mardi 8 septembre 2009

Highway Africa 2009 à Grahamstown (Afrique du Sud)

Nouvelles opportunités…..nouveaux medias

Depuis ce 06 septembre 2009, ils sont environ 600 professionnels des médias, spécialistes de la communication, chercheurs, innovateurs technologiques et créateurs de contenus à répondre au rendez-vous de « Highway Africa », le plus grand événement média sur le continent à Grahamstown, près de Port Elizabeth, en Afrique du Sud.

L’appel à la réflexion de cette 13ème édition du Highway Africa relève d’une vraie approche prospective, ce d’autant plus que l’accent est mis sur les contenus médiatiques dans l’essor de la démocratie et le développement en Afrique à l’horizon 2010.

Jusqu’au 08 septembre, panels, discussions, ateliers, rencontres, exhibitions vont constituer d’importants créneaux et espaces d’ouverture vers la problématique centrale de la Conférence.

Pour de nombreux observateurs présents, le choix de l’année 2010 n’est pas sans lien avec l’événement que s’apprête à vivre l’Afrique du Sud à savoir la Coupe du monde de football.

Mais soulignons le bien, l’évocation de cet horizon ne servira que de prétexte au traitement des enjeux majeurs de la rencontre.

Au cœur des questions essentielles


De la justice sociale à l’environnement en passant par la santé, le genre, les questions de liberté et d’égalité sociales, la Conférence ne s’éloignera pas trop de ses objectifs. Car elle trouvera la juste adaptation aux nouveaux médias en Afrique. Les meilleures pratiques sont ainsi attendues et feront l’objet d’un partage. C’est déjà à ce niveau que pourrait se mesurer, selon des participants, l’utilité d’une rencontre comme celle-là. Les expériences des uns alimentant les idées des autres dans une chaîne continue de transmission et d’appropriation des connaissances pour le progrès social des peuples africains.

En Zambie par exemple, une initiative conduite par l’association « Behind the mask » en français « Derrière le masque » permet de défendre à travers les nouveaux médias les droits des homosexuels, transsexuels, lesbiennes, très souvent en proie à la marginalisation sociale et médiatique.

Selon sa responsable, Nthaleng Mhlanbiso, « beaucoup de médias classiques ont peur de couvrir ce type de sujet perçu comme un tabou ». Elle a expliqué que son association « entend être le porte parole des gens marginalisés par les médias en Afrique ».

C’est ainsi qu’elle développe des actions autour des blogs, groupes de discussions, messageries téléphoniques pour combler le fossé d’information créé par les médias classiques sur cette couche frappée « d’ostracisme ».

Des initiatives du genre, beaucoup de pays africains en comptent à la faveur des médias digitaux, à l’image des projets numériques destinés à la couche rurale et aux orphelins du Sida en Ouganda.

Par ailleurs, des initiatives sont en cours en Afrique du Sud pour mettre en réseau les communautés pauvres interdites de parole. De la même façon, un projet dénommé CellLife utilise la technologie téléphonique pour améliorer la vie des gens affectés par le Sida en leur fournissant les informations dont ils ont besoin, a indiqué Stephan Hofstatter son initiateur.

Dans cette réflexion, l’éducation prendra inévitablement sa place. Car, les technologies de l’information et de la communication représentent pour de nombreux systèmes éducatifs dans le monde un support efficace et à moindre coût dans le processus de production du savoir. Et c’est ce que la Conférence va démontrer par le développement d’outils nouveaux et ciblés.

A l’heure des médias numériques

Cela ne devrait surprendre personne si les opérateurs de téléphonie mobile et les fournisseurs d’accès Internet ne ratent aucune occasion pour prendre d’assaut les allées de Grahamstown. L’émission des signaux de télévision et de radio sur le mobile en est un exemple assez illustrateur. Les nombreuses possibilités en termes de transmission des données multimédia indiquent chaque jour des passerelles exploitables à tous les points de la planète.

La Conférence entend dans le processus de sa maturation prouver que tout cela est possible sur le continent et qu’il y a lieu de donner plus de rythmes aux initiatives y afférentes.
Même les médias sociaux à l’image de Facebook qui, il y a quelques années encore étaient la chasse gardée de quelques uns s’imposent aujourd’hui comme de nouvelles possibilités à la croisée des enjeux de liberté d’expression et d’auto organisation des utilisateurs.

S’il est vrai que le nouveau contexte médiatique rend tout le monde producteur d’information, il est clair que pour les acteurs médiatiques classiques notamment, il y a encore des tas de possibilités dans la recherche de sources d’information.

C’est justement à l’heure actuelle l’une des nombreuses pistes de réflexion. L’éthique et la déontologie qui vont fonder ces nouvelles opportunités constituent toute une autre problématique dont le champ restera à coup sûr inépuisable.

Grahamstown, Godefroy Macaire CHABI

samedi 5 septembre 2009

Grahammstown (Afrique du Sud): Le Climat au Highway Africa 2009

Cette annee encore et pour la 13 eme fois consecutive, les professionnels des medias africains, plus 700, se donnent rendez-vous autour de l'enjeu des Nouveaux Medias. La reflexion pour cette 13 eme edition porte sur le role des medias dans la democratie et le developpement avec une perspective sur l'annee 2010.

Des sujets assez pointus comme l'environnement, le climat seront alors traites sous le prisme de l'apport des Technologies de l'information et de la communication.

Les points qui feront l'objet de partage au cours de ce Highway Africa fourniront aux journalistes les cles d'une integration et de l'usage des Nouveaux Medias dans le traitement des questions de developpement.

Par exemple, comment un bon reportage sur l'environnement en meme temps qu'il passe par les Nouveaux Medias permettra de produire un changement des comportements et des politiques. En outre, quelles possibilites en termes de ressources, le nouvel environnement offre aux professionnels des medias en Afrique?

Godefroy Macaire CHABI (Grahammstown)

Du sable lagunaire pour s’adapter au changement climatique

La plage de Sème Kpodji, à une quinzaine de km à l’est de Cotonou affiche un air inhabituel cet après midi d’un jour de Septembre. Seuls trois camions sont en pleine opération de chargement. Il y a un mois, on ne pouvait pas l’imaginer. En ces mêmes lieux, des dizaines de camions remplis de sable se relayaient encore sur cette carrière de sable marin. Si c’est ainsi, c’est parce que les autorités ont décidé de mettre fin à l’exploitation du sable marin, au regard de l’érosion qui menace la côte et dont le prélèvement du sable représente un des facteurs aggravants. D’ici quelques jours, aucun exploitant de sable marin n’aura l’excuse de son ignorance d’une telle interdiction, lorsque le décret que prépare le gouvernement sera appliqué.


« L’Etat devrait prendre la décision depuis longtemps, mais craignant que cela n’engendre d’autres situations ingérables et des surcoûts, il y a renoncé. Car on ne peut pas interdire définitivement le prélèvement du sable marin sans proposer une solution de rechange aux exploitants » a confié à IRINNEWS Césaire Agossa, Directeur de communication du Ministère béninois chargé de l’urbanisme, de l’habitat, de la réforme foncière et de la lutte contre l’érosion côtière.

La solution, ce sont les carrières de sable lagunaire ou continental. 36 périmètres miniers de sable sont actuellement en cours d’ouverture dans 5 localités de la zone côtière à savoir : Abomey Calavi, Sô-Ava, Cotonou, Ouidah, Sèmè Kpodji.

Mais la mise en œuvre de la mesure ne peut être effective que si les sites sont viabilisés. Voilà pourquoi, le génie militaire est associé et s’active depuis quelques jours sur ces différents périmètres.

Son rôle est d’aménager les pistes et voies d’accès à ces carrières de sable lagunaire, pour éviter que d’autres contraintes ne viennent remettre les exploitants sur le chemin du sable marin.

Le génie militaire n’intervient pas systématiquement sur l’ensemble des périmètres. Seuls sur quelques uns où le problème d’accès se pose, comme dans les communes d’Abomey Calavi et Sô Ava.

Malgré tout, l’exploitation se poursuit

« Je ne peux rien faire, je n’ai pas le choix, tant que tous les sites d’exploitation du sable lagunaire ne sont pas fonctionnels. Le dragage n’est même pas effectué sur certains sites. Sur d’autres, il n’existe pas de drague. Alors dans ce cas, je suis bien obligé de continuer en attendant que la situation se normalise », a fait remarquer un transporteur de sable qui a requis l’anonymat.

Sur certains périmètres comme à Sèmè Kpodji, une localité située à l’Est de Cotonou où l’avancée de la mer est nettement perceptible, du sable continental est disponible. Car le site est lancé depuis 2007. Les propriétaires des parcelles occupées dédommagés ou réinstallés.

Malgré cela, des camions préfèrent survoler ces périmètres pour aller charger sur la plage.

« Moi, je continue jusqu’au jour où le décret sera pris et qu’il ne me sera plus possible d’aller prélever du sable », s’est exprimé le propriétaire d’un chantier en construction à Cotonou.

Pour un voyage de sable, le propriétaire du camion encaisse entre 40 000 FCFA et 60 000 FCFA chez ses clients.
Et c’est tout le monde qui profite de ce commerce, même la commune, car à Sèmè Kpodji par exemple, une taxe de 1000 FCFA est perçue par les autorités sur chaque camion qui quitte la plage.

A la Direction béninoise de la lutte contre l’érosion côtière, DLEC située à moins de 400 mètres de la plage à Cotonou, Mme Roukaïyatou Sobabe Fadikpe qui a travaillé sur le dossier du sable marin a confié que « même si l’exploitation n’est plus très prononcée, elle se poursuit sur les plages ». « Il y a deux semaines, au cours d’une sortie inopinée, nous avons vu beaucoup de camions qui allaient et venaient. Mais nous ne pouvons rien maintenant. Dès que ça va être définitivement interdit, personne n’aura le droit de faire cela », a-t-elle poursuivi

Une prise de conscience naissante

« On nous a dit que notre localité est menacée par l’érosion côtière, et qu’à cette allure d’ici une quinzaine d’année, nous allons disparaître si rien n’est fait. Si la décision vise à nous donner de l’espoir, alors la ville de Sèmè Kpodji préfère vivre plutôt que de mourir », a clamé un exploitant de sable marin à Sèmè Kpodji au cours d’une rencontre avec le gouvernement.

Prêcher par l’exemple semble la logique du côté des autorités, si l’on veut que la solution soit respectée.

« Le gouvernement jouera sa partition, lorsqu’on sait que le plus grand consommateur de sable reste l’administration. Sur tous les chantiers de l’Etat, aucune construction ne pourra plus se faire avec le sable marin. », a affirmé le Ministre béninois des mines, Saka Lafia.

Quelques problèmes et des résistances


Dans beaucoup de sites retenus pour l’exploitation du sable, se posent de nombreux problèmes. A Sô Ava, une commune lacustre, l’inondation de la plate forme de dragage constitue un frein aux travaux. Dans beaucoup d’autres, il y a encore des doutes sur la réserve du sable si ce n’est pas l’attente d’accord des autorités communales pour l’ouverture des voies d’accès. Parfois, se pose le problème de l’éloignement du gisement de sable de la berge.

La plus grande équation à résoudre dans cette dynamique reste l’hostilité des populations qui exige des dédommagements. Des scènes de fusillade ont même eu lieu dans certains sites comme à Abomey Calavi, où des individus ont été obligés de chasser les promoteurs et l’administration minière.

Sur un périmètre par exemple dans cette ville, une quantité énorme de sable a été gerbée, mais la population s’est opposée à la vente, affirmant qu’on veut brader son patrimoine.

Autant de réticences qui ont exigé une diplomatie de la part des autorités centrales, qui continuent d’ailleurs la recherche de solutions durables face à cette nécessité.

Apporter une réponse aux effets du changement climatique

Il est de notoriété publique que les effets du réchauffement de la planète impactent sérieusement la surface de la mer. Le Bénin est souvent confronté au phénomène cyclique de déferlement caractérisé par l’avancée de la mer. Plusieurs études ont conclu qu’une grande partie de la ville de Cotonou sera envahie par l’eau si rien n’est fait d’ici quelques années.

Face à un tel risque, le pouvoir ne baisse pas les bras. D’ailleurs un total de 32,5 milliards de FCFA, mobilisé avec l’appui des bailleurs de fonds étrangers et multilatéraux (Fond Kowétien, OPEP, Fond saoudien, Royaume du Danemark) a été mis dans l’opération de lutte contre l’avancée de la mer et l’érosion côtière.
L’un des projets gigantesques, c’est la construction des 7 épis pour protéger la côte Est de Cotonou.
Au Ministère chargé de la lutte contre l’érosion côtière, le Directeur de la Communication, Césaire Agossa a annoncé le démarrage effectif des travaux pour le 03 janvier 2009.

« Pour l’heure, nous examinons les soumissions aux appels d’offre. Une chose est sûre, il ne faut plus traîner les pas, car l’heure est grave », a-t-il poursuivi.

Godefroy Macaire CHABI (IRIN)

BENIN: Erosion-inducing coastal sand mining to be outlawed

Faced with rising sea levels and coastal erosion caused in part by coastal sand mining, carting away of free beach sand for commercial uses, the national government has begun a campaign to save its coastal sand by digging up sand inland, instead. But communities near these newly-created sand collection spots are fighting back.

Paul Gbogbo, a farmer from one of the river sand mining sites, Abomey Calavi, told IRIN, “We want our compensation to be clear. We are from the countryside. The state cannot just take our land like that. We are not declaring war; we just do not want to be taken advantage of.”

Disappearing coastal sand

Along West African coastal countries, rising sea levels linked to warming global temperatures have wiped out homes, hotels, roads and harvests.

An increase in construction in Benin’s economic capital, Cotonou, in recent years has driven up demand for sand, which is mixed with cement to pour into foundations.

The government is driving the building boom, according to Benin’s Minister of Mines, Saka Lafia. “The government has its role to play [to fight coastal erosion] because we know that the biggest consumer of sand is the state. On all the government’s construction sites, we will no longer be able to use coastal sand,” he told IRIN.

Shifting sands


Since 2001, the government’s Ministry of Housing, Planning and Control of Coastal Erosion has been searching for ways to fight coastal erosion, said its spokesman, Cesaire Agossa, “The state should have done this [find alternative sand sources] a long time ago, but fearing an unmanageable and costly situation, it decided not to. We cannot forbid coastal sand mining until we propose a solution.”

Since September 2008, the government has accelerated its hunt for alternative sand, and has begun digging up sand at more than 30 places along rivers and lakes in Cotonou and surrounding inland cities Abomey Calavi, So-Ava, Ouidah and Seme Kpodji.

Weighing the risks of mining coastal verses non-coastal sand, the government chose the latter, said a director from the Ministry to Control Coastal Erosion, Roukaiyatou Sobabe Fadikpe, “There can be long-term risks to this plan [dredging sand inland] but specialists say that in the short term, it is not as risky as coastal sand mining. On the coast, it is harder to manage the risks because of the marine environment.”

But international environmental campaign group, Greenpeace, has denounced river sand mining, along with other forms of mining, because the chemicals used to separate the sand from minerals can pollute the water.

Benin’s government plans to charge for the non-coastal sand starting in January 2009, when a new ban on coastal sand mining is to take effect.

Coastal shift

Though banned for more than 15 years, coastal sand mining is still common in Benin.

Fadikpe told IRIN without enforcement, nothing will change. “Just two weeks ago, we saw trucks lined up along the beach. But once a ban is enforced, people will no longer have the right to do that.”

The owner of a Cotonou construction company who requested to remain anonymous told IRIN he is not changing habits yet, “I will continue until there is a decree and it will no longer be possible for me to dig for coastal sand.”

He said he pays sand diggers between US$87 and US$125 per truck load. Benin’s average monthly salary is less than US$50, according to the World Bank.

The only cost for sand diggers is US$2 paid to city governments each time they collect coastal sand. But this will change with the new inland sand quarries where people will need to pay taxes to both the federal and local governments, according to the Ministry of Mines.

Problems


In early 2007, the government paid for the relocation of residents from Seme Kpodji to other zones to make room for a sand quarry. But the local non-profit Front United Against Coastal Erosion (FULAM) said the government awarded land and housing to people based on favouritism rather than need. The government has since suspended the relocation program.

FULAM also said the government did not involve waterfront communities in their planning.

Despite early challenges, the government is moving ahead with inland sand mining, funded in part by US$45 billion pledged by Denmark, Saudi Arabia, Kuwait, and the Organization of Petroleum Exporting Countries.

“We cannot drag our feet,” said government spokesman Agossa, “because time is running out.”

Godefroy Macaire CHABI (IRIN Cotonou)