jeudi 9 octobre 2008

BENIN : Pas de réactifs, des donneurs en baisse, puis crise de sang

« Le tapage qu’on fait sur le Sida, si on peut faire le dixième sur le don du sang, on pourrait éviter beaucoup de dégâts et de pertes en vies humaines ». Cette réaction de Rynce Agassoussi, Président de l’Association béninoise des donneurs bénévoles de sang, créée en 1974 résume la situation que traverse actuellement le pays.

En effet, depuis le début de l’année, le sang fait cruellement défaut au niveau de 8 des 12 banques de sang que compte le pays. Dans 4 autres départements, la situation est moins criarde, car la coopération belge suit les choses à travers le Projet d’amélioration de la sécurité transfusionnelle dans les départements de l’Atacora/Donga et du Mono-Couffo, PASTAM.

Résultat, 75% des demandes sont satisfaites dans le pays.

« Il y a 25 % qui meurent au moins » a laissé entendre M. Agassoussi qui s’est demandé, « pourquoi laisser les gens mourir bêtement ? »

« Au Centre national hospitalier et universitaire, CNHU, le plus grand hôpital du pays à Cotonou, tous les soirs, les gens arrivent, en détresse. Ils ont des parents qui ont besoin du sang. Mais impossible parfois de leur trouver la moindre goutte. Ils repartent bouleversés» a raconté Rynce Agassoussi.

Le Professeur André Bigot, Chef service banque de sang au CNHU de Cotonou, parle d’une situation très grave, « du jamais vu de mémoire d’homme ».

« Au service d’hématologie, il y a eu des leucémies, des drépanocytaires qui avaient besoin de sang mais n’en ont pas eu », a-t-il confié

Selon lui, « il n’existe malheureusement pas de statistiques précises pour situer le nombre de victimes de cette situation, car les maladies meurtrières liées au manque de sang sont nombreuses».

« Les hôpitaux ne communiquent pas là-dessus », a renchéri M. Agassoussi.

Illustration réelle de la situation, en 2006, les services de prélèvement au Bénin sont parvenus à collecter près de 90 000 poches de sang. En 2007, ce chiffre est descendu à 60 000 poches. Un chiffre encore loin de l’objectif des 200 000 poches que se sont fixés l’ensemble des intervenants du secteur.

Manque de moyens

« L’absence de matériels ne date pas d’aujourd’hui, mais ces derniers mois, la situation est devenue intenable. Il y a pénurie notamment de réactifs dans tout le pays. On ne peut pas prendre le sang sans le tester », s’est désolé Augustin Vodounon, Technicien de laboratoire au Service départemental de prélèvement du sang Atlantique Littoral.

« Pas de poches, pas de réactifs, si on ne règle pas cela, on peut aller jusqu’en 2020, le problème va demeurer » a-t-il poursuivi.
« Le sang prélevé n’est pas celui qu’on donne aux demandeurs. Il faut un minimum de bilan, d’examen biologique et de recherche virologique. Or sans cela nous ne pouvons rien faire », a indiqué le Professeur André Bigot

« Parfois le donneur est disponible, mais il n’y a pas de poche pour recueillir son sang », a témoigné Rynxe Agassoussi.

Chaque année, il faut environ un milliard de FCFA pour couvrir les besoins en réactifs.

Le Président de l’Association des donneurs bénévoles a expliqué que « si on repartit bien les fonds, c’est possible d’atteindre les résultats. Malheureusement, ce n’est pas cela et les procédures de passation de marchés de réactifs sont lentes».

Fonctionnant avec un personnel réduit, 2 à 3 agents voire inexistant, les services de collecte mobile doivent faire face également à l’inexistence moyens de déplacement.

«On passe les véhicules pour aller sur le terrain. Le jour où on en trouve pas, on est bloqués », a noté M. Agassoussi.

Le responsable national du Projet d’amélioration de la sécurité transfusionnelle dans les départements de l’Atacora/Donga et du Mono/Couffo, PASTAM, le Docteur Edgar Lafia a observé un manque d’organisation général au niveau des gestionnaires du système de santé.

« Il faut l’infrastructure d’accueil, un laboratoire bien équipé, des réactifs disponibles et un personnel qualifié » a-t-il proposé

Néanmoins, il a reconnu que chaque année, le gouvernement fait des efforts, en associant surtout des partenaires bilatéraux comme la Suisse, la Belgique et l’Allemagne. Grâce à la coopération belge par exemple, le PASTAM fonctionne depuis 2006.

Le secours dans les pays voisins

« Il y a quelques jours, j’ai été obligé d’aller acheter du sang au Togo, je n’avais plus le choix », s’est exprimé Aline qui a accompagné sa mère malade au CNHU de Cotonou.

Face à la situation de crise, de nombreuses personnes se sont tournées notamment vers le Togo et le Nigeria.

Au Bénin, la poche est vendue officiellement à 2000 fcfa dans les établissements sanitaires, gros consommateurs.

Parfois, les demandeurs sont obligés de l’acheter 3 ou 4 fois plus cher dans ces pays.

« C’est une honte qu’on en soit arrivé là », s’est désolé le Professeur André Bigot.

Face au danger, la Banque de sang du CNHU dont la mission est le stockage du sang s’est reconvertie au travail de prélèvement.

Le Professeur Bigot lie aussi ce développement aux nombreuses grèves des paramédicaux qui ont débrayé, réclamant de meilleures conditions de vie et de travail.

Au Bénin, les potentiels donneurs de sang sont les élèves. Pendant les vacances ou à l’approche des examens de fin d’année, on ne les voit plus.

M. Agassoussi a indiqué que dans les établissements, le minimum de poches récolées est de 80, parfois 100 par jour à chaque sortie de l’équipe mobile. Alors que dans les postes fixes de prélèvement, le chiffre dépasse rarement les 40 poches.

Au Bénin, les donneurs réguliers et les donneurs fidèles ne dépassent pas les 4000 sur une population de près de 8 millions d’habitants. Les donneurs occasionnels font augmenter le chiffre par moments. En 2007, par exemple 15 000 béninois au total ont donné leur sang.

« L’engouement des donneurs peut être aussi émoussé s’ils sont mal reçus par des agents démotivés et frustrés de leurs conditions de travail », a averti le professeur André Bigot.

Godefroy Macaire CHABI

vendredi 26 septembre 2008

Bénin : La crue du fleuve Ouémé provoque risque de famine et maladies

Godefroy Macaire CHABI

Environ 57 000 personnes vivent en perpétuel danger de famine et de sous alimentation chronique dans la commune de Adjohoun à l’Est de Cotonou depuis le mois de Juillet. Plus de 2000 autres, notamment les enfants ont besoin d’un accès rapide aux médicaments et aux soins de santé. En effet la crue du fleuve Ouémé, l’un des plus importants du pays a eu d’importants impacts sur les cultures, les eaux ayant détruit plus de 25 000 hectares de terres. Plus de 18 000 habitations sont dans l'eau.

« La crue de cette année est arrivée précocement et a emporté beaucoup de nos cultures vivrières à savoir patate, maïs, gombo, haricot. On a de sérieux problèmes.», s’est lamenté Gabriel Assogba, natif de la commune Adjohoun et conseiller communal

« Présentement on n’arrive pas à manger, les gens ne peuvent plus manger trois fois dans la journée. Même trouver de la nourriture une seule fois dans la journée est devenu un grand casse-tête. En temps normal, ici les produits agricoles sont vendus et achetés à vils prix. Aujourd’hui, les choses ont changé. Les enfants sont malades et attrapent des maladies, notamment le paludisme, la diarrhée », a poursuivi M. Assogba

Sur le terrain, on craint les risques de choléra, mais heureusement, on en est pas encore là, « mais le risque est là, car la même eau est utilisée pour tous les besoins », a reconnu, le Secrétaire général de la Mairie, Armel Assogba.

Sans agents de santé, le risque humanitaire devient plus inquiétant, car parfois, les hôpitaux sont désertés par ceux-ci, ne sachant plus où se mettre pour faire leur travail.

Le phénomène a également rendu impossible la pêche, dans cette région de la vallée de l’Ouémé, où cette activité nourrit plus de la moitié de la population, après les activités champêtres.

« Pas de poisson, c’est tragique, les poissons se sont éparpillés et il est impossible d’en trouver », s’est plaint Saliou Assogba.

Même si des pertes en vies humaines ne sont pas signalées, d’après les enquêtes réalisées par les autorités communales, le phénomène a provoqué la disparition d’une grande partie du cheptel. On situe à 5000 le nombre d’animaux morts noyés.

La crue du fleuve Ouémé se produit annuellement. Pendant ce temps, les eaux montent et inondent les zones habitables.

Sur les 8 arrondissements que compte la commune, seul l’arrondissement de Awounou est épargné. 3 autres arrondissements sont cruellement touchés par le phénomène.

« L’eau nous arrive jusqu’au cou dans l’arrondissement de Gangban. Les maisons sont envahies. Les gens ont fui pour trouver refuge ailleurs. C’est trop. Si tu n’as pas de pirogue tu ne peux pas circuler », a témoigné Justin Hounkponou, qui vient d’obtenir son baccalauréat.

Il raconte que son père, cultivateur a perdu 7 hectares de cultures et n’espère désormais plus rien
Face à cela, de nombreuses personnes ont été obligées de se déplacer pour se réfugier dans les régions plus paisibles, à la recherche de la pitance quotidienne. On estime pour l’heure à près de 2000 personnes, le nombre de déplacés

Il y a quelques jours, c’est le maire d’Adjohoun, Gérard Adounsiba qui lui-même a lancé un SOS aux autorités nationales et aux bonnes volontés afin de venir au secours de la population qui traverse une crise humanitaire sans précédent dans la localité.

Globalement, l’alerte donnée par le Maire porte sur l’apport nutritionnel, le soutien médical et l’appui au relogement des sinistrés.

Il y a moins d’une semaine, la préfecture de l’Ouémé-Plateau dont dépend la commune a déjà fait don de quelques vivres et de médicaments à la population pour la soulager du poids de la situation.

Au plan national, même si la Direction de la promotion de la protection civile, DPPC a entrepris une visite de terrain, les autorités gouvernementales attendent encore le rapport de la mission d’évaluation du phénomène pour mesurer l’ampleur du soutien à apporter, ont expliqué les responsables communaux.

A moins d’un mois de la nouvelle rentrée académique, l’inquiétude ne cesse de s’accroître. Les parents n’arrivent pas à répondre encore à une question. Où trouver l’argent pour inscrire les enfants ? Les inscrire, mais dans quelles classes? se demande t-on encore

« Nous ne pouvons pas reprendre les cours, comme les autres communes du pays. Car les écoles sont inondées. C’est vraiment difficile », s’est apitoyé Gabriel Assogba, conseiller communal.

La crue du fleuve Ouémé, phénomène annuel n’est pas à confondre avec les inondations qui elles sont occasionnées par les fortes pluies qui s’abattent notamment sur la capitale économique, Cotonou. Près de 500 000 personnes y sont potentiellement menacées par les inondations cette année.

Bénin : Avoir de l’eau potable en 6 heures de soleil

Par Godefroy Macaire CHABI

Savez vous que chaque individu peut rendre potable une eau contaminée, simplement en l'exposant au soleil pendant six heures dans une bouteille transparente ? Idéalement, une bouteille en PET (Polyéthylène téréphtalate) ou, à défaut, en verre non coloré. C’est ce qu’on a appelé la désinfection solaire de l’eau, SODIS. Une technique introduite au Bénin par le Centre Régional pour l’eau potable et l’assainissement, CREPA. Dans ce pays, à peine la moitié des citoyens ont accès à une eau potable de qualité dans les villes et le pourcentage tombe à 40% dans les campagnes. Résultat: 300 000 cas de diarrhée et de malaria par année, selon le ministère de la Santé.

« La lumière du soleil et les rayons ultraviolets tuent impérativement les microorganismes pathogènes contenus dans l’eau. Une action se produit ainsi entre les rayons ultraviolets et la température de l’eau quand elle dépasse 45 degrés. » a fait remarquer Yédjilè Gbèdo Adissoda, qui s’occupa principalement de SODIS au sein du Centre Régional pour l’Eau potable et l’Assainissement, CREPA.

Mme Adissoda sait certainement de quoi elle parle, puisque qu’au laboratoire situé dans l’enceinte du CREPA à Cotonou l’analyse bactériologique a permis d’observer qu’un nombre important de coliformes (indicateurs de pollution de l’eau) disparaissent après l’application de SODIS.

« Puisque nous n’en sommes qu’au début, nous avons pu remarquer que les microbes diminuent drastiquement, mais nous ne pouvons dire avec précisions à quel taux ils diminuent. Ce qui est sûr l’eau traitée au SODIS n’est plus la même qu’au début », explique un technicien de laboratoire qui a travaillé sur les échantillons.

Si les bouteilles d’eau ne restent pas la durée nécessaire au soleil, l’eau ne sera pas bonne à boire et pourra causer des maladies. Si le soleil n’est pas assez fort, dû à des nuages ou un climat moins ensoleillé, une durée d’exposition plus longue est nécessaire, indique dans une étude l’Institut fédéral suisse pour l’aménagement, l’épuration et la protection des eaux (EAWAG), initiateur de SODIS dans le monde.

En effet, des études réalisées par EAWAG ont révélé que les rayons du soleil produisent des formes très réactives d’oxygène dans l’eau. Ces molécules réactives contribuent au processus de destruction des micro-organismes. L’eau qui contient assez d’oxygène (plus de 3 mg d’oxygène par litre) ne doit pas être aérée avant l’application de SODIS.

Une chose est à surveiller, lorsque l’eau traitée n’est pas immédiatement consommée, le risque d’une recontamination est possible.

« Il se pourrait qu’en raison de ce que tous les microbes ne sont pas tués, ceux qui restent vont coloniser l’eau et provoqué un repeuplement microbien », a souligné Alain KISSI un chercheur béninois en sciences de l’eau.

C’est aussi une méthode qui demande beaucoup de patience. Car lorsqu’il y a un faible ensoleillement, il faut deux jours pour que ça fonctionne. Inutile dans ces conditions d’y recourir en période de pluies.


Des résultats probants

Dans le village de Sèkandji, à la périphérie Est de Cotonou choisi comme base expérimentale, « cela a tellement bien marché, les populations étaient très enthousiastes de savoir qu’elles pouvaient maintenant consommer de la bonne eau », s’est réjouie Yedjilé Gbedo Adissoda, la responsable principale du projet SODIS au CREPA.
Le Directeur résident du CREPA, Paul Yadouléton, n’a pas un avis contraire. Il confirme que lorsque les populations ont comparé l’eau traitée au SODIS à ce qu’elles avaient l’habitude de consommer, elles notent une différence considérable ».

Derrière son étalage de divers produits dans le petit marché de Sèkandji, Marthe Gnona, la quarantaine montre avec fierté sa gourde remplie d’eau. On peut bien deviner qu’elle fait allusion à un succès.

« Cette eau je l’ai traitée hier et déjà aujourd’hui j’arrive à la boire. Quoi de plus intéressant ? Le goût est agréable. C’est comme l’eau du robinet et désormais, je n’ai pas besoin de me faire du souci », s’est elle satisfaite.

Comme l’eau du robinet exploitée par la Société nationale des eaux du Bénin, la SONEB reste très loin de la majorité des populations rurales, le Directeur de CREPA-BENIN, Paul Yadouleton estime que SODIS représente une vraie solution économique.

Puisque les bouteilles en plastique utilisées se vendent à 25 FCFA ou 50 FCFA.
Ces bouteilles ont été soigneusement étudiées et leur réutilisation ne pose aucun problème de santé, mieux les plastifiants ne diffusent pas suffisamment dans l’eau, indique d’ailleurs une étude réalisée par le Département Eau et assainissement dans les pays en développement, de l’Institut suisse EAWAG.

Ce n’est pourtant pas la panacée

Selon le CREPA, des études d’impact réalisées chez les personnes appliquant SODIS dans le monde ont révélé une baisse drastique du taux de diarrhéiques dans le monde entre 20% à 70%.

Mais, il est loin d’y voir la solution apogée. Car, on ne peut recourir à SODIS par effet de mode. D’ailleurs les contraintes auxquelles fait appel son expérimentation représente un frein. Car n’oublions pas qu’il faut une bouteille, guetter le soleil et patienter que la bouteille fasse 6 heures de temps au soleil.

« Lorsqu’il y a une bonne couverture en eau potable, le problème ne se pose. SODIS est conseillé quand il n’y a pas de l’eau potable », a indiqué une source proche du Ministère béninois de l’eau.

En règle générale, les populations pour contourner les difficultés d’accès à l’eau potable expérimentent des procédés locaux. Il s’agit entre autres de l’ébullition, la filtration, la sédimentation, la chloration.

« Pour ce que nous en savons et les bienfaits que cela apporte à beaucoup de personnes maintenant, nous estimons qu’elle fera école dans les stratégies des autorités nationales dans les pays africains dans le cadre des stratégies de lutte contre la pauvreté ».

Des pays en développement en Afrique comme le Burkina Faso, le Togo, le Sénégal, la Sierra Leone, le Ghana, l’Ouganda, le Kenya, la Guinée l’expérimentent déjà.

A la Société nationale des eaux du Bénin, SONEB, même si on porte des gants pour ne pas vanter une méthode qui viendrait à concurrencer les prestations offertes, on sait qu’il y a un enjeu social qui va au-delà de tout, a savoir l’accès massif à l’eau potable.

Un haut responsable de la Société qui a accepté de s’exprimer sous le couvert de l’anonymat a d’ailleurs déclaré « qu’en attendant que la SONEB ne couvre tout le territoire national en eau potable, il faut saluer l’intérêt que SODIS peut représenter à la population. ».

Seulement pour y arriver, il est important de tenir compte de plusieurs facteurs que sont les besoins de traitement de l’eau, l’état de santé de la population, les conditions climatiques et la disponibilité des bouteilles.

Article réalisé dans le cadre du projet d'articles transfrontaliers pour le programme de mentorat de la Fédération Mondiale des journalistes scientifiques

vendredi 22 août 2008

BÉNIN: Du soleil + une bouteille en plastique = de l’eau propre

COTONOU, 11 juillet 2008 (IRIN) - Le gouvernement béninois cherche à augmenter considérablement le pourcentage de Béninois ayant accès à l’eau potable d’ici à 2015 et une organisation, le Centre régional pour l’eau potable et l’assainissement à faible coût (CREPA) espère combler cette lacune grâce à une solution simple, qui ne demande guère plus qu’un peu de soleil et une bouteille en plastique.

Créée par l’Institut fédéral suisse pour les sciences et technologies de l’eau (EAWAG), cette méthode, baptisée désinfection solaire de l’eau, ou SODIS, utilise les rayons UV-A et la chaleur du soleil pour décontaminer l’eau.

Jusqu’ici, pas moins de deux millions de personnes dans 20 pays ont eu recours à cette méthode, bien que le Bénin soit l’un des rares pays d’Afrique de l’Ouest à l’avoir testée.

Grâce au soleil, qui rayonne à foison, les responsables du CREPA affirment que la méthode de la SODIS pourrait contribuer à résoudre en bonne partie le problème de l’eau potable dans la région.

« D’après ce que nous savons sur les avantages que cette méthode a, à l’heure actuelle, pour bon nombre de personnes, nous pensons que la SODIS contribuera à orienter les stratégies adoptées par les autorités nationales dans le domaine de l’eau dans beaucoup de pays d’Afrique, dans le cadre d’un plan de lutte contre la pauvreté », a indiqué Yadjide Gbedo Adissoda, conseillère technique et ingénieur au CREPA.

Seuls 41 pour cent des Béninois qui vivent en milieu rural ont actuellement accès à l’eau salubre, mais le gouvernement espère porter ce nombre à 67 pour cent d’ici à l’an 2015, dans le cadre des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD).

La diarrhée provoque pas moins de 17 pour cent des décès de nourrissons observés dans le pays, selon Countdown to 2015, une organisation non-gouvernementale (ONG), et elle tue, dans le monde, 2,5 millions de personnes chaque année.

Mode d’emploi

La plupart des Béninois qui ne sont pas reliés au réseau hydraulique s’en sortent en purifiant leur eau eux-mêmes (en la faisant bouillir, en la javellisant, ou en filtrant les sédiments).

La méthode SODIS est plus simple. Les utilisateurs prennent une bouteille de plastique transparente d’une contenance maximale de trois litres, la remplissent d’eau et la placent sur leur toit, ou sur une plaque de tôle ondulée pour qu’elle absorbe les rayons du soleil.

Six heures à deux jours plus tard, en fonction de l’intensité des rayons du soleil, l’eau devrait être purifiée.

Selon les responsables de l’EAWAG, les UV-A tuent les organismes pathogènes de l’eau et la chaleur du soleil a un effet pasteurisant. Ces effets conjugués permettent de détruire jusqu’à 99,9 pour cent des microorganismes responsables du choléra et de la diarrhée.

« Un nombre important de bactéries coliformes ont disparu lorsque la méthode SODIS a été appliquée en laboratoire », a affirmé Mme Adissoda du CREPA.

Selon les études d’impact de la SODIS, le taux d’infections diarrhéiques chute de 20 à 70 pour cent lorsque la méthode est appliquée. Cette méthode est peu coûteuse (les bouteilles coûtent environ six centimes de dollar la pièce et peuvent être réutilisées si elles sont bien entretenues), et sûre (selon les études menées jusqu’ici, il n’y a aucun risque de voir le plastique se diluer dans l’eau, selon Mme Adissoda). Et le goût de l’eau n’est pas chimique.

« Cette eau a vraiment bon goût », a affirmé Gnona Marthe, une habitante du village de Sèkandji, à la périphérie de Cotonou, où les villageois testent actuellement la méthode SODIS.

Jean Yadouléton, directeur du CREPA, a confirmé les dires de Gnona Marthe, déclarant à IRIN que « lorsqu’ils ont comparé l’eau traitée selon la méthode SODIS avec ce qu’ils étaient habitués à consommer, ils ont noté une différence de goût considérable ».

Une méthode qui traîne à être adoptée

Malgré les avantages de leur méthode, les responsables de la SODIS à la Société nationale des eaux du Bénin (SONEB) disent n’avoir pas encore décidé de promouvoir la SODIS en tant que stratégie officielle et ne souhaitent pas annoncer ouvertement si cela changera ou non.

« La SODIS est recommandée uniquement dans les cas où il n’y a pas d’eau potable. Dans les régions bien approvisionnées en eau potable, il n’y a pas de problème », a déclaré une source proche du ministère béninois de l’Eau, sous le couvert de l’anonymat.

En outre, la SODIS ne fonctionne pas lorsque les conditions requises ne sont pas réunies. « Il est impératif d’utiliser des bouteilles soigneusement lavées et d’avoir les mains propres », a indiqué Mme Adissoda.

Cela suppose un degré important de sensibilisation à l’hygiène, or les campagnes d’information publique peuvent coûter jusque deux dollars par personne, a-t-elle ajouté.

L’eau elle-même ne doit pas être trop sale : si elle est trop trouble, elle risque de résister aux rayons du soleil. Enfin, bien que les bouteilles en plastique soient peu coûteuses, on n’en trouve pas toujours en abondance dans les régions rurales. En revanche, l’ingrédient principal, le soleil, rayonne à profusion dans des pays tels que le Bénin.

Les responsables de la SODIS s’efforcent de sensibiliser les populations à cette méthode dans l’ensemble de la région, en espérant voir évoluer les attitudes à l’égard de celle-ci.

Leurs efforts commencent peut-être à porter leurs fruits à la Société nationale des eaux du Bénin.

D’abord peu locace, un autre haut responsable de la SONEB a en effet fini par déclarer à IRIN, sous couvert de l’anonymat : « A mesure que nous commençons à approvisionner l’ensemble du territoire national en eau potable, nous pensons que nous devrions nous réjouir de l’intérêt que la SODIS peut susciter au sein de la population béninoise ».

Godefroy Macaire CHABI

mercredi 13 août 2008

Revoici les jeunes

Cette semaine-ci encore, ils se sont donné rendez vous dans la belle province, le Québec. Sinon, comment peut il être possible de manquer ce genre de rendez vous alors qu’il y a tant à faire et tan à dire ? Impossible a semblé massivement répondre une jeunesse francophone profondément préoccupée par les choses.
Le Conseil International des Organisations de jeunes de la Francophonie avec sa bonne quinzaine de délégués a signé le cahier de présence. Une brochette de plusieurs jeunes francophones recrutés par des organismes divers sont également ici pour créer le maillage avec la jeunesse d’ailleurs.
Surtout qu’à Québec, toutes les problématiques de notre époque seront bigrement brassées. Il y a la question de l’eau. Dans le monde, plus de la moitié de la population n’a pas accès à l’eau dans les milieux urbains et ruraux. Les pays en développement paient le plus lourd tribut. Notre époque est aussi confrontée à la maladie. Toutes sortes de maladie, les pires que l’humanité ait jamais connues : le paludisme, le Sida, la tuberculose et nous en oublions. Le climat change considérablement, sans que personne ne puisse dire avec exactitude quelle sera l’ampleur du désastre pour l’humanité dans les années à venir. Les ressources naturelles connaissent une destruction effroyable. L’effet conjugué du malaise naturel contribue drastiquement à un épisode qui se tourne actuellement à savoir la crise alimentaire mondiale. Si les grands ont posé le diagnostic, les jeunes pensent que l’avenir leur appartient, et qu’au-delà d’un simple slogan, il faut agir pour sauver sa propre maison.

Le congrès mondial de la jeunesse doublé de l’Ecole d’Eté de l’Institut du nouveau Monde ayant cours à Québec au Canada est symptomatique de la volonté de ceux qui y sont.

Et précisément avec toutes les innovations dont ils se sont bardés, le monde leur appartient vraiment.

Expositions, mais aussi discussions et actions, avec des représentants de plus de 100 pays. Imaginez ce que cela donnera peut être dans un ou deux ans, si l’engagement et la frénésie constatés à Québec sont entretenus et suivis avec esprit de suite.

Godefroy Macaire CHABI

samedi 26 juillet 2008

BÉNIN: Des distributeurs de préservatifs à l’abandon

COTONOU, 26 juin 2008 (PlusNews) - Cela fait près de 10 minutes que Placide introduit une pièce de 50 francs CFA (0,10 dollar) dans le distributeur automatique de préservatifs installé dans le grand hall de l’Office de radiodiffusion et télévision du Bénin (ORTB), mais la machine refuse obstinément de lui délivrer le paquet de préservatif espéré. Placide se fait aider, mais rien n’y fait. Avant lui, Gérard, un visiteur de passage a fait le même constat dans plusieurs administrations. « Vous constaterez la même chose ailleurs, on ne sait pas pourquoi c’est comme cela. J’ai bien le sentiment qu’on les a mis pour orner le décor », a critiqué Gérard. « Pourtant dans ce périmètre, on sait bien que les prostituées sont nombreuses à racoler les clients la nuit », a commenté David Mégnigbèto, conducteur de véhicule à l’ORTB. Certains distributeurs semblent en effet avoir fait leur temps au Bénin. Une cinquantaine d’entre eux ont été installés dans différents lieux stratégiques du pays depuis le début des années 2000, mais aujourd’hui, beaucoup d’entre eux ne fonctionnent plus.

De l’euphorie à la désillusion

L’initiative avait été mise en œuvre à l’origine par le projet ‘Santé, service sociaux au profit des adolescents et des jeunes’ (3S ADOS) et OSV-Jordan, une ONG médicale spécialisée dans la santé de la reproduction et la sensibilisation sur le VIH/SIDA, avec l’appui financier du Fond des Nations Unies pour la population (FNUAP). « Nos premiers distributeurs ont été installés entre 2000 et 2001 dans les zones à forte affluence et dans les milieux juvéniles. On les a mis dans les universités, les centres de jeunes et de loisirs à Pobè, Bohicon, Kandi [plusieurs localités du Bénin] », s’est souvenu Achille Métahou, épidémiologiste VIH/SIDA, responsable formation, suivi et évaluation de projet de santé de la reproduction à OSV-Jordan. Cette initiative était partie d’un constat, a expliqué M. Métahou. « Les gens ne vont pas dans les centres de santé pour [chercher] les préservatifs. Ils craignent les regards devant les comptoirs de pharmacie et dans les boutiques ». Puis, « on a commencé par mettre les préservatifs dans les toilettes et quelques temps après, on a remarqué qu’ils disparaissaient. Nous en avons déduit qu’il y avait un besoin réel… d’où l’installation de ces distributeurs », a-t-il poursuivi. Mais le temps, et surtout les comportements inciviques, ont conduit l’initiative presque au bord de l’échec, à en croire les différents acteurs. « Il y a deux faiblesses qui expliquent les problèmes que rencontrent les distributeurs », a dit Jérémie Houssou, coordonnateur ventes et distribution pour le Programme de marketing social et de communication pour la santé, PSI-Bénin. « Ils sont régulièrement sabotés par les utilisateurs qui y mettent n’importe quelle pièce de monnaie, [et d’autre part] le cycle de remplissage n’est pas respecté car les gestionnaires, voyant l’utilisation que les consommateurs en font, ne veulent plus prendre le risque d’engager des frais inutilement ».

Le découragement

OSV-Jordan a confirmé ces difficultés. « On faisait un suivi périodique tous les mois, on avait même formé des pairs éducateurs pour orienter les cibles vers les distributeurs et les éduquer sur son exploitation, et cela évoluait positivement. Mais l’incivisme des populations a fini par prendre le pas. Les gens vont même jusqu’à utiliser les monnaies étrangères, pourvu qu’elles déclenchent le système ! », a déploré M. Métahou. L’absence de maintenance régulière peut aussi expliquer en partie la situation des distributeurs au Bénin. « Il n’y a pas eu de lignes budgétaires et on a eu des difficultés pour faire face à la maintenance », a-t-il dit. A cela il faut ajouter un manque de coordination et de prévision, a-t-il estimé. « Au départ la boîte de quatre préservatifs coûtaient 50 francs CFA, et les distributeurs de l’époque étaient [adaptés à des pièces de cette taille]. Aujourd’hui, avec le changement du label ‘Prudence’ en ‘Prudence Plus’ de PSI-Bénin, ce n’est plus à 50 mais à 100 francs CFA », a noté M. Métahou. « Ce changement de coût a beaucoup joué sur les choses, puisqu’on s’est trouvé dans l’incapacité d’utiliser les anciens distributeurs ». Pourtant, l’abandon de ces distributeurs automatiques serait une mauvaise nouvelle pour la lutte contre le sida, ont estimé plusieurs acteurs. « [Le distributeur] a l’avantage de renforcer l’accessibilité et la disponibilité du produit. Les gens vont facilement vers le produit, ça motive à l’utilisation et ça renforce la discrétion », a noté M. Houssou de PSI-Bénin.

Espoir malgré tout

L’arrêt de mort des distributeurs n’a cependant pas encore été signé, comme le montrent différentes initiatives. Après la phase de découragement, OSV-Jordan a annoncé reprendre son bâton de pèlerin et renégocier avec le FNUAP en vue de relancer l’expérience des distributeurs automatiques, en tirant les leçons des erreurs du passé. Le Projet Corridor, un projet régional de lutte contre le sida le long des axes migratoires entre Abidjan (Côte d’Ivoire) et Lagos (Nigeria), a également fait installer des distributeurs dans les localités frontalières. Les machines y fonctionnent sans discontinuer, a constaté IRIN/PlusNews. Des projets similaires sont également en cours au ministère de l'Eau et dans 13 mairies du nord du Bénin, dans le cadre d’un projet transversal de prévention appuyé par la coopération allemande et mis en œuvre par PSI-Bénin. Des initiatives nécessaires, selon plusieurs acteurs de la lutte contre le sida, qui estiment qu’il faut relancer l’intérêt des populations pour ce moyen de prévention de l’infection au VIH, l’utilisation du préservatif semblant connaître une tendance à la baisse ces dernières années. En 2007, 8,2 millions de préservatifs ont été vendus, contre 10 millions en 2004, selon PSI-Bénin, un désintérêt qui a accompagné la baisse du taux de prévalence du VIH au Bénin –autour de deux pour cent aujourd’hui- et qui pourrait en partie y être lié, les populations relâchant leur vigilance.

Godefroy Macaire CHABI

BÉNIN: Des relations sexuelles à risque, à la faveur de l'obscurité forcée

COTONOU, 24 juillet 2008 (PlusNews) - Alain*, un jeune habitant de Cotonou, se dit comblé : depuis que des délestages plongent régulièrement la principale ville du Bénin dans l’obscurité, il n’a plus à se préoccuper de payer une chambre d’hôtel pour avoir une relation sexuelle occasionnelle – un coin tranquille dans une rue sombre suffit. Dans de nombreux pays de la sous-région, l’explosion du prix du baril de pétrole au cours des derniers mois a entraîné une recrudescence des coupures d’électricité, dans des pays dont l’économie nationale se trouve dans l’incapacité de supporter les surcoûts liés au fonctionnement de la plupart de leurs centrales électriques. Depuis plusieurs mois, les délestages sont donc le lot quotidien des habitants de Cotonou. Tandis que la majorité de la population ne voit dans ces coupures récurrentes que des inconvénients, certains jeunes y trouvent, eux, des avantages. « Avant, je n’arrivais pas à faire régulièrement l’amour, car pour y arriver il faut amener la femme soit à la maison, soit dans une chambre de passage », a expliqué Alain, chauffeur de taxi dans une gare routière du quartier Jonquet, en plein centre de Cotonou. « C’était un grand souci pour moi, puisque cela implique qu’il faut en avoir les moyens ». Une chambre d’hôtel de passage lui coûtait entre 1 000 et 1 500 francs CFA (de 2,4 à 3,6 dollars), tandis que ramener une femme chez lui était risqué, a-t-il dit. « Ma vraie copine pouvait à tout moment me surprendre si je me hasardais à le faire. Aujourd’hui, il suffit que je guette l’obscurité pour me satisfaire ». Le quartier Jonquet a acquis une réputation sulfureuse, au-delà même des frontières du Bénin, en raison des nombreuses travailleuses du sexe qui y exercent et des hommes à la recherche d’une relation sexuelle occasionnelle qui les fréquentent. Jusqu’à il y a quelques mois, Jean-Marc*, un célibataire de 35 ans, n’osait pas trop venir dans cette zone, malgré son désir d’avoir des relations sexuelles. « Je n’ai pas de petite amie et … je fréquentais ce quartier à la recherche de prostituées, mais en même temps, j’avais très honte, car étant donné que c’est un quartier animé, j’ai toujours craint de me faire identifier », a-t-il expliqué à IRIN/PlusNews. Un souci qu’il n’a plus depuis quelques mois. « Maintenant, il y a régulièrement l’obscurité dans ce quartier et je n’ai plus honte, je fais tout ce que je veux », s’est-il réjouit. « [Une fois], ils ont coupé l’électricité toute la nuit », a raconté Pierre Ola, un étudiant de 22 ans. « J’ai passé tout mon temps dans un lieu calme et un peu isolé avec ma petite amie qui a avancé à ses parents de faux arguments pour sortir de la maison ». Comme Alain, Jean-Marc, Pierre et bien d’autres, de nombreux jeunes, limités par leur absence d’autonomie financière, la surveillance parentale ou la pression sociale, ont trouvé dans cette obscurité forcée un refuge.
« Le délestage ne fait pas que du mal, même si quelque part cela gêne l’économie et provoque des désagréments », a estimé Guy Gbété, un jeune mécanicien. « Au moins ça permet à la jeunesse de s’exprimer sexuellement. Car il y a trop de blocages actuellement pour nous, les jeunes ».

Inquiétudes

Ces délestages inquiètent en revanche des acteurs de la lutte contre le sida, qui y voient un facteur de risque de propagation des infections sexuellement transmissibles (IST), notamment du VIH, les conditions n’étant pas réunies pour favoriser des relations sexuelles protégées. « Une enquête nous a permis de savoir que dans certaines zones de Cotonou, beaucoup de choses se passent les nuits depuis que nous connaissons ces délestages, au mépris des règles de prévention [du VIH/SIDA] », a dit à IRIN/PlusNews Achille Métahou, d’OSV Jordan, une organisation non gouvernementale béninoise spécialisée dans la santé. « Il n’y a aucun doute que ceux qui profitent du délestage et de l’obscurité que cela induit pour faire l’amour ne respectent pas toujours les règles élémentaires en termes de protection », a-t-il affirmé. Maxime Akpé, un électricien moto, a confirmé que la précipitation dans laquelle avaient souvent lieu ces relations le conduisait parfois à l’imprudence. « Il m’arrive de porter des préservatifs, mais le jour où je suis très excité, j’oublie, surtout si la jeune fille est pressée de partir, je passe directement à l’acte », a-t-il avoué. Les inquiétudes des acteurs de la lutte contre le sida face à ce phénomène sont confortées par le fait que si le taux de prévalence du VIH au Bénin a baissé de manière significative ces dernières années, passant sous la barre des deux pour cent, selon les autorités, le taux d’utilisation du préservatif a connu la même tendance : 8,2 millions de préservatifs ont été vendus en 2007, contre 10 millions trois ans plus tôt, selon l’organisation internationale de marketing social PSI-Bénin. Les autorités béninoises se sont dites conscientes des effets néfastes des délestages, pas uniquement en ce qui concerne la lutte contre le sida et les IST. « Les conséquences s’observent dans tous les domaines actuellement. Voilà pourquoi nous faisons tout pour expérimenter toutes les solutions afin d’éviter des dérives sociales », a indiqué Nazaire Dossou, directeur général de la Société Béninoise d’énergie électrique. En attendant, certains jeunes se sont dits prêts à prendre leurs responsabilités, et à ne pas se laisser attirer par la facilité des rencontres à la faveur de l’obscurité. « Je crois que en tant que jeunes, nous devons prendre conscience d’une telle situation de délestage et voir quelles peuvent être nos propositions, plutôt que d’y voir un moment de dépravation », a affirmé Philippe Sounou, jeune comptable dans une entreprise privée de Cotonou. « De toute façon, ça peut être suicidaire, avec les nombreuses maladies qui circulent ».

*Patronyme occulté

Godefroy Macaire CHABI