et le Ghana avec environ 1000 cas dans l’année. Ces chiffres auraient suscité le désespoir il y a plus de 10 ans au moment où on ne recourait qu’à la chirurgie pour sauver la vie des patients.
Aujourd’hui, il y a un régime de traitement recommandé par l’Organisation mondiale de la Santé, OMS et associant deux antibiotiques, l’un injectable, le Streptomycine, et l’autre administré par voie orale à savoir le Clarithromycine.
« Des chercheurs entreprennent d’autres types de recherches pour parvenir à un antibiotique par voie orale uniquement », a informé Miriam Eddyani du Laboratoire d’Anvers à Belgique.
Le Docteur Didier Yao Koffi du Programme national de Lutte contre l’Ulcère de Buruli en Côte d’ivoire continue d’ailleurs à ce sujet de s’interroger : « est-ce qu’on peut arriver à un traitement uniquement par voie orale ? ».
A ce stade du traitement à l’antibiotique, il faut 56 jours pour réussir l’opération, « ce qui est trop » selon le Docteur Koffi.
Un vaccin propre ?
La problématique du vaccin se présente comme un autre grand défi lancé à l’ensemble des acteurs impliqués dans la lutte contre l’Ulcère de Buruli. Pas de vaccin propre pour prévenir de la maladie dans les zones touchées.
Même s’il y a une volonté dans ce sillage, le monde de la recherche semble ne pas se faire d’illusions à ce sujet. Rien ne se fera maintenant et tout de suite, car il faudra beaucoup d’argent et aussi suffisamment du temps pour y aboutir.
« Pour le moment les enfants sont vaccinés par le BCG (vaccin anti tuberculeux) ce qui donne une protection contre les formes graves de l’Ulcère de Buruli. Un vaccin propre n’aiderait pas sauf s’il contient un mécanisme nouveau. Pour l’heure, il n’y a pas beaucoup d’espoir » a informé Miriam Eddyani.
Pour le Professeur Paul Johnson de Austin Hospital de Melbourne, « aucune étude ne permet réellement de juger de l’efficacité du BCG, ce vaccin marche peut être mais pas pour longtemps et le temps de protection est assez court. Il y a aussi un problème de coût et il faut à long termes craindre les effets secondaires »
Pourtant, il y a bien une solution, c’est le diagnostic et le dépistage précoces de la maladie, comme l’a préconisé le Docteur Yves Barogui du Centre de dépistage et de traitement de l’Ulcère de Buruli de Lalo, une localité du Bénin.
« La gravité de l’Ulcère de Buruli n’est pas liée à la morbidité (à peine 2%), mais les séquelles qu’elle laisse. On s’est fixé comme objectif que 5% des malades guérissent sans séquelles, car quand on dépiste on n’a pas besoin de faire de la chirurgie », a-t-il précisé.
L’engagement politique est attendu dans la bataille, et le sommet de Cotonou a notamment permis aux dirigeants africains de saisir la perche tendue par la communauté scientifique et médicale. Ce d’autant plus que la Déclaration de Cotonou a insisté entre autres sur l’appui politique à donner pour le renforcement des capacités des laboratoires nationaux.
Godefroy Macaire CHABI
BENIN : L’infanticide rituel, un fléau du nord du pays
Mohamed Alidou, la cinquantaine, dirige depuis plus d’une dizaine d’années son ONG « Association pour la protection de l’enfance malheureuse », APEM, intervenant dans le Nord du Bénin. Mais il n’a constaté aucune grande évolution dans la façon dont les populations de cette partie du pays abordent la question de l’infanticide rituel.
« Malgré nos sensibilisations et nos campagnes, ça se poursuit et le phénomène n’a guère diminué, nous nous demandons pourquoi les gens ne comprennent pas », a déploré Mohamed Alidou, le regard rempli d’amertume.
Pourtant, la pratique de l’infanticide rituel, a-t-il expliqué, constitue un véritable crime contre l’espèce humaine.
M. Alidou a laissé entendre à Irinnews que la pratique a cours principalement dans les milieux BOO, Baatumbu et Peul.
« Dans les communes de Ségbana et de Kalalé (des communes du Nord), de témoignages émouvants confirment le massacre d'enfants dans ces localités. Beaucoup d'hommes âgés aujourd'hui de plus de 50 ans ont pu échapper à l’exécution de la sentence sociale. »
Pour M. Alidou, « beaucoup d’enfants ont été sauvés par un Chef traditionnel, Omar KY-SAMA, qui les avait récupérés, et leur a redonné le goût de la vie. Ils vivent aujourd'hui en paix à Ségbana formant un grand quartier au tour de l'ancien site royal. »
« D’autres enfants doivent leur vie au Peul qui ont bien voulu les garder ou aux enseignants alors en poste dans la localité de ségbana. Même sauvés et adulte ils traînent avec eux les préjugés néfastes d’enfants sorciers », a poursuivi M. Alidou.
Les formes d’infanticide rituel
Il ya près de huit façons de tuer l’enfant sur lequel pèsent des préjugés dans ces milieux.
M. Alidou a cité des cas d’égorgements, de noyade, d’empoisonnement, d’envoûtement.
A ce registre, a t-il fait remarquer s’ajoutent des cas de privation alimentaire, de fracas de la tête, d’abandon de l’enfant à un endroit isolé jusqu’à ce qu’il meurt sans aucun soutien.
« Quelle que soit la forme employée, le but recherché est toujours le même, à savoir l'élimination physique pure et simple de l'enfant. »
Le plus souvent, a informé M. Alidou, il s’agit d’une pratique secrète et les bourreaux chargés de la sentence ne sont pas connus de la population.
Mais en règle générale, a-t-il dit, lorsqu’un guérisseur fait un mauvais rêve sur un enfant, ses parents n’hésitent pas dans ces milieux à décider de sa tuerie.
Mais il est bien possible selon lui que derrières de telles allégations se trouvent des raisons de jalousie développée à l’endroit des parents de l’enfant
Sorciers
Les bourreaux se comptent le plus souvent parmi les oncles, les parents proches, le conseil de famille et les féticheurs, informe Victor Akpovi, journaliste et auteur d’un magazine sur l’infanticide rituel.
Embrigadés par la tradition et enfermés dans des mentalités rétrogrades, les pratiquants désignent les enfants victimes de l’infanticide par des termes souvent courants dans ces milieux à savoir :"sorcier qui boit le sang humain". C'est aussi le "mangeur d'homme" , "le malfaiteur" ou l’enfant maudit.
Des préjugés socio-culturels
Dans les sociétés du Nord Bénin, la pratique de l’infanticide rituel repose sur des considérations d’ordre culturel, a affirmé M. Alidou.
Les raisons pour lesquelles un enfant est condamné à mort dans ces sociétés du Nord-Bénin par ses propres géniteurs mort sont nombreuses.
M. Alidou a évoqué la naissance avec les dents, la naissance sans cris de l’enfant, la présentation des fesses à la naissance, la présentation des pieds à la naissance, la présentation de la face contre le sol, l’enfant sourd-muet.
Une pluie d’explications
Selon Ya Mouda, une vieille de 70 ans, ces caractéristiques retenues par la société comme étant des malformations ont un sens.
Elle a indiqué à Irinnews que par exemple que « l’enfant qui naît avec la dent est considéré comment venant au monde pour "dévorer" des êtres humains, surtout s'il s'agit d'une fille, elle tue tous ses parents maternels y compris sa propre mère. S'il s'agit d'un garçon, il tuera toute sa famille paternelle en commençant par son père ».
Par ailleurs, elle a expliqué que l’enfant qui présente les pieds à la naissance atterrit sur le monde et prêt à la dominer.
Conséquences dramatiques
Les conséquences sont nombreuses, et M. Alidou Président de l’APEM a notamment souligné les impacts négatifs au niveau individuel et familial avec la possibilité d’une réduction des membres de la famille.
Par ailleurs, selon lui l’infanticide pose un problème de santé publique qui se perpétue dans le pays.
Dans un autre sens, il n’a pas manqué de mentionner l’accroissement du taux de mortalité infantile dans les zones endémiques.
« Nous n’avons pas les chiffres exacts, mais il n’est pas exclu que ce phénomène participe à la mortalité infantile », a-t-il dit.
A Bori, un village du Nord-Bénin, M. Alidou a informé que plusieurs enfants sont encore chez les guérisseurs sous prétexte qu'ils sont "mal nés".
« Ces enfants n'ont pas l'aspect des enfants de leur âge qui sont bien nourris. » a-t-il précisé
Godefroy Macaire CHABI
« Malgré nos sensibilisations et nos campagnes, ça se poursuit et le phénomène n’a guère diminué, nous nous demandons pourquoi les gens ne comprennent pas », a déploré Mohamed Alidou, le regard rempli d’amertume.
Pourtant, la pratique de l’infanticide rituel, a-t-il expliqué, constitue un véritable crime contre l’espèce humaine.
M. Alidou a laissé entendre à Irinnews que la pratique a cours principalement dans les milieux BOO, Baatumbu et Peul.
« Dans les communes de Ségbana et de Kalalé (des communes du Nord), de témoignages émouvants confirment le massacre d'enfants dans ces localités. Beaucoup d'hommes âgés aujourd'hui de plus de 50 ans ont pu échapper à l’exécution de la sentence sociale. »
Pour M. Alidou, « beaucoup d’enfants ont été sauvés par un Chef traditionnel, Omar KY-SAMA, qui les avait récupérés, et leur a redonné le goût de la vie. Ils vivent aujourd'hui en paix à Ségbana formant un grand quartier au tour de l'ancien site royal. »
« D’autres enfants doivent leur vie au Peul qui ont bien voulu les garder ou aux enseignants alors en poste dans la localité de ségbana. Même sauvés et adulte ils traînent avec eux les préjugés néfastes d’enfants sorciers », a poursuivi M. Alidou.
Les formes d’infanticide rituel
Il ya près de huit façons de tuer l’enfant sur lequel pèsent des préjugés dans ces milieux.
M. Alidou a cité des cas d’égorgements, de noyade, d’empoisonnement, d’envoûtement.
A ce registre, a t-il fait remarquer s’ajoutent des cas de privation alimentaire, de fracas de la tête, d’abandon de l’enfant à un endroit isolé jusqu’à ce qu’il meurt sans aucun soutien.
« Quelle que soit la forme employée, le but recherché est toujours le même, à savoir l'élimination physique pure et simple de l'enfant. »
Le plus souvent, a informé M. Alidou, il s’agit d’une pratique secrète et les bourreaux chargés de la sentence ne sont pas connus de la population.
Mais en règle générale, a-t-il dit, lorsqu’un guérisseur fait un mauvais rêve sur un enfant, ses parents n’hésitent pas dans ces milieux à décider de sa tuerie.
Mais il est bien possible selon lui que derrières de telles allégations se trouvent des raisons de jalousie développée à l’endroit des parents de l’enfant
Sorciers
Les bourreaux se comptent le plus souvent parmi les oncles, les parents proches, le conseil de famille et les féticheurs, informe Victor Akpovi, journaliste et auteur d’un magazine sur l’infanticide rituel.
Embrigadés par la tradition et enfermés dans des mentalités rétrogrades, les pratiquants désignent les enfants victimes de l’infanticide par des termes souvent courants dans ces milieux à savoir :"sorcier qui boit le sang humain". C'est aussi le "mangeur d'homme" , "le malfaiteur" ou l’enfant maudit.
Des préjugés socio-culturels
Dans les sociétés du Nord Bénin, la pratique de l’infanticide rituel repose sur des considérations d’ordre culturel, a affirmé M. Alidou.
Les raisons pour lesquelles un enfant est condamné à mort dans ces sociétés du Nord-Bénin par ses propres géniteurs mort sont nombreuses.
M. Alidou a évoqué la naissance avec les dents, la naissance sans cris de l’enfant, la présentation des fesses à la naissance, la présentation des pieds à la naissance, la présentation de la face contre le sol, l’enfant sourd-muet.
Une pluie d’explications
Selon Ya Mouda, une vieille de 70 ans, ces caractéristiques retenues par la société comme étant des malformations ont un sens.
Elle a indiqué à Irinnews que par exemple que « l’enfant qui naît avec la dent est considéré comment venant au monde pour "dévorer" des êtres humains, surtout s'il s'agit d'une fille, elle tue tous ses parents maternels y compris sa propre mère. S'il s'agit d'un garçon, il tuera toute sa famille paternelle en commençant par son père ».
Par ailleurs, elle a expliqué que l’enfant qui présente les pieds à la naissance atterrit sur le monde et prêt à la dominer.
Conséquences dramatiques
Les conséquences sont nombreuses, et M. Alidou Président de l’APEM a notamment souligné les impacts négatifs au niveau individuel et familial avec la possibilité d’une réduction des membres de la famille.
Par ailleurs, selon lui l’infanticide pose un problème de santé publique qui se perpétue dans le pays.
Dans un autre sens, il n’a pas manqué de mentionner l’accroissement du taux de mortalité infantile dans les zones endémiques.
« Nous n’avons pas les chiffres exacts, mais il n’est pas exclu que ce phénomène participe à la mortalité infantile », a-t-il dit.
A Bori, un village du Nord-Bénin, M. Alidou a informé que plusieurs enfants sont encore chez les guérisseurs sous prétexte qu'ils sont "mal nés".
« Ces enfants n'ont pas l'aspect des enfants de leur âge qui sont bien nourris. » a-t-il précisé
Godefroy Macaire CHABI
BENIN : PATRIMOINE CULTUREL
Sauver absolument les archives de radio et de télévision
L’UNESCO a avancé il y a quelques années un chiffre qui donne le vertige : 800 millions d’heures de radio et de télévision sont en danger sous l’effet de plusieurs facteurs. Malgré cela, on n’a pas le sentiment que les choses ont évolué. Car dans de nombreux pays la gestion des archives audiovisuelles reste et demeure un luxe auquel les politiques de développement ne veulent guère souscrire. Ce qui veut tout simplement signifier que la sortie de l’auberge est encore loin pour ces documents porteurs de l’histoire et du vécu des peuples.
Dans les pays du Nord, à quelque exception près, l’indifférence des premières années est en train de céder progressivement la place ces dernières années à une grande solidarité en faveur de ces documents. Ce qui explique, à titre indicatif, la mise en œuvre d’outils technologiques à l’échelle européenne autour desquels sont serties des actions de conservation, de préservation et de sauvegarde.
Puisque l’enjeu est bien à ce niveau, sauvegarder les documents anciens, témoins de la culture des peuples.
L’Institut National de l’Audiovisuel, INA en France a reçu la lourde responsabilité de sauver et d’entretenir plusieurs décennies de radio et de télévision au bénéfice de toute la population française, et notamment dans le grand intérêt de la jeune génération et de la postérité.
Pour la Francophonie, nous sommes en face d’un facteur de diversité culturelle. Cette conviction veut souligner en toute objectivité l’activisme de l’organisation et sa totale implication dans les nombreuses réflexions autour de la sauvegarde.
L’Afrique et l’Asie semblent la plus grande préoccupation dans cette messe d’actions et de projets pour les archives. La mise en œuvre du modèle de numérisation AIME, conçu avec l’aide du Conseil International des Radios et Télévisions d’Expression Française, CIRTEF est symptomatique de cette vision de développement de l’OIF autour du patrimoine audiovisuel. Dans plus d’une dizaine de pays africains dont le Bénin, un travail a commencé. Malheureusement, il ne saurait remplacer les énormes pertes récoltées dans le fond archivistique de ces pays.
Bénin : comment rattraper ce passé?
Toute la question est là. Mais très peu de personnes se la posent. Les archivistes, documentalistes, acteurs en première ligne de la préservation assurément mis en minorité en raison de la dévalorisation de leurs activités ne croient plus tellement à la chose. Difficile d’évaluer avec précision le capital archivistique du Bénin, tant la quasi-inexistence d’un système de gestion pose problème. En outre, beaucoup de documents ont disparu sous l’effet de plusieurs facteurs : négligence, facteurs climatiques, manque de moyens, pénurie de ressources humaines spécifiquement formées.
En l’absence d’indicateurs fiables, on estime dans ce pays à près de 100 000 heures, les pertes enregistrées dans le secteur. Sinon, comment concevoir que moins de 20 ans après, il soit aussi difficile de reconstituer les archives de la Conférence nationale de Février 1990 ? A qui la faute, lorsque la prise de conscience au niveau des professionnels des médias eux-mêmes n’est pas observable et ne préfigure aucun espoir.
Justement, l’espoir ne peut être redoré que sur la base d’un Plan d’espoir en faveur des archives audiovisuelles, déconnecté des autres documents, et qui engage les efforts constants de l’Etat, souligne la responsabilité des acteurs des médias tant du secteur public que privé et aboutit à un projet structurel conçu pour renforcer le suivi des engagements. Ce Plan doit être véritablement conçu comme un instrument-clé de sauvetage immédiat.
Au Bénin, nombre de personnes détiennent des fonds privés, et il est utile de les « associer au sacrifice » pour la quête de l’histoire. Actuellement, les pistes suivent très peu cette direction. Or, il est important d’y recourir en instaurant la réflexion sur les aspects connexes auxquels cette solution fait appel. C’est par exemple la question des droits, dans le sens où il faut rassurer les vrais propriétaires sur la paternité de l’œuvre.
Evitant la disparition totale de son trésor audiovisuel, le Cambodge miné par plusieurs années de guerre a trouvé une formule de perpétuation dans la création d’un Centre National de Ressources Audiovisuelles. Un cadre de fixation et de sécurisation qui donne vie aux documents à travers un dispositif de consultation et d’exploitation.
Le Plan d’Espoir auquel nous faisions référence doit être en mesure de dégager la création d’un cadre de conservation et de consultation dans ses finalités. Ce qui va alors obliger les acteurs impliqués à être plus attentifs à la sauvegarde, condition indispensable à l’enrichissement continu des fonds.
Mais encore faudrait-il qu’il y ait suffisamment de volontés pour y arriver.
Numériser…numériser encore, mais numériser l’essentiel
On ne le dira jamais assez. La numérisation des documents d’archives représente la solution face au péril qui menace les contenus des archives audiovisuelles. Son intemporalité comparée à la caducité des modèles technologiques jusque là utilisés constitue un argument de taille sur lequel les esprits les plus controversés s’accordent. Même si les pays riches ont du mal à s’en sortir en raison du coût élevé de l’opération, c’est Emmanuel Hoog, PDG de l’INA qui affirme que la solution passe indubitablement par là. Pour les pays du Sud, un peu en retrait du continent numérique, ça peut paraître difficile comme approche. Difficile, mais pas impossible.
L’essentiel se situe dans la planification et la méthode. Voilà pourquoi, il faut axer la démarche sur les supports à moindre coût et les critères de sélection des contenus.
Le CD et le DVD d’après certaines études ont une durée de vie d’au moins 100 ans. A certains égards, il est possible de leur faire confiance. Dans beaucoup de pays riches, ces supports sont sélectionnés et servent toujours à la conservation.
Par ailleurs pour minimiser les faramineux coûts, il est illusoire de prétendre tout numériser. Seuls les documents ayant une valeur historique, culturelle et présentant un caractère unique sont à privilégier, si l’on veut atteindre l’objectif éducatif et culturel relié au patrimoine audiovisuel.
Godefroy Macaire CHABI
L’UNESCO a avancé il y a quelques années un chiffre qui donne le vertige : 800 millions d’heures de radio et de télévision sont en danger sous l’effet de plusieurs facteurs. Malgré cela, on n’a pas le sentiment que les choses ont évolué. Car dans de nombreux pays la gestion des archives audiovisuelles reste et demeure un luxe auquel les politiques de développement ne veulent guère souscrire. Ce qui veut tout simplement signifier que la sortie de l’auberge est encore loin pour ces documents porteurs de l’histoire et du vécu des peuples.
Dans les pays du Nord, à quelque exception près, l’indifférence des premières années est en train de céder progressivement la place ces dernières années à une grande solidarité en faveur de ces documents. Ce qui explique, à titre indicatif, la mise en œuvre d’outils technologiques à l’échelle européenne autour desquels sont serties des actions de conservation, de préservation et de sauvegarde.
Puisque l’enjeu est bien à ce niveau, sauvegarder les documents anciens, témoins de la culture des peuples.
L’Institut National de l’Audiovisuel, INA en France a reçu la lourde responsabilité de sauver et d’entretenir plusieurs décennies de radio et de télévision au bénéfice de toute la population française, et notamment dans le grand intérêt de la jeune génération et de la postérité.
Pour la Francophonie, nous sommes en face d’un facteur de diversité culturelle. Cette conviction veut souligner en toute objectivité l’activisme de l’organisation et sa totale implication dans les nombreuses réflexions autour de la sauvegarde.
L’Afrique et l’Asie semblent la plus grande préoccupation dans cette messe d’actions et de projets pour les archives. La mise en œuvre du modèle de numérisation AIME, conçu avec l’aide du Conseil International des Radios et Télévisions d’Expression Française, CIRTEF est symptomatique de cette vision de développement de l’OIF autour du patrimoine audiovisuel. Dans plus d’une dizaine de pays africains dont le Bénin, un travail a commencé. Malheureusement, il ne saurait remplacer les énormes pertes récoltées dans le fond archivistique de ces pays.
Bénin : comment rattraper ce passé?
Toute la question est là. Mais très peu de personnes se la posent. Les archivistes, documentalistes, acteurs en première ligne de la préservation assurément mis en minorité en raison de la dévalorisation de leurs activités ne croient plus tellement à la chose. Difficile d’évaluer avec précision le capital archivistique du Bénin, tant la quasi-inexistence d’un système de gestion pose problème. En outre, beaucoup de documents ont disparu sous l’effet de plusieurs facteurs : négligence, facteurs climatiques, manque de moyens, pénurie de ressources humaines spécifiquement formées.
En l’absence d’indicateurs fiables, on estime dans ce pays à près de 100 000 heures, les pertes enregistrées dans le secteur. Sinon, comment concevoir que moins de 20 ans après, il soit aussi difficile de reconstituer les archives de la Conférence nationale de Février 1990 ? A qui la faute, lorsque la prise de conscience au niveau des professionnels des médias eux-mêmes n’est pas observable et ne préfigure aucun espoir.
Justement, l’espoir ne peut être redoré que sur la base d’un Plan d’espoir en faveur des archives audiovisuelles, déconnecté des autres documents, et qui engage les efforts constants de l’Etat, souligne la responsabilité des acteurs des médias tant du secteur public que privé et aboutit à un projet structurel conçu pour renforcer le suivi des engagements. Ce Plan doit être véritablement conçu comme un instrument-clé de sauvetage immédiat.
Au Bénin, nombre de personnes détiennent des fonds privés, et il est utile de les « associer au sacrifice » pour la quête de l’histoire. Actuellement, les pistes suivent très peu cette direction. Or, il est important d’y recourir en instaurant la réflexion sur les aspects connexes auxquels cette solution fait appel. C’est par exemple la question des droits, dans le sens où il faut rassurer les vrais propriétaires sur la paternité de l’œuvre.
Evitant la disparition totale de son trésor audiovisuel, le Cambodge miné par plusieurs années de guerre a trouvé une formule de perpétuation dans la création d’un Centre National de Ressources Audiovisuelles. Un cadre de fixation et de sécurisation qui donne vie aux documents à travers un dispositif de consultation et d’exploitation.
Le Plan d’Espoir auquel nous faisions référence doit être en mesure de dégager la création d’un cadre de conservation et de consultation dans ses finalités. Ce qui va alors obliger les acteurs impliqués à être plus attentifs à la sauvegarde, condition indispensable à l’enrichissement continu des fonds.
Mais encore faudrait-il qu’il y ait suffisamment de volontés pour y arriver.
Numériser…numériser encore, mais numériser l’essentiel
On ne le dira jamais assez. La numérisation des documents d’archives représente la solution face au péril qui menace les contenus des archives audiovisuelles. Son intemporalité comparée à la caducité des modèles technologiques jusque là utilisés constitue un argument de taille sur lequel les esprits les plus controversés s’accordent. Même si les pays riches ont du mal à s’en sortir en raison du coût élevé de l’opération, c’est Emmanuel Hoog, PDG de l’INA qui affirme que la solution passe indubitablement par là. Pour les pays du Sud, un peu en retrait du continent numérique, ça peut paraître difficile comme approche. Difficile, mais pas impossible.
L’essentiel se situe dans la planification et la méthode. Voilà pourquoi, il faut axer la démarche sur les supports à moindre coût et les critères de sélection des contenus.
Le CD et le DVD d’après certaines études ont une durée de vie d’au moins 100 ans. A certains égards, il est possible de leur faire confiance. Dans beaucoup de pays riches, ces supports sont sélectionnés et servent toujours à la conservation.
Par ailleurs pour minimiser les faramineux coûts, il est illusoire de prétendre tout numériser. Seuls les documents ayant une valeur historique, culturelle et présentant un caractère unique sont à privilégier, si l’on veut atteindre l’objectif éducatif et culturel relié au patrimoine audiovisuel.
Godefroy Macaire CHABI
Inscription à :
Articles (Atom)