Ces dernières 48 heures, nous avons pu voir à la télévision deux gros avions charters atterrir à l’aéroport de Bamako, avec à leur bord des centaines de jeunes maliens aux visages déconfits et aux yeux hagards, comme s’ils étaient jetés dans un univers qui leur était inconnu. Pourtant, ils étaient chez eux d’une ritournelle libyenne. Car, l’image n’est pas nouvelle et rappelle des dizaines d’autres expéditions dont nous gratifie encore l’actualité allant de la Libye au couloir de Lampedusa en passant par les hauteurs de barbelés du Maroc.
Beaucoup en regardant ces images et en constatant que c’étaient des maliens se seraient exclamé : Encore eux !
Curieusement à leur descente des avions qui les ramenaient, les « revenus » n’avaient qu’un nom à la bouche « Kadhafi ». Même dans les rues de Bamako, les personnes interviewées n’ont raté aucune occasion pour brocarder avec une violence d’expression le Guide de la Révolution libyenne, en se moquant littéralement de son projet des Etats Unis d’Afrique. Toute observation faite, il s’agirait d’un fétu dont peut se moquer le vent.
Globalement pour tout ce monde, l’opération de rapatriement collectif représente un échec de cette vision que défend activement Mouamar Kadhafi.
C’est certainement une bonne curieuse des nombreuses façons de voir les choses.
A l’attention, la réaction des uns et des autres souligne toute l’irresponsabilité qui entoure le discours et explique que l’Afrique refuse toujours de laisser place au bon sens et de savoir s’assumer.
Je me rappelle très bien qu’un Ministre français avait affirmé il y a quelques années déjà que la France n’allait pas collecter toutes les misères du monde. Relayé après par l’ex Président de La République, Jacques Chirac. A l’époque, malheureusement comme les africains nous en ont donné l’habitude, il y a eu moult récriminations et protestations de toutes natures pour dénoncer le caractère inamical de cette position et son parfum amnésique. Comme si en l’affirmant, leurs auteurs oubliaient les rapports historiques entre la France et l‘Afrique, et qui devraient contraindre les autorités à accepter que n’importe qui s’installe en France.
Cela tombe sous le sens. A chaque fois qu’on décide de discipliner les africains dans ce sillage, ils cherchent toutes sortes de corrélation.
Qu’on se le tienne pour dire. A moins d’opter pour la paresse intellectuelle qui veut qu’on interprète les choses selon ses propres intérêts du moment. Le projet des Etats Unis d’Afrique s’il faut y croire, ne devrait être réduit à cette simple expression. Plus clairement, ce n’est guère parce que quelqu’un a pris sur lui le leadership d’un tel projet que le territoire de son pays s’en verrait marqué et que toute l’Afrique s’y trouverait un abri.
Imaginez tous les citoyens américains s’agglutiner dans l’Etat de New York parce qu’il serait la plus grande place financière américaine et la capitale boursière.
Raisonnablement, il ne devrait avoir aucun déterminisme dans ce sillage sauf si l’on a envie de retomber dans l’hypocrisie qui malheureusement reste et demeure un des nombreux maux qui accablent ce Continent.
L’immigration aussi bien à l’échelle de l’Afrique qu’au-delà ne peut s’envisager que sur la base des règles et des procédures bien précises.
Les Etats Unis s’ils doivent être une réalité demain revient tout simplement à parler de responsabilité de l’ensemble des pays et des acteurs du Continent qui doivent changer d’orientation et prendre en charge leur propre destin pour assurer le bonheur des populations.
Même avec ses pétro dollars, il est encore illusoire de croire que Kadhafi a déjà garanti le plein bonheur à son peuple et supporter le lourd fardeau des autres.
Si vous aimez les Maliens, dites leur de prendre de la hauteur et d’apprendre à compter sur eux même et non sur la Lybie.
Le Ministre malien de l’intégration africaine l’a visiblement compris et pourra en parler à ceux de ses compatriotes qui ont encore la comprenette difficile.
Car en voyant la psychologie des jeunes débarqués sur la piste de l’aéroport de Bamako, j’ai cru l’avoir entendu dire à leur endroit : « Le peuple a besoin de vous ».
Godefroy Macaire CHABI
dimanche 16 novembre 2008
mercredi 5 novembre 2008
Collin POWELL, Secrétaire d'Etat de Obama?
Pourquoi pas? Qui pourrait en douter, comme s'il ne s'agissait que d'une association contre nature Bush-Obama ou Obama-McCain?
Les choses ont tellement évolué ces derniers temps que pour Collin Powell, il pourrait être perçu comme un lâchage tout éventuel éloignement du petit Obama, devenu GRAND depuis hier.
Il est bien possible que Collin puisse être pris d'envie de se remettre dans ses habits d'il y a quelques années pour épauler celui dont on dit qu'il serait inexpérimenté dans les questions internationales.
Tout est désormais possible dans cette Amérique qui a étonné le monde hier comme elle l'a déjà fait il y a 8 ans lorsqu'il a fallu recompter morceau après morceau les suffrages des électeurs. L'impression à l'époque avait été que la démocratie sous les Tropiques a inspiré la Géante Amérique.
Aujourd'hui, c'est au Kenya qu'on ressent plus l'étonnement. Et là bas, Collin Powell ne déplairait à personne.
Godefroy Macaire CHABI
Les choses ont tellement évolué ces derniers temps que pour Collin Powell, il pourrait être perçu comme un lâchage tout éventuel éloignement du petit Obama, devenu GRAND depuis hier.
Il est bien possible que Collin puisse être pris d'envie de se remettre dans ses habits d'il y a quelques années pour épauler celui dont on dit qu'il serait inexpérimenté dans les questions internationales.
Tout est désormais possible dans cette Amérique qui a étonné le monde hier comme elle l'a déjà fait il y a 8 ans lorsqu'il a fallu recompter morceau après morceau les suffrages des électeurs. L'impression à l'époque avait été que la démocratie sous les Tropiques a inspiré la Géante Amérique.
Aujourd'hui, c'est au Kenya qu'on ressent plus l'étonnement. Et là bas, Collin Powell ne déplairait à personne.
Godefroy Macaire CHABI
mercredi 29 octobre 2008
BÉNIN: La peur du VIH fait fuir les donneurs de sang
COTONOU, 21 octobre 2008 (PlusNews) - La peur d’être testé positif au VIH, le trop faible nombre de donneurs et le manque de formation des travailleurs sanitaires ont mené le Bénin à se retrouver dans une situation de pénurie de sang dangereuse, a prévenu le responsable de l’association nationale des donneurs de sang. Selon Rynce Agassoussi, président de l’Association béninoise des donneurs bénévoles de sang, depuis le début de l’année 2008, le sang fait cruellement défaut dans huit des 12 banques de sang du pays. La situation est moins critique dans les quatre banques des départements restants –l’Atacora et Donga, dans le nord, et le Mono et Couffo, dans le sud- grâce au Projet d’amélioration de la sécurité transfusionnelle, PASTAM, mené par la coopération belge. Le taux de couverture laisse « au moins 25 pour cent des gens [en attente de sang] mourir bêtement », a regretté M. Agassoussi, notant cependant qu’il était difficile de savoir combien de personnes étaient décédées par manque de transfusion sanguine, dans la mesure où les hôpitaux n’indiquaient pas cela comme cause du décès. « Au CNHU [Centre national hospitalier et universitaire, le plus grand hôpital du pays, à Cotonou], tous les soirs, des gens arrivent, en détresse. Ils ont des parents qui ont besoin de sang, mais impossible parfois de leur trouver la moindre goutte. Ils repartent bouleversés », a-t-il dit. Le professeur André Bigot, chef de service de la banque de sang au CNHU, a dit à IRIN que la situation était grave. « Nous avons eu des [patients atteints de] leucémie, de drépanocytose, qui avaient besoin de sang mais n’en ont pas eu », a-t-il dit.
Manque de matériel
Le manque de matériel constitue l’un des multiples obstacles au don de sang, a noté M. Agassoussi. « Parfois le donneur est disponible, mais il n’y a pas de poche pour recueillir son sang », a-t-il témoigné. Selon Augustin Vodounon, technicien de laboratoire au service départemental de prélèvement du sang à Cotonou, « l’absence de matériels ne date pas d’aujourd’hui, mais ces derniers mois, la situation est devenue intenable. Il y a pénurie notamment de réactifs dans tout le pays. On ne peut pas prendre le sang sans le tester ». L’association des donneurs estime qu’il faudrait jusqu’à deux millions de dollars pour acheter suffisamment de réactifs pour couvrir l’ensemble des besoins du pays. Le ministère de la Santé alloue 1,2 million de dollars au fonctionnement des 12 banques de sang du pays, selon M. Agassoussi. Les procédures de passation de marché et d’approvisionnement en réactifs sont longues, et sans ces produits, le sang collecté ne peut être utilisé, a-t-il ajouté.
La peur du VIH
Paradoxalement, ce sont les tests permettant de garantir la sécurité du sang qui découragent certains donneurs, a expliqué M. Agassoussi. « Beaucoup [de gens] ont peur de venir donner leur sang car ils craignent que les analyses ne révèlent qu'ils ont le VIH. Les gens ont aussi peur de beaucoup d'autres maladies comme l'hépatite. C'est une réalité à laquelle on est confronté », a-t-il dit. « Nous pensons que la [baisse du nombre] de donneurs ces dernières années s'explique en partie par cet état de chose, même si il y a beaucoup d'autres raisons ». Une crainte qu’Alain Boton, un étudiant, a confirmée. « Jamais je ne [donnerai mon sang] », a affirmé le jeune homme. « Je sais très bien que les gens ont besoin de sang, mais il ne faut pas qu'en allant les sauver, je me créé des problèmes psychologiques. Je préfère vivre paisiblement comme si de rien n'était ». Un habitant de Cotonou, qui s’est présenté comme Benoît N., a dit qu’il n’accepterait d’être donneur qu’à une condition. « S’il n’y avait pas de tests, je donnerai volontiers mon sang. Mais à partir du moment où mon sang est soumis à différents tests qui peuvent révéler des maladies douteuses, j’aurai des problèmes ». Les gens prêts à donner leur sang existent, particulièrement parmi les étudiants, a noté M. Agassoussi, mais ils sont peu fiables. « Nous collectons généralement deux fois plus de sang parmi les étudiants que dans les centres de dons. Mais lorsque vient le moment des vacances ou des examens, ils disparaissent ».
Problèmes du système de santé
Le responsable national du PASTAM, le docteur Edgar Lafia, a estimé que les pénuries de sang étaient également en partie dues à un système sanitaire désorganisé. « Il faut une infrastructure d’accueil, un laboratoire bien équipé, des réactifs disponibles et un personnel qualifié », a-t-il noté. Le gouvernement a néanmoins fait des efforts pour améliorer le système au cours des dernières années, selon lui, avec le soutien de coopérations bilatérales, notamment la Suisse, la Belgique et l’Allemagne. M. Bigot, du CNHU, a aussi pointé du doigt les multiples grèves nationales de personnels de santé réclamant de meilleures conditions de travail. « L’engouement des donneurs a pu s’émousser s’ils ont été reçus par des travailleurs sanitaires démotivés, frustrés par leurs conditions de travail », a-t-il dit. Au Bénin, les donneurs réguliers et les donneurs fidèles ne dépassent pas les 4 000 par an, sur une population de près de huit millions d’habitants, selon l’association nationale des donneurs bénévoles de sang. A ces donneurs réguliers s’ajoutent les donneurs occasionnels : ils étaient 15 000 en 2007. Avec les grèves enregistrées en 2008, M. Agassoussi craint que les dons connaissent une baisse cette année.
Les patients se tournent vers l’extérieur
Face à la situation de crise, de nombreuses personnes se sont tournées vers des pays voisins, notamment le Togo et le Nigeria. « Il y a quelques jours, j’ai été obligé d’aller acheter du sang au Togo, je n’avais plus le choix », a dit à IRIN Aline, qui s’était, dans un premier temps, adressée au CNHU de Cotonou pour trouver le sang dont sa mère malade avait besoin. Pour M. Bigot, « c’est une honte qu’on en soit arrivé là ». Au Bénin, une poche de sang subventionnée par le gouvernement coûte l’équivalent d’environ quatre dollars, alors que les patients payent trois à quatre fois plus cher hors du Bénin. Face au danger, la banque de sang du CNHU, dont la mission principale est le stockage des lots sanguins, s’est reconvertie dans le prélèvement des dons. L’association des donneurs bénévoles tente quant à elle de mobiliser les populations pour les inciter à se rendre dans les centres de collecte. « Si le tapage sur le don de sang était le dixième de ce qu’on fait sur le sida, on pourrait éviter beaucoup de dégâts et de pertes en vies humaines », a dit M. Agassoussi
Godefroy Macaire CHABI
Manque de matériel
Le manque de matériel constitue l’un des multiples obstacles au don de sang, a noté M. Agassoussi. « Parfois le donneur est disponible, mais il n’y a pas de poche pour recueillir son sang », a-t-il témoigné. Selon Augustin Vodounon, technicien de laboratoire au service départemental de prélèvement du sang à Cotonou, « l’absence de matériels ne date pas d’aujourd’hui, mais ces derniers mois, la situation est devenue intenable. Il y a pénurie notamment de réactifs dans tout le pays. On ne peut pas prendre le sang sans le tester ». L’association des donneurs estime qu’il faudrait jusqu’à deux millions de dollars pour acheter suffisamment de réactifs pour couvrir l’ensemble des besoins du pays. Le ministère de la Santé alloue 1,2 million de dollars au fonctionnement des 12 banques de sang du pays, selon M. Agassoussi. Les procédures de passation de marché et d’approvisionnement en réactifs sont longues, et sans ces produits, le sang collecté ne peut être utilisé, a-t-il ajouté.
La peur du VIH
Paradoxalement, ce sont les tests permettant de garantir la sécurité du sang qui découragent certains donneurs, a expliqué M. Agassoussi. « Beaucoup [de gens] ont peur de venir donner leur sang car ils craignent que les analyses ne révèlent qu'ils ont le VIH. Les gens ont aussi peur de beaucoup d'autres maladies comme l'hépatite. C'est une réalité à laquelle on est confronté », a-t-il dit. « Nous pensons que la [baisse du nombre] de donneurs ces dernières années s'explique en partie par cet état de chose, même si il y a beaucoup d'autres raisons ». Une crainte qu’Alain Boton, un étudiant, a confirmée. « Jamais je ne [donnerai mon sang] », a affirmé le jeune homme. « Je sais très bien que les gens ont besoin de sang, mais il ne faut pas qu'en allant les sauver, je me créé des problèmes psychologiques. Je préfère vivre paisiblement comme si de rien n'était ». Un habitant de Cotonou, qui s’est présenté comme Benoît N., a dit qu’il n’accepterait d’être donneur qu’à une condition. « S’il n’y avait pas de tests, je donnerai volontiers mon sang. Mais à partir du moment où mon sang est soumis à différents tests qui peuvent révéler des maladies douteuses, j’aurai des problèmes ». Les gens prêts à donner leur sang existent, particulièrement parmi les étudiants, a noté M. Agassoussi, mais ils sont peu fiables. « Nous collectons généralement deux fois plus de sang parmi les étudiants que dans les centres de dons. Mais lorsque vient le moment des vacances ou des examens, ils disparaissent ».
Problèmes du système de santé
Le responsable national du PASTAM, le docteur Edgar Lafia, a estimé que les pénuries de sang étaient également en partie dues à un système sanitaire désorganisé. « Il faut une infrastructure d’accueil, un laboratoire bien équipé, des réactifs disponibles et un personnel qualifié », a-t-il noté. Le gouvernement a néanmoins fait des efforts pour améliorer le système au cours des dernières années, selon lui, avec le soutien de coopérations bilatérales, notamment la Suisse, la Belgique et l’Allemagne. M. Bigot, du CNHU, a aussi pointé du doigt les multiples grèves nationales de personnels de santé réclamant de meilleures conditions de travail. « L’engouement des donneurs a pu s’émousser s’ils ont été reçus par des travailleurs sanitaires démotivés, frustrés par leurs conditions de travail », a-t-il dit. Au Bénin, les donneurs réguliers et les donneurs fidèles ne dépassent pas les 4 000 par an, sur une population de près de huit millions d’habitants, selon l’association nationale des donneurs bénévoles de sang. A ces donneurs réguliers s’ajoutent les donneurs occasionnels : ils étaient 15 000 en 2007. Avec les grèves enregistrées en 2008, M. Agassoussi craint que les dons connaissent une baisse cette année.
Les patients se tournent vers l’extérieur
Face à la situation de crise, de nombreuses personnes se sont tournées vers des pays voisins, notamment le Togo et le Nigeria. « Il y a quelques jours, j’ai été obligé d’aller acheter du sang au Togo, je n’avais plus le choix », a dit à IRIN Aline, qui s’était, dans un premier temps, adressée au CNHU de Cotonou pour trouver le sang dont sa mère malade avait besoin. Pour M. Bigot, « c’est une honte qu’on en soit arrivé là ». Au Bénin, une poche de sang subventionnée par le gouvernement coûte l’équivalent d’environ quatre dollars, alors que les patients payent trois à quatre fois plus cher hors du Bénin. Face au danger, la banque de sang du CNHU, dont la mission principale est le stockage des lots sanguins, s’est reconvertie dans le prélèvement des dons. L’association des donneurs bénévoles tente quant à elle de mobiliser les populations pour les inciter à se rendre dans les centres de collecte. « Si le tapage sur le don de sang était le dixième de ce qu’on fait sur le sida, on pourrait éviter beaucoup de dégâts et de pertes en vies humaines », a dit M. Agassoussi
Godefroy Macaire CHABI
Notre pensée positive pour les archives audiovisuelles
Le 27 octobre, l'UNESCO a convié l'ensemble de la communauté à dédier la journée aux archives.
J'en profite pour rappeler à l'attention de tous, la menace qui guette les archives audiovisuelles, notamment les professionnelles des médias audiovisuels.
La valeur éducative et didactique des archives est incommensurable.
Il y a des moyens d'éviter une telle catatrophe. Ne loupons pas l'occasion de nous y consacrer. Car le chiffres sont troublants: plus de 800 millions d'heures de radio et de télévision sont en danger de disparition, si l'inaction et l'indifférence deviennent la règle.
Passez le message à tous!
Godefroy Macaire CHABI
J'en profite pour rappeler à l'attention de tous, la menace qui guette les archives audiovisuelles, notamment les professionnelles des médias audiovisuels.
La valeur éducative et didactique des archives est incommensurable.
Il y a des moyens d'éviter une telle catatrophe. Ne loupons pas l'occasion de nous y consacrer. Car le chiffres sont troublants: plus de 800 millions d'heures de radio et de télévision sont en danger de disparition, si l'inaction et l'indifférence deviennent la règle.
Passez le message à tous!
Godefroy Macaire CHABI
BENIN : L’essence de la contrebande menace la sécurité des populations
Paul Kessou jure presque lorsqu’il en parle : « Je ne laisserai jamais cette activité, car c’est elle qui me procure encore le petit bonheur que je vis actuellement ». Et ce jeune de 28 ans et père de deux enfants n’entend faire aucune concession là-dessus.
Pourtant, ce commerce fait moins de bien que du mal dans le pays. Au Ministère du commerce, on estime à près d’un millier par année le nombre des victimes de l’essence au Bénin.
« Ce commerce fait des victimes chaque jour, l’Etat doit vraiment prendre ses responsabilités, dans un pays sérieux ce ne sont pas des choses à tolérer », a réagi Fatim Abdoulaye, une jeune commerçante du centre ville de Cotonou.
Cette essence est appelée « Kpayo », ce qui signifie en langue fon « mauvaise qualité », en raison de sa forte teneur en plomb, propice à la fumée qui s’échappe de l’échappement des motos et des véhicules qui l’utilisent.
La proximité du Bénin avec le Nigéria, grand producteur du pétrole favorise le développement de cette activité.
« Le long des zones frontalières du sud au nord du pays, des milliers de grossistes font entrer le produit sur le territoire national à un rythme inquiétant, et cela constitue aujourd’hui une vraie menace pour la sécurité des populations béninoises de l’intérieur», a informé le Directeur de la promotion du commerce intérieur, Claude Allagbé.
Un commerce dangereux
« N’importe qui achète et vend l’essence Kpayo, à partir de ce moment, on peut s’attendre à tout », s’est indigné Wilfrid Mongazi, spécialiste de l’environnement
Effectivement, la manipulation à grande échelle de l’essence a déjà créé d’énormes dégâts dans le pays, en provoquant de nombreux incendies.
En 2006 à Porga, une ville moyenne située à la frontière avec le Burkina Faso dans le nord du pays, des dizaines de personnes ont trouvé la mort en allant recueillir de l’essence qui s’échappait d’un camion citerne. Parmi ces personnes, des femmes, des enfants à bas âge et des bébés.
En Juin 2008, une pharmacie de Cotonou a été gagnée par des flammes lorsqu’un étalage d’essence se situant à proximité à pris feu.
En 2007, un homme est mort calciné à un grand carrefour lorsque le liquide qu’il transportait sur son engin s’est mis à couler pour toucher son moteur.
Au cours de la même année, un gendarme du nom de Narcisse Akpadji qui roulait sur son engin à une heure de pointe de la soirée à Cotonou a subi une brûlure mortelle, lorsque le bidon d’essence que transportait un taxi moto a explosé.
En 2006, à Ouagbo une campagne située à plus de 100 km de Cotonou, un camion qui fait régulièrement la transaction entre le Sud et le nord du pays s’est renversé et son contenu a pris feu faisant un mort.
Il a quelques jours, en voyant les bouteilles d’essence aux abords des principales voies de Cotonou, des occidentaux en visite au Bénin ont pensé que le pays était un producteur du vin. En apprenant qu’il s’agissait de carburant, ils se sont exclamés : « vous allez brûler tout le pays ! »
Un Etat dépassé parfois par la situation
Face à cela, le gouvernement a pris un certain nombre de mesures : l’interdiction formelle du commerce de l’essence, la reconversion des vendeurs à d’autres activités et l’encouragement de la construction des stations trottoirs.
Cette dernière mesure s’applique avec satisfaction, plus de 150 stations trottoirs ayant été construites dans le pays depuis 2007, selon M. Allagbé.
Quant aux autres mesures, elles semblent marquer le pas pour diverses raisons.
L’opinion publique évoque la précipitation qui entoure les décisions sans tenir compte des facteurs sociologiques et les calculs politiciens des dirigeants, conscients du vivier électoral que représentent les acteurs de ce commerce.
Pour Bernard Dossou Dossa, Président de l’Association béninoise des consommateurs Que Choisir Bénin, « c’est l’Etat qui ne joue pas son rôle. Si on avait des responsables dignes du nom on en serait pas là »
Plus de 70% du marché de l’essence est dominé par l’informel, a indiqué M. Allagbé.
Dans tout le pays, il est facile de voir aux abords des rues des bouteilles disposées sur des tables, au mépris de toutes réglementations. De même, le spectacle des conducteurs de taxi motos transportant parfois sur un même engin trois ou quatre voire cinq bidons de 50 litres d’essence.
En 2005, a précisé M. Allagbé, 245 millions de litres d’essences en provenance du marché nigérian ont regagné les rues du Bénin contre 36 millions de litres dans les stations réglementaires. En 2007, l’essence du marché noir a atteint 551 millions de litres pendant que le marché formel n’a commercialisé que 81 millions de litres.
Le litre de ce carburant est vendu à 375 FCFA contre 650 FCFA dans les stations service.
Godefroy Macaire CHABI
Pourtant, ce commerce fait moins de bien que du mal dans le pays. Au Ministère du commerce, on estime à près d’un millier par année le nombre des victimes de l’essence au Bénin.
« Ce commerce fait des victimes chaque jour, l’Etat doit vraiment prendre ses responsabilités, dans un pays sérieux ce ne sont pas des choses à tolérer », a réagi Fatim Abdoulaye, une jeune commerçante du centre ville de Cotonou.
Cette essence est appelée « Kpayo », ce qui signifie en langue fon « mauvaise qualité », en raison de sa forte teneur en plomb, propice à la fumée qui s’échappe de l’échappement des motos et des véhicules qui l’utilisent.
La proximité du Bénin avec le Nigéria, grand producteur du pétrole favorise le développement de cette activité.
« Le long des zones frontalières du sud au nord du pays, des milliers de grossistes font entrer le produit sur le territoire national à un rythme inquiétant, et cela constitue aujourd’hui une vraie menace pour la sécurité des populations béninoises de l’intérieur», a informé le Directeur de la promotion du commerce intérieur, Claude Allagbé.
Un commerce dangereux
« N’importe qui achète et vend l’essence Kpayo, à partir de ce moment, on peut s’attendre à tout », s’est indigné Wilfrid Mongazi, spécialiste de l’environnement
Effectivement, la manipulation à grande échelle de l’essence a déjà créé d’énormes dégâts dans le pays, en provoquant de nombreux incendies.
En 2006 à Porga, une ville moyenne située à la frontière avec le Burkina Faso dans le nord du pays, des dizaines de personnes ont trouvé la mort en allant recueillir de l’essence qui s’échappait d’un camion citerne. Parmi ces personnes, des femmes, des enfants à bas âge et des bébés.
En Juin 2008, une pharmacie de Cotonou a été gagnée par des flammes lorsqu’un étalage d’essence se situant à proximité à pris feu.
En 2007, un homme est mort calciné à un grand carrefour lorsque le liquide qu’il transportait sur son engin s’est mis à couler pour toucher son moteur.
Au cours de la même année, un gendarme du nom de Narcisse Akpadji qui roulait sur son engin à une heure de pointe de la soirée à Cotonou a subi une brûlure mortelle, lorsque le bidon d’essence que transportait un taxi moto a explosé.
En 2006, à Ouagbo une campagne située à plus de 100 km de Cotonou, un camion qui fait régulièrement la transaction entre le Sud et le nord du pays s’est renversé et son contenu a pris feu faisant un mort.
Il a quelques jours, en voyant les bouteilles d’essence aux abords des principales voies de Cotonou, des occidentaux en visite au Bénin ont pensé que le pays était un producteur du vin. En apprenant qu’il s’agissait de carburant, ils se sont exclamés : « vous allez brûler tout le pays ! »
Un Etat dépassé parfois par la situation
Face à cela, le gouvernement a pris un certain nombre de mesures : l’interdiction formelle du commerce de l’essence, la reconversion des vendeurs à d’autres activités et l’encouragement de la construction des stations trottoirs.
Cette dernière mesure s’applique avec satisfaction, plus de 150 stations trottoirs ayant été construites dans le pays depuis 2007, selon M. Allagbé.
Quant aux autres mesures, elles semblent marquer le pas pour diverses raisons.
L’opinion publique évoque la précipitation qui entoure les décisions sans tenir compte des facteurs sociologiques et les calculs politiciens des dirigeants, conscients du vivier électoral que représentent les acteurs de ce commerce.
Pour Bernard Dossou Dossa, Président de l’Association béninoise des consommateurs Que Choisir Bénin, « c’est l’Etat qui ne joue pas son rôle. Si on avait des responsables dignes du nom on en serait pas là »
Plus de 70% du marché de l’essence est dominé par l’informel, a indiqué M. Allagbé.
Dans tout le pays, il est facile de voir aux abords des rues des bouteilles disposées sur des tables, au mépris de toutes réglementations. De même, le spectacle des conducteurs de taxi motos transportant parfois sur un même engin trois ou quatre voire cinq bidons de 50 litres d’essence.
En 2005, a précisé M. Allagbé, 245 millions de litres d’essences en provenance du marché nigérian ont regagné les rues du Bénin contre 36 millions de litres dans les stations réglementaires. En 2007, l’essence du marché noir a atteint 551 millions de litres pendant que le marché formel n’a commercialisé que 81 millions de litres.
Le litre de ce carburant est vendu à 375 FCFA contre 650 FCFA dans les stations service.
Godefroy Macaire CHABI
Film: Africa Paradis du béninois Sylvestre Amoussou
Blanc sur noirs…basculement
Il y a ici quelque chose de vraiment décapant. L'Europe sombre et vit sa galère. L'Afrique entre dans la prospérité et l'opulence puis se pose comme alternative. C'est l'hémorragie des Blancs vers le continent noir à la recherche de l'Eldorado perdu. Olivier et Pauline sont emblématiques d'un destin collectif qui s'écroule. Ils mettent tout en œuvre pour voyager vers cet ailleurs rempli de promesses. Faux papiers, voyage clandestin…. Sur place, c'est la mésaventure : sales boulots, tracasseries avec la police et l'immigration, chasse à l'homme et expulsion.Le scénario joue l'inversion des rôles. Ce sont les Blancs qui doivent maintenant vivre leur part du drame noir en Occident. À eux de vivre les sensations, les visions et les approches des immigrés Noirs.Africa Paradis oppose deux visions du monde. La vision noire feutrée qui entend se sortir d'une injustice en se projetant dans un avenir radieux et lavé de malédictions. La vision blanche, implacable, marquée ici par une certaine fierté incontrôlée, mais rapidement inversée par l'inattendu. Et ce sont ces deux visions qui créent le basculement, trame de fond de ce film. Basculement, on le voit bien dans le sort de deux mondes que tout semble confiner dans une immuabilité. Basculement dans le destin de Pauline et Olivier qui débarquent en Afrique avec un projet commun. Mais l'un se révolte, l'autre pas. Comme eux, beaucoup de "sans voix" vivent cet isolement dramatique. Basculement aussi pour le député Modibo Kodossou défenseur d'une intégration ou d'un maillage inter sociétal. Lui qui finit par s'éprendre de Pauline par la force d'un simple engagement politique. Devrions-nous y voir une invite à l'effondrement des barrières pour construire un monde plus juste, serti sur la prise en compte des diversités ? Sylvestre ne traite-t-il pas ici de façon lisse et novatrice la question de l'immigration avec de nouvelles approches fondées sur le respect de l'humain tout court ?Effectivement, il y a dans Africa Paradis, un aller-retour de regards. Sylvestre suggère que le Noir en position de force développe le même regard que le Blanc. Les fragiles réflexes de Pauline ne tiennent pas le choc face au discours et au regard du député Yokossi et du commissaire, encore moins aux propos naïfs mais sensés de la fille de Modibo. Une appréciation hâtive pourrait y déceler l'apologie du racisme. Ce qui de toute évidence ne permettrait pas de traduire la pensée de Sylvestre. En clair, le député Yokossi et ses suppôts incarnent en tout une "extrême droite africaine" se nourrissant de l'Occident par opposition à une gauche minoritaire dont Modibo est le porte étendard. Partir de l'Afrique pour montrer l'Europe dans son quotidien, est manifestement le désir de Africa Paradis. Partir de l'Afrique pour montrer l'Afrique reste aussi calé dans le projet. Ce qui introduit tout simplement l'image d'une auto culpabilité qui prend appui sur querelles intestines, intrigues diverses et violences gratuites.Voilà la question que ne cesse de poser ce film, non sans une certaine gravité. Juste un moment de vraie hilarité, lorsqu'au parlement on pose une question à Modibo distrait par une caricature. "Qu'est ce que vous pensez de cette éruption volcanique ?" Réponse "Je suis contre". Tout le reste du temps, on s'interroge. Les jeux de lumières sombres sur les visages et les nuances qu'ils introduisent puis les illustrations par la musique originale composée par Wasis Diop évoquent peur, anxiété et doute. Avec des acteurs qui jouent bien leur rôle : Sylvestre Amoussou devant et derrière la caméra, Eriq Ebouaney tient bien son personnage comme dans Lumumba ; Cheik Doukouré, malgré de timides apparitions, en impose. Il y a bien entendu Sandrine Bulteau qui non seulement produit mais joue.La fin est presque pathétique. Et pour les Noirs. Et pour les Blancs. On est donc tous dans un mélodrame. C'est sans doute le courage que Africa Paradis a de poser le problème et de foncer dans ses approches qui lui a valu l'accueil très réservé au niveau de la distribution en Europe.Ce cinéma est bon, il distrait et remobilise vite. Paradoxalement, comme premier long métrage du réalisateur, il annonce une carrière non pas paradisiaque, mais d'enfer.
Godefroy Macaire CHABI
Africa Paradis, de Sylvestre Amoussou, Bénin, 86'. Scénario : Sylvestre AMOUSSOU et Pierre SAUVIL. Images : Guy CHANEL. Musique : Wasis DIOP. Avec Eriq Ebouaney, Sylvestre Amoussou, Émile Abossolo M'Bo, S. Roux, Sandrine Buteau. Sortie : 28 février 2007
Biographie du réalisateur
Agé de 44 ans, Sylvestre Amoussou vit en France depuis une vingtaine d’années. Il a commencé sa carrière comme acteur. Comédien de théâtre, de cinéma et de télévision, Sylvestre est devenu réalisateur par la force des choses. En France, les propositions de rôles pour les africains sont rares. Alors, Sylvestre à la recherche d’un canal d’expression embrasse le travail de réalisateur, et dans cette cordée il réalise « Africa Paradis ».
Comme Réalisateur, il a à son actif deux courts métrages : Les scorpionnes (1997), Africa Paradis (2001, en court Métrage). Puis il a réalisé une série de trois épisodes, « Achille » avant de mettre à l’écran en 2006 le long métrage de Africa Paradis.
A propos de Africa Paradis, voici que le réalisateur déclare :
« J’ai décidé que l’Afrique est devenue un continent riche et l’Europe est devenue totalement décadente. Donc l’immigration change de camp. Et c’est les Blancs, les Européens qui vont au consulat des Etats-Unis d’Afrique pour demander un visa pour se rendre en Afrique. Et évidemment…on leur refuse le visa et ils décident d epartir clandestinement. Dans ce film, on voit enfin les européens vivre…..en fait…un tout petit peu ce que peut vivre un immigré quand il vient en France ».
Il y a ici quelque chose de vraiment décapant. L'Europe sombre et vit sa galère. L'Afrique entre dans la prospérité et l'opulence puis se pose comme alternative. C'est l'hémorragie des Blancs vers le continent noir à la recherche de l'Eldorado perdu. Olivier et Pauline sont emblématiques d'un destin collectif qui s'écroule. Ils mettent tout en œuvre pour voyager vers cet ailleurs rempli de promesses. Faux papiers, voyage clandestin…. Sur place, c'est la mésaventure : sales boulots, tracasseries avec la police et l'immigration, chasse à l'homme et expulsion.Le scénario joue l'inversion des rôles. Ce sont les Blancs qui doivent maintenant vivre leur part du drame noir en Occident. À eux de vivre les sensations, les visions et les approches des immigrés Noirs.Africa Paradis oppose deux visions du monde. La vision noire feutrée qui entend se sortir d'une injustice en se projetant dans un avenir radieux et lavé de malédictions. La vision blanche, implacable, marquée ici par une certaine fierté incontrôlée, mais rapidement inversée par l'inattendu. Et ce sont ces deux visions qui créent le basculement, trame de fond de ce film. Basculement, on le voit bien dans le sort de deux mondes que tout semble confiner dans une immuabilité. Basculement dans le destin de Pauline et Olivier qui débarquent en Afrique avec un projet commun. Mais l'un se révolte, l'autre pas. Comme eux, beaucoup de "sans voix" vivent cet isolement dramatique. Basculement aussi pour le député Modibo Kodossou défenseur d'une intégration ou d'un maillage inter sociétal. Lui qui finit par s'éprendre de Pauline par la force d'un simple engagement politique. Devrions-nous y voir une invite à l'effondrement des barrières pour construire un monde plus juste, serti sur la prise en compte des diversités ? Sylvestre ne traite-t-il pas ici de façon lisse et novatrice la question de l'immigration avec de nouvelles approches fondées sur le respect de l'humain tout court ?Effectivement, il y a dans Africa Paradis, un aller-retour de regards. Sylvestre suggère que le Noir en position de force développe le même regard que le Blanc. Les fragiles réflexes de Pauline ne tiennent pas le choc face au discours et au regard du député Yokossi et du commissaire, encore moins aux propos naïfs mais sensés de la fille de Modibo. Une appréciation hâtive pourrait y déceler l'apologie du racisme. Ce qui de toute évidence ne permettrait pas de traduire la pensée de Sylvestre. En clair, le député Yokossi et ses suppôts incarnent en tout une "extrême droite africaine" se nourrissant de l'Occident par opposition à une gauche minoritaire dont Modibo est le porte étendard. Partir de l'Afrique pour montrer l'Europe dans son quotidien, est manifestement le désir de Africa Paradis. Partir de l'Afrique pour montrer l'Afrique reste aussi calé dans le projet. Ce qui introduit tout simplement l'image d'une auto culpabilité qui prend appui sur querelles intestines, intrigues diverses et violences gratuites.Voilà la question que ne cesse de poser ce film, non sans une certaine gravité. Juste un moment de vraie hilarité, lorsqu'au parlement on pose une question à Modibo distrait par une caricature. "Qu'est ce que vous pensez de cette éruption volcanique ?" Réponse "Je suis contre". Tout le reste du temps, on s'interroge. Les jeux de lumières sombres sur les visages et les nuances qu'ils introduisent puis les illustrations par la musique originale composée par Wasis Diop évoquent peur, anxiété et doute. Avec des acteurs qui jouent bien leur rôle : Sylvestre Amoussou devant et derrière la caméra, Eriq Ebouaney tient bien son personnage comme dans Lumumba ; Cheik Doukouré, malgré de timides apparitions, en impose. Il y a bien entendu Sandrine Bulteau qui non seulement produit mais joue.La fin est presque pathétique. Et pour les Noirs. Et pour les Blancs. On est donc tous dans un mélodrame. C'est sans doute le courage que Africa Paradis a de poser le problème et de foncer dans ses approches qui lui a valu l'accueil très réservé au niveau de la distribution en Europe.Ce cinéma est bon, il distrait et remobilise vite. Paradoxalement, comme premier long métrage du réalisateur, il annonce une carrière non pas paradisiaque, mais d'enfer.
Godefroy Macaire CHABI
Africa Paradis, de Sylvestre Amoussou, Bénin, 86'. Scénario : Sylvestre AMOUSSOU et Pierre SAUVIL. Images : Guy CHANEL. Musique : Wasis DIOP. Avec Eriq Ebouaney, Sylvestre Amoussou, Émile Abossolo M'Bo, S. Roux, Sandrine Buteau. Sortie : 28 février 2007
Biographie du réalisateur
Agé de 44 ans, Sylvestre Amoussou vit en France depuis une vingtaine d’années. Il a commencé sa carrière comme acteur. Comédien de théâtre, de cinéma et de télévision, Sylvestre est devenu réalisateur par la force des choses. En France, les propositions de rôles pour les africains sont rares. Alors, Sylvestre à la recherche d’un canal d’expression embrasse le travail de réalisateur, et dans cette cordée il réalise « Africa Paradis ».
Comme Réalisateur, il a à son actif deux courts métrages : Les scorpionnes (1997), Africa Paradis (2001, en court Métrage). Puis il a réalisé une série de trois épisodes, « Achille » avant de mettre à l’écran en 2006 le long métrage de Africa Paradis.
A propos de Africa Paradis, voici que le réalisateur déclare :
« J’ai décidé que l’Afrique est devenue un continent riche et l’Europe est devenue totalement décadente. Donc l’immigration change de camp. Et c’est les Blancs, les Européens qui vont au consulat des Etats-Unis d’Afrique pour demander un visa pour se rendre en Afrique. Et évidemment…on leur refuse le visa et ils décident d epartir clandestinement. Dans ce film, on voit enfin les européens vivre…..en fait…un tout petit peu ce que peut vivre un immigré quand il vient en France ».
LIVRE: Pourquoi l’Afrique pleure et s’enfonce ? Les vraies causes et solutions de la misère africaine
L’agronome plante ses idées pour l’Afrique
Ce livre est bon. Et pour cette raison, les avis vont certainement diverger là-dessus. Le livre de Roland Holou est révolutionnaire et assez bien inspiré. Il ne répond pas forcément avec plénitude à la question qu’il pose, mais rare sont les ouvrages qui ratissent si large dans les idées. Le style n’est pas très châtié, seule la profondeur compte dans un ouvrage du genre. Mais avec ce qu’on y lit, il est très facile de voir en ce bouquin une petite révolution et une teinte de témérité. Car chaque page vogue entre tabous et interdiction dans un contexte où dire certaines vérités relève d’un véritable travail d’Hercule.
En réalité, « Pourquoi l’Afrique pleure et s’enfonce ? » dit tout haut ce que les autres pensent tout bas et apparaît ainsi comme un empêcheur de tourner en rond. Car selon Roland Holou, l’Afrique a trop perdu du temps et court le risque d’en perdre davantage si l’inconscience et la complaisance prédominent et restent les seuls étalons du développement.
Les maux cités sont pluriels et ne sont peut être pas exhaustifs même si à première vue, nous avons l’impression que le livre aborde tout.
Les réalités soulignées sont effectivement celles qui serrent le cou au continent et expliquent que malgré la colonisation et le néocolonialisme tout va si mal.
Puisque l’auteur privilégie la question dans son livre, allons-y et fouettons avec lui le passionnant sujet de l’éducation. Ce d’autant plus que l’initiative du livre jaillit d’une expérience personnelle d’étudiant de l’auteur. Ainsi, le coup de gueule est à résumer en ces termes : il ne faut point privilégier la politique du nombre et des statistiques dans le domaine de l’éducation, mais plutôt être attentif à la qualité des hommes formés. En cela, Roland Holou voit dans la démarche éducative empruntée jusqu’à présent, une espèce d’effet de mode qui consiste à exhiber à la face du monde des pourcentages évolutifs des apprenants au fil des années.
Erreur, car ainsi on a fabriqué, constate Roland Holou des adeptes d’un psittacisme exagéré qui n’apportent rien comme solution aux différentes équations qui se posent.
Ce que veut le livre est d’amener chacun à réfléchir par lui-même pour apporter les vraies réponses ou les approches de taille aux situations qui touchent le continent.
Roland Holou et son livre essaient indirectement de montrer que les Objectifs du Millénaire pour le développement sont irrémédiablement sur une corde raide en Afrique tant que le changement des visions des africains restera un vain projet.
Puis, « Pourquoi l’Afrique pleure et s’enfonce ? » sort de ses trippes une autre réponse, celle là pas souvent évoquée clairement jusqu’alors : la sorcellerie. Même pas avec René Dumont, Foirry, Smith et les autres qui ont répertorié avant lui la litanie des maux sur l’Afrique.
Avouons qu’il n’a y point une explication scientifique de cet argument, mais par empirisme des milliers d’africains sont unanimes pour reconnaître que l’arriération continue du continent trouve ses racines ici. Et Roland Holou a voulu servir de porte-parole de ces personnes qui se demandent pourquoi il est facile de tuer à l’aide d’un pouvoir plutôt que de s’en servir comme baguette magique pour régler le problème de la faim et du chômage ?
Une chose est sûre, il y a beaucoup de lieux communs et du déjà vu dans ce livre. Ainsi à première vue, on peut facilement penser qu’on est loin des propositions et des solutions auxquelles on peut s’attendre. Il n’y a pourtant pas une aridité dans cette réflexion. Voilà pourquoi, il faut avoir de la patience à la lecture de ce livre. Roland a le mérite d’introduire le débat autour des grands chantiers qui sauveront l’Afrique, mais abondamment mis en retrait actuellement. Par exemple la réforme et l’appui à la recherche scientifique, en évitant d’y voir un domaine réservé aux sociétés riches.
Et comme il le souligne avec emphase dans nombre de paragraphes du livre, les intellectuels ont une lourde responsabilité dans la situation actuelle de l’Afrique. Réciproquement, ils doivent s’apprêter aussi à dégager des pistes plausibles et concrètes pour la sortir de l’auberge.
Si l’Afrique veut aller loin, elle peut franchement avoir besoin de cet ouvrage.
Godefroy Macaire CHABI
Mot sur l’auteur
Ingénieur agronome, spécialiste en Aménagement et Gestion de l’environnement, Roland Ahouélété Holou est aujourd’hui âgé de 33 ans. Ce jeune homme poursuit actuellement ses études doctorales aux Etats Unis où il vit comme Résident permanent. C’est au Bénin qu’il a fait le clair de ses études jusqu’au diplôme d’ingénieur Agronome qu’il obtint en 2002 avec la Mention Très Bien.
Sa formation et ses contacts avec le terrain lui ont suggéré l’idée de ce livre et justifient l’ancrage de sa réflexion sur les problèmes de développement.
Il est l’auteur de plusieurs travaux publications scientifiques. Avant « Pourquoi l’Afrique pleure et s’enfonce ? », il a publié « Le bûching et le développement de l’Afrique ». Membre de plusieurs organisations professionnelles à l’image de la société écologique des Etats Unis d’Amérique et le Réseau des Amis de l’Agriculture Ecologique en Afrique, il a la conviction que le sort de l’Afrique est au prix d’une Révolution des intellectuels.
Ce livre est bon. Et pour cette raison, les avis vont certainement diverger là-dessus. Le livre de Roland Holou est révolutionnaire et assez bien inspiré. Il ne répond pas forcément avec plénitude à la question qu’il pose, mais rare sont les ouvrages qui ratissent si large dans les idées. Le style n’est pas très châtié, seule la profondeur compte dans un ouvrage du genre. Mais avec ce qu’on y lit, il est très facile de voir en ce bouquin une petite révolution et une teinte de témérité. Car chaque page vogue entre tabous et interdiction dans un contexte où dire certaines vérités relève d’un véritable travail d’Hercule.
En réalité, « Pourquoi l’Afrique pleure et s’enfonce ? » dit tout haut ce que les autres pensent tout bas et apparaît ainsi comme un empêcheur de tourner en rond. Car selon Roland Holou, l’Afrique a trop perdu du temps et court le risque d’en perdre davantage si l’inconscience et la complaisance prédominent et restent les seuls étalons du développement.
Les maux cités sont pluriels et ne sont peut être pas exhaustifs même si à première vue, nous avons l’impression que le livre aborde tout.
Les réalités soulignées sont effectivement celles qui serrent le cou au continent et expliquent que malgré la colonisation et le néocolonialisme tout va si mal.
Puisque l’auteur privilégie la question dans son livre, allons-y et fouettons avec lui le passionnant sujet de l’éducation. Ce d’autant plus que l’initiative du livre jaillit d’une expérience personnelle d’étudiant de l’auteur. Ainsi, le coup de gueule est à résumer en ces termes : il ne faut point privilégier la politique du nombre et des statistiques dans le domaine de l’éducation, mais plutôt être attentif à la qualité des hommes formés. En cela, Roland Holou voit dans la démarche éducative empruntée jusqu’à présent, une espèce d’effet de mode qui consiste à exhiber à la face du monde des pourcentages évolutifs des apprenants au fil des années.
Erreur, car ainsi on a fabriqué, constate Roland Holou des adeptes d’un psittacisme exagéré qui n’apportent rien comme solution aux différentes équations qui se posent.
Ce que veut le livre est d’amener chacun à réfléchir par lui-même pour apporter les vraies réponses ou les approches de taille aux situations qui touchent le continent.
Roland Holou et son livre essaient indirectement de montrer que les Objectifs du Millénaire pour le développement sont irrémédiablement sur une corde raide en Afrique tant que le changement des visions des africains restera un vain projet.
Puis, « Pourquoi l’Afrique pleure et s’enfonce ? » sort de ses trippes une autre réponse, celle là pas souvent évoquée clairement jusqu’alors : la sorcellerie. Même pas avec René Dumont, Foirry, Smith et les autres qui ont répertorié avant lui la litanie des maux sur l’Afrique.
Avouons qu’il n’a y point une explication scientifique de cet argument, mais par empirisme des milliers d’africains sont unanimes pour reconnaître que l’arriération continue du continent trouve ses racines ici. Et Roland Holou a voulu servir de porte-parole de ces personnes qui se demandent pourquoi il est facile de tuer à l’aide d’un pouvoir plutôt que de s’en servir comme baguette magique pour régler le problème de la faim et du chômage ?
Une chose est sûre, il y a beaucoup de lieux communs et du déjà vu dans ce livre. Ainsi à première vue, on peut facilement penser qu’on est loin des propositions et des solutions auxquelles on peut s’attendre. Il n’y a pourtant pas une aridité dans cette réflexion. Voilà pourquoi, il faut avoir de la patience à la lecture de ce livre. Roland a le mérite d’introduire le débat autour des grands chantiers qui sauveront l’Afrique, mais abondamment mis en retrait actuellement. Par exemple la réforme et l’appui à la recherche scientifique, en évitant d’y voir un domaine réservé aux sociétés riches.
Et comme il le souligne avec emphase dans nombre de paragraphes du livre, les intellectuels ont une lourde responsabilité dans la situation actuelle de l’Afrique. Réciproquement, ils doivent s’apprêter aussi à dégager des pistes plausibles et concrètes pour la sortir de l’auberge.
Si l’Afrique veut aller loin, elle peut franchement avoir besoin de cet ouvrage.
Godefroy Macaire CHABI
Mot sur l’auteur
Ingénieur agronome, spécialiste en Aménagement et Gestion de l’environnement, Roland Ahouélété Holou est aujourd’hui âgé de 33 ans. Ce jeune homme poursuit actuellement ses études doctorales aux Etats Unis où il vit comme Résident permanent. C’est au Bénin qu’il a fait le clair de ses études jusqu’au diplôme d’ingénieur Agronome qu’il obtint en 2002 avec la Mention Très Bien.
Sa formation et ses contacts avec le terrain lui ont suggéré l’idée de ce livre et justifient l’ancrage de sa réflexion sur les problèmes de développement.
Il est l’auteur de plusieurs travaux publications scientifiques. Avant « Pourquoi l’Afrique pleure et s’enfonce ? », il a publié « Le bûching et le développement de l’Afrique ». Membre de plusieurs organisations professionnelles à l’image de la société écologique des Etats Unis d’Amérique et le Réseau des Amis de l’Agriculture Ecologique en Afrique, il a la conviction que le sort de l’Afrique est au prix d’une Révolution des intellectuels.
jeudi 9 octobre 2008
Bénin : Du sable lagunaire pour s’adapter au changement climatique
La plage de Sème Kpodji, à une quinzaine de km à l’est de Cotonou affiche un air inhabituel cet après midi d’un jour de Septembre. Seuls trois camions sont en pleine opération de chargement. Il y a un mois, on ne pouvait pas l’imaginer. En ces mêmes lieux, des dizaines de camions remplis de sable se relayaient encore sur cette carrière de sable marin. Si c’est ainsi, c’est parce que les autorités ont décidé de mettre fin à l’exploitation du sable marin, au regard de l’érosion qui menace la côte et dont le prélèvement du sable représente un des facteurs aggravants. D’ici quelques jours, aucun exploitant de sable marin n’aura l’excuse de son ignorance d’une telle interdiction, lorsque le décret que prépare le gouvernement sera appliqué.
« L’Etat devrait prendre la décision depuis longtemps, mais craignant que cela n’engendre d’autres situations ingérables et des surcoûts, il y a renoncé. Car on ne peut pas interdire définitivement le prélèvement du sable marin sans proposer une solution de rechange aux exploitants » a confié à IRINNEWS Césaire Agossa, Directeur de communication du Ministère béninois chargé de l’urbanisme, de l’habitat, de la réforme foncière et de la lutte contre l’érosion côtière.
La solution, ce sont les carrières de sable lagunaire ou continental. 36 périmètres miniers de sable sont actuellement en cours d’ouverture dans 5 localités de la zone côtière à savoir : Abomey Calavi, Sô-Ava, Cotonou, Ouidah, Sèmè Kpodji.
Mais la mise en œuvre de la mesure ne peut être effective que si les sites sont viabilisés. Voilà pourquoi, le génie militaire est associé et s’active depuis quelques jours sur ces différents périmètres.
Son rôle est d’aménager les pistes et voies d’accès à ces carrières de sable lagunaire, pour éviter que d’autres contraintes ne viennent remettre les exploitants sur le chemin du sable marin.
Le génie militaire n’intervient pas systématiquement sur l’ensemble des périmètres. Seuls sur quelques uns où le problème d’accès se pose, comme dans les communes d’Abomey Calavi et Sô Ava.
Malgré tout, l’exploitation se poursuit
« Je ne peux rien faire, je n’ai pas le choix, tant que tous les sites d’exploitation du sable lagunaire ne sont pas fonctionnels. Le dragage n’est même pas effectué sur certains sites. Sur d’autres, il n’existe pas de drague. Alors dans ce cas, je suis bien obligé de continuer en attendant que la situation se normalise », a fait remarquer un transporteur de sable qui a requis l’anonymat.
Sur certains périmètres comme à Sèmè Kpodji, une localité située à l’Est de Cotonou où l’avancée de la mer est nettement perceptible, du sable continental est disponible. Car le site est lancé depuis 2007. Les propriétaires des parcelles occupées dédommagés ou réinstallés.
Malgré cela, des camions préfèrent survoler ces périmètres pour aller charger sur la plage.
« Moi, je continue jusqu’au jour où le décret sera pris et qu’il ne me sera plus possible d’aller prélever du sable », s’est exprimé le propriétaire d’un chantier en construction à Cotonou.
Pour un voyage de sable, le propriétaire du camion encaisse entre 40 000 FCFA et 60 000 FCFA chez ses clients.
Et c’est tout le monde qui profite de ce commerce, même la commune, car à Sèmè Kpodji par exemple, une taxe de 1000 FCFA est perçue par les autorités sur chaque camion qui quitte la plage.
A la Direction béninoise de la lutte contre l’érosion côtière, DLEC située à moins de 400 mètres de la plage à Cotonou, Mme Roukaïyatou Sobabe Fadikpe qui a travaillé sur le dossier du sable marin a confié que « même si l’exploitation n’est plus très prononcée, elle se poursuit sur les plages ». « Il y a deux semaines, au cours d’une sortie inopinée, nous avons vu beaucoup de camions qui allaient et venaient. Mais nous ne pouvons rien maintenant. Dès que ça va être définitivement interdit, personne n’aura le droit de faire cela », a-t-elle poursuivi
Une prise de conscience naissante
« On nous a dit que notre localité est menacée par l’érosion côtière, et qu’à cette allure d’ici une quinzaine d’année, nous allons disparaître si rien n’est fait. Si la décision vise à nous donner de l’espoir, alors la ville de Sèmè Kpodji préfère vivre plutôt que de mourir », a clamé un exploitant de sable marin à Sèmè Kpodji au cours d’une rencontre avec le gouvernement.
Prêcher par l’exemple semble la logique du côté des autorités, si l’on veut que la solution soit respectée.
« Le gouvernement jouera sa partition, lorsqu’on sait que le plus grand consommateur de sable reste l’administration. Sur tous les chantiers de l’Etat, aucune construction ne pourra plus se faire avec le sable marin. », a affirmé le Ministre béninois des mines, Saka Lafia.
Quelques problèmes et des résistances
Dans beaucoup de sites retenus pour l’exploitation du sable, se posent de nombreux problèmes. A Sô Ava, une commune lacustre, l’inondation de la plate forme de dragage constitue un frein aux travaux. Dans beaucoup d’autres, il y a encore des doutes sur la réserve du sable si ce n’est pas l’attente d’accord des autorités communales pour l’ouverture des voies d’accès. Parfois, se pose le problème de l’éloignement du gisement de sable de la berge.
La plus grande équation à résoudre dans cette dynamique reste l’hostilité des populations qui exige des dédommagements. Des scènes de fusillade ont même eu lieu dans certains sites comme à Abomey Calavi, où des individus ont été obligés de chasser les promoteurs et l’administration minière.
Sur un périmètre par exemple dans cette ville, une quantité énorme de sable a été gerbée, mais la population s’est opposée à la vente, affirmant qu’on veut brader son patrimoine.
Autant de réticences qui ont exigé une diplomatie de la part des autorités centrales, qui continuent d’ailleurs la recherche de solutions durables face à cette nécessité.
Apporter une réponse aux effets du changement climatique
Il est de notoriété publique que les effets du réchauffement de la planète impactent sérieusement la surface de la mer. Le Bénin est souvent confronté au phénomène cyclique de déferlement caractérisé par l’avancée de la mer. Plusieurs études ont conclu qu’une grande partie de la ville de Cotonou sera envahie par l’eau si rien n’est fait d’ici quelques années.
Face à un tel risque, le pouvoir ne baisse pas les bras. D’ailleurs un total de 32,5 milliards de FCFA, mobilisé avec l’appui des bailleurs de fonds étrangers et multilatéraux (Fond Kowétien, OPEP, Fond saoudien, Royaume du Danemark) a été mis dans l’opération de lutte contre l’avancée de la mer et l’érosion côtière.
L’un des projets gigantesques, c’est la construction des 7 épis pour protéger la côte Est de Cotonou.
Au Ministère chargé de la lutte contre l’érosion côtière, le Directeur de la Communication, Césaire Agossa a annoncé le démarrage effectif des travaux pour le 03 janvier 2009.
« Pour l’heure, nous examinons les soumissions aux appels d’offre. Une chose est sûre, il ne faut plus traîner les pas, car l’heure est grave », a-t-il poursuivi.
Godefroy Macaire CHABI
« L’Etat devrait prendre la décision depuis longtemps, mais craignant que cela n’engendre d’autres situations ingérables et des surcoûts, il y a renoncé. Car on ne peut pas interdire définitivement le prélèvement du sable marin sans proposer une solution de rechange aux exploitants » a confié à IRINNEWS Césaire Agossa, Directeur de communication du Ministère béninois chargé de l’urbanisme, de l’habitat, de la réforme foncière et de la lutte contre l’érosion côtière.
La solution, ce sont les carrières de sable lagunaire ou continental. 36 périmètres miniers de sable sont actuellement en cours d’ouverture dans 5 localités de la zone côtière à savoir : Abomey Calavi, Sô-Ava, Cotonou, Ouidah, Sèmè Kpodji.
Mais la mise en œuvre de la mesure ne peut être effective que si les sites sont viabilisés. Voilà pourquoi, le génie militaire est associé et s’active depuis quelques jours sur ces différents périmètres.
Son rôle est d’aménager les pistes et voies d’accès à ces carrières de sable lagunaire, pour éviter que d’autres contraintes ne viennent remettre les exploitants sur le chemin du sable marin.
Le génie militaire n’intervient pas systématiquement sur l’ensemble des périmètres. Seuls sur quelques uns où le problème d’accès se pose, comme dans les communes d’Abomey Calavi et Sô Ava.
Malgré tout, l’exploitation se poursuit
« Je ne peux rien faire, je n’ai pas le choix, tant que tous les sites d’exploitation du sable lagunaire ne sont pas fonctionnels. Le dragage n’est même pas effectué sur certains sites. Sur d’autres, il n’existe pas de drague. Alors dans ce cas, je suis bien obligé de continuer en attendant que la situation se normalise », a fait remarquer un transporteur de sable qui a requis l’anonymat.
Sur certains périmètres comme à Sèmè Kpodji, une localité située à l’Est de Cotonou où l’avancée de la mer est nettement perceptible, du sable continental est disponible. Car le site est lancé depuis 2007. Les propriétaires des parcelles occupées dédommagés ou réinstallés.
Malgré cela, des camions préfèrent survoler ces périmètres pour aller charger sur la plage.
« Moi, je continue jusqu’au jour où le décret sera pris et qu’il ne me sera plus possible d’aller prélever du sable », s’est exprimé le propriétaire d’un chantier en construction à Cotonou.
Pour un voyage de sable, le propriétaire du camion encaisse entre 40 000 FCFA et 60 000 FCFA chez ses clients.
Et c’est tout le monde qui profite de ce commerce, même la commune, car à Sèmè Kpodji par exemple, une taxe de 1000 FCFA est perçue par les autorités sur chaque camion qui quitte la plage.
A la Direction béninoise de la lutte contre l’érosion côtière, DLEC située à moins de 400 mètres de la plage à Cotonou, Mme Roukaïyatou Sobabe Fadikpe qui a travaillé sur le dossier du sable marin a confié que « même si l’exploitation n’est plus très prononcée, elle se poursuit sur les plages ». « Il y a deux semaines, au cours d’une sortie inopinée, nous avons vu beaucoup de camions qui allaient et venaient. Mais nous ne pouvons rien maintenant. Dès que ça va être définitivement interdit, personne n’aura le droit de faire cela », a-t-elle poursuivi
Une prise de conscience naissante
« On nous a dit que notre localité est menacée par l’érosion côtière, et qu’à cette allure d’ici une quinzaine d’année, nous allons disparaître si rien n’est fait. Si la décision vise à nous donner de l’espoir, alors la ville de Sèmè Kpodji préfère vivre plutôt que de mourir », a clamé un exploitant de sable marin à Sèmè Kpodji au cours d’une rencontre avec le gouvernement.
Prêcher par l’exemple semble la logique du côté des autorités, si l’on veut que la solution soit respectée.
« Le gouvernement jouera sa partition, lorsqu’on sait que le plus grand consommateur de sable reste l’administration. Sur tous les chantiers de l’Etat, aucune construction ne pourra plus se faire avec le sable marin. », a affirmé le Ministre béninois des mines, Saka Lafia.
Quelques problèmes et des résistances
Dans beaucoup de sites retenus pour l’exploitation du sable, se posent de nombreux problèmes. A Sô Ava, une commune lacustre, l’inondation de la plate forme de dragage constitue un frein aux travaux. Dans beaucoup d’autres, il y a encore des doutes sur la réserve du sable si ce n’est pas l’attente d’accord des autorités communales pour l’ouverture des voies d’accès. Parfois, se pose le problème de l’éloignement du gisement de sable de la berge.
La plus grande équation à résoudre dans cette dynamique reste l’hostilité des populations qui exige des dédommagements. Des scènes de fusillade ont même eu lieu dans certains sites comme à Abomey Calavi, où des individus ont été obligés de chasser les promoteurs et l’administration minière.
Sur un périmètre par exemple dans cette ville, une quantité énorme de sable a été gerbée, mais la population s’est opposée à la vente, affirmant qu’on veut brader son patrimoine.
Autant de réticences qui ont exigé une diplomatie de la part des autorités centrales, qui continuent d’ailleurs la recherche de solutions durables face à cette nécessité.
Apporter une réponse aux effets du changement climatique
Il est de notoriété publique que les effets du réchauffement de la planète impactent sérieusement la surface de la mer. Le Bénin est souvent confronté au phénomène cyclique de déferlement caractérisé par l’avancée de la mer. Plusieurs études ont conclu qu’une grande partie de la ville de Cotonou sera envahie par l’eau si rien n’est fait d’ici quelques années.
Face à un tel risque, le pouvoir ne baisse pas les bras. D’ailleurs un total de 32,5 milliards de FCFA, mobilisé avec l’appui des bailleurs de fonds étrangers et multilatéraux (Fond Kowétien, OPEP, Fond saoudien, Royaume du Danemark) a été mis dans l’opération de lutte contre l’avancée de la mer et l’érosion côtière.
L’un des projets gigantesques, c’est la construction des 7 épis pour protéger la côte Est de Cotonou.
Au Ministère chargé de la lutte contre l’érosion côtière, le Directeur de la Communication, Césaire Agossa a annoncé le démarrage effectif des travaux pour le 03 janvier 2009.
« Pour l’heure, nous examinons les soumissions aux appels d’offre. Une chose est sûre, il ne faut plus traîner les pas, car l’heure est grave », a-t-il poursuivi.
Godefroy Macaire CHABI
Bénin : La pollution, un piège à l’urbanisation de Cotonou
Difficile pour lui de respirer l’ai pur. Jean Paul se sert d’un petit tissu blanc pour se protéger les narines derrière le conducteur de taxi moto qui le transporte. Malgré cela, il ne cesse d’éternuer. Au loin, un épais brouillard de fumée s’élève et submerge les engins à deux roues et les véhicules qui attendent à un feu tricolore. C’est une catastrophe ! Le spectacle est permanent à Cotonou, la capitale économique du Bénin. Une ville qui se cherche entre forte urbanisation et problèmes environnementaux et qui a réussi ainsi à se faire une place dans le hit parade des villes les plus polluées au monde.
« Je ne viens à Cotonou que lorsque c’est vraiment utile, sans quoi je préfère rester dans ma campagne », a confié un instituteur en service à Ouagbo, une localité rurale à 70 km au Nord de Cotonou, venu toucher son salaire au service du Trésor public à Cotonou
Vivre à Cotonou est devenu un pis-aller pour beaucoup de béninois qui y ont établi toutes leurs activités et y travaillent. C’est aussi un casse-tête pour les visiteurs étrangers qui font la remarque dès qu’ils franchissent l’aéroport pour atteindre le centre ville.
« Qu’est ce qu’on fait pour mettre fin à cette situation ? » s’est interrogé un visiteur occidental au cours d’une promenade diurne.
«On sanctionne mais ça reste. Pour moi la lutte reste encore un mythe.», s’est indigné Wilfrid Mongazi, spécialiste de l’environnement au Ministère béninois de l’environnement.
« La population augmentant et les comportements n’ayant pas fondamentalement changé, je ne suis pas sûr d’une amélioration de la situation », a renchéri Mathieu Houinato, Coordonateur de programme environnement au Programme des Nations Unies pour le développement, PNUD à Cotonou.
Pourtant, il y a quelques jours le Ministre de l’environnement Juliette Biao Koudénoukpo a indiqué que la situation de la pollution de l’air a beaucoup évolué positivement ces dernières années au Bénin en diminuant de 12%. Elle cite notamment les efforts à savoir : le contrôle des émissions de gaz d’engins, la formation des mécaniciens au réglage, l’acquisition d’un véhicule laboratoire de contrôle de la qualité de l’air
Motos, autos, essence et embouteillage
La pollution atmosphérique à Cotonou s’explique principalement par les nombreuses motos qui inondent ses routes. Elles sont évaluées à près de 100 000. Une statistique effrayante que rend possible l’envahissement progressif du marché par des engins à deux roues provenant d’Asie.
Les conducteurs de taxi motos communément appelés Zémidjans (prends-moi rapidement en langue fon, une langue du pays) en détiennent le record. Ils sont aujourd’hui évalués à plus de 80 000 et facilement identifiables par leurs blousons jaunes.
Ces taxi-motos sont des engins à deux temps, ce qui d’après les spécialistes participe à une production exagérée de fumée.
D’ailleurs, le Ministère béninois de l’environnement a situé à 83 tonnes le gaz carbonique émanant de l’activité journalière de ces motos.
Face à cela, le gouvernement a annoncé depuis 2006 une stratégie de remplacement de ces moteurs à deux temps par ceux à quatre temps reconnus moins pollueurs.
Au Bénin, beaucoup se demandent s’il ne faut pas aller au-delà de cette mesure, car il y a un lien entre l’inexistence d’un système de transport en commun et le phénomène des taxi-motos.
« Dès que le transport en commun sera effectif, personne ne prendra les Zémidjans. Et les propriétaires des motos les abandonneront aussi. Tant qu’il n’y aura pas cela, le problème va demeurer », a dit Marguerite, une jeune fonctionnaire de l’administration publique rencontrée à Saint Michel, une des zones les plus polluées de Cotonou.
En outre, dans une ville dont le port constitue la porte de débarquement des véhicules d’occasion communément appelés « Venus de France », des centaines de voitures usagers et souvent amortis rejoignent quotidiennement le parc automobile quotidiennement. Malgré elle, la population y recourt car n’ayant pas les moyens de s’acheter des véhicules à l’état neuf.
Le Ministère béninois des transports et celui de l’environnement ont situé la moyenne d’âge des véhicules à plus de 13 ans avant leur arrivée au Port de Cotonou.
Un autre phénomène, c’est la prolifération du commerce de l’essence de la rue appelée « Kpayo, voulant signifier essence de moindre qualité en langue fon », à cause de son fort dosage en plomb.
Ce commerce que favorise la proximité avec le Nigeria « reste une épine aux pieds de toute stratégie de lutte contre la pollution », a souligné le Professeur Blaise Koudogbo, Président de l’ONG « Stop nuisances » dont le siège est à Porto novo au Bénin et qui vise à réduire les nuisances de tous genres à la qualité de la vie dans les capitales africaines.
Dans les stations service du pays, le ministère de l’environnement affirme avoir réussi à obtenir la suppression du plomb dans l’essence dans le cadre d’un projet sous régional ouest africain.
« Mais on n’a pas d’instrument de mesure pour montrer que le plomb a vraiment disparu. Puis, l’essence de rue est toujours présente avec son plomb et moins chère. » a déploré M. Mongazi.
Par exemple dans les stations services du pays, l’essence à la pompe est vendue à 650 FCFA contre 400 FCFA sur le marché noir. Une réalité qui n’encourage pas les consommateurs à se ravitailler dans les stations.
Il est temps qu’on créé un laboratoire d’analyse, car on se trompe beaucoup pour la pollution, a-t-il souligné.
L’ONG Stop Nuisances entend d’ailleurs se constituer en un espace scientifique de contrôle et de vérification de toutes sortes d’éléments de nuisances à l’environnement et à la santé des individus, a annoncé son Président Blaise Koudogbo.
Souvent occulté dans l’analyse, le plan de circulation dans les villes, notamment à Cotonou constitue, selon M. Mongazi l’un des facteurs favorables au développement de la pollution.
Depuis 2006, le nouveau pouvoir semble l’avoir compris en faisant une politique de construction d’échangeurs et de passerelles pour décongestionner la ville. D’ici 2011, Cotonou devrait abriter définitivement quelques unes de ces infrastructures.
Ces caniveaux qui puent
Aline, une aide à domicile sans scrupule s’abaisse pour déverser l’eau de vaisselle dans un caniveau du centre de Cotonou. Elle n’est pas au premier essai, puisqu’elle affirme sans regrets agir ainsi plusieurs fois au cours d’une même journée. Et, inutile d’imaginer le nombre de personnes qui font la même chose qu’elle dans la capitale économique.
Résultat, Cotonou présente une puanteur rigide, surtout que la plupart des caniveaux sont ouverts et regorgent des matières putréfiantes.
« Les gens ne veulent pas changer d’habitudes, malgré la campagne. Les caniveaux servent à tout aujourd’hui. C’est dommage », a déploré Basile Gbaguidi, Directeur des services techniques de la Mairie de Cotonou.
Les zones marécageuses contribuent également à cette forme de pollution de l’air, « car elles constituent des poubelles à ciel ouvert et des lieux de défécation pour les populations qui ne sont pas réprimées », s’est indignée un habitant de Akogbatou, quartier périphérique de Cotonou.
Des malades qui s’ignorent
Paul Djimadja a confié à IRIN que depuis deux ans, il traîne une sinusite doublée d’une bronchite. D’après son médecin, cela est dû au fait qu’il s’expose à la fumée.
« La pollution est banalisée par les populations du fait qu’il ne leur a pas été établi une relation causale entre la pollution et la maladie et la mort subite. Donc, tant qu’on peut supporter, ce n’est pas grave. Les populations ne perçoivent pas l’effet quotidien et cumulatif sur la santé », a souligné Mathieu Houinato, Coordonnateur de programme au PNUD à Cotonou.
Selon, M. Houniato, c’est l’une des raisons pour lesquelles il y a une persistance du phénomène.
Pour M. Mongazi, « c’est à l’âge de vulnérabilité qu’on a parfois les premiers signes, voilà pourquoi, il faut attirer l’attention des plus jeunes sur le danger dès maintenant. Ce sont eux qui vont nous aider »
Soliou Badarou, Médecin, spécialiste en santé de développement au Bénin a fait remarquer que « les impacts sur la santé sont nombreux. Il y a l’augmentation des affections ORL (Otto Rhino Laryngologie). C’est ainsi que beaucoup de personnes traînent des asthmes, des allergies naso sinusiennes, les cancers. Les affections de sang à l’image des leucémies sont aussi dans la liste. A cela il faudra ajouter les irritations des yeux et bien d’autres maladies. La pollution de l’air par du benzène est aussi responsable du cancer du sang. »
« La pollution est aussi dangereuse dans ce pays que le paludisme », a-t-il noté.
Godefroy Macaire CHABI
« Je ne viens à Cotonou que lorsque c’est vraiment utile, sans quoi je préfère rester dans ma campagne », a confié un instituteur en service à Ouagbo, une localité rurale à 70 km au Nord de Cotonou, venu toucher son salaire au service du Trésor public à Cotonou
Vivre à Cotonou est devenu un pis-aller pour beaucoup de béninois qui y ont établi toutes leurs activités et y travaillent. C’est aussi un casse-tête pour les visiteurs étrangers qui font la remarque dès qu’ils franchissent l’aéroport pour atteindre le centre ville.
« Qu’est ce qu’on fait pour mettre fin à cette situation ? » s’est interrogé un visiteur occidental au cours d’une promenade diurne.
«On sanctionne mais ça reste. Pour moi la lutte reste encore un mythe.», s’est indigné Wilfrid Mongazi, spécialiste de l’environnement au Ministère béninois de l’environnement.
« La population augmentant et les comportements n’ayant pas fondamentalement changé, je ne suis pas sûr d’une amélioration de la situation », a renchéri Mathieu Houinato, Coordonateur de programme environnement au Programme des Nations Unies pour le développement, PNUD à Cotonou.
Pourtant, il y a quelques jours le Ministre de l’environnement Juliette Biao Koudénoukpo a indiqué que la situation de la pollution de l’air a beaucoup évolué positivement ces dernières années au Bénin en diminuant de 12%. Elle cite notamment les efforts à savoir : le contrôle des émissions de gaz d’engins, la formation des mécaniciens au réglage, l’acquisition d’un véhicule laboratoire de contrôle de la qualité de l’air
Motos, autos, essence et embouteillage
La pollution atmosphérique à Cotonou s’explique principalement par les nombreuses motos qui inondent ses routes. Elles sont évaluées à près de 100 000. Une statistique effrayante que rend possible l’envahissement progressif du marché par des engins à deux roues provenant d’Asie.
Les conducteurs de taxi motos communément appelés Zémidjans (prends-moi rapidement en langue fon, une langue du pays) en détiennent le record. Ils sont aujourd’hui évalués à plus de 80 000 et facilement identifiables par leurs blousons jaunes.
Ces taxi-motos sont des engins à deux temps, ce qui d’après les spécialistes participe à une production exagérée de fumée.
D’ailleurs, le Ministère béninois de l’environnement a situé à 83 tonnes le gaz carbonique émanant de l’activité journalière de ces motos.
Face à cela, le gouvernement a annoncé depuis 2006 une stratégie de remplacement de ces moteurs à deux temps par ceux à quatre temps reconnus moins pollueurs.
Au Bénin, beaucoup se demandent s’il ne faut pas aller au-delà de cette mesure, car il y a un lien entre l’inexistence d’un système de transport en commun et le phénomène des taxi-motos.
« Dès que le transport en commun sera effectif, personne ne prendra les Zémidjans. Et les propriétaires des motos les abandonneront aussi. Tant qu’il n’y aura pas cela, le problème va demeurer », a dit Marguerite, une jeune fonctionnaire de l’administration publique rencontrée à Saint Michel, une des zones les plus polluées de Cotonou.
En outre, dans une ville dont le port constitue la porte de débarquement des véhicules d’occasion communément appelés « Venus de France », des centaines de voitures usagers et souvent amortis rejoignent quotidiennement le parc automobile quotidiennement. Malgré elle, la population y recourt car n’ayant pas les moyens de s’acheter des véhicules à l’état neuf.
Le Ministère béninois des transports et celui de l’environnement ont situé la moyenne d’âge des véhicules à plus de 13 ans avant leur arrivée au Port de Cotonou.
Un autre phénomène, c’est la prolifération du commerce de l’essence de la rue appelée « Kpayo, voulant signifier essence de moindre qualité en langue fon », à cause de son fort dosage en plomb.
Ce commerce que favorise la proximité avec le Nigeria « reste une épine aux pieds de toute stratégie de lutte contre la pollution », a souligné le Professeur Blaise Koudogbo, Président de l’ONG « Stop nuisances » dont le siège est à Porto novo au Bénin et qui vise à réduire les nuisances de tous genres à la qualité de la vie dans les capitales africaines.
Dans les stations service du pays, le ministère de l’environnement affirme avoir réussi à obtenir la suppression du plomb dans l’essence dans le cadre d’un projet sous régional ouest africain.
« Mais on n’a pas d’instrument de mesure pour montrer que le plomb a vraiment disparu. Puis, l’essence de rue est toujours présente avec son plomb et moins chère. » a déploré M. Mongazi.
Par exemple dans les stations services du pays, l’essence à la pompe est vendue à 650 FCFA contre 400 FCFA sur le marché noir. Une réalité qui n’encourage pas les consommateurs à se ravitailler dans les stations.
Il est temps qu’on créé un laboratoire d’analyse, car on se trompe beaucoup pour la pollution, a-t-il souligné.
L’ONG Stop Nuisances entend d’ailleurs se constituer en un espace scientifique de contrôle et de vérification de toutes sortes d’éléments de nuisances à l’environnement et à la santé des individus, a annoncé son Président Blaise Koudogbo.
Souvent occulté dans l’analyse, le plan de circulation dans les villes, notamment à Cotonou constitue, selon M. Mongazi l’un des facteurs favorables au développement de la pollution.
Depuis 2006, le nouveau pouvoir semble l’avoir compris en faisant une politique de construction d’échangeurs et de passerelles pour décongestionner la ville. D’ici 2011, Cotonou devrait abriter définitivement quelques unes de ces infrastructures.
Ces caniveaux qui puent
Aline, une aide à domicile sans scrupule s’abaisse pour déverser l’eau de vaisselle dans un caniveau du centre de Cotonou. Elle n’est pas au premier essai, puisqu’elle affirme sans regrets agir ainsi plusieurs fois au cours d’une même journée. Et, inutile d’imaginer le nombre de personnes qui font la même chose qu’elle dans la capitale économique.
Résultat, Cotonou présente une puanteur rigide, surtout que la plupart des caniveaux sont ouverts et regorgent des matières putréfiantes.
« Les gens ne veulent pas changer d’habitudes, malgré la campagne. Les caniveaux servent à tout aujourd’hui. C’est dommage », a déploré Basile Gbaguidi, Directeur des services techniques de la Mairie de Cotonou.
Les zones marécageuses contribuent également à cette forme de pollution de l’air, « car elles constituent des poubelles à ciel ouvert et des lieux de défécation pour les populations qui ne sont pas réprimées », s’est indignée un habitant de Akogbatou, quartier périphérique de Cotonou.
Des malades qui s’ignorent
Paul Djimadja a confié à IRIN que depuis deux ans, il traîne une sinusite doublée d’une bronchite. D’après son médecin, cela est dû au fait qu’il s’expose à la fumée.
« La pollution est banalisée par les populations du fait qu’il ne leur a pas été établi une relation causale entre la pollution et la maladie et la mort subite. Donc, tant qu’on peut supporter, ce n’est pas grave. Les populations ne perçoivent pas l’effet quotidien et cumulatif sur la santé », a souligné Mathieu Houinato, Coordonnateur de programme au PNUD à Cotonou.
Selon, M. Houniato, c’est l’une des raisons pour lesquelles il y a une persistance du phénomène.
Pour M. Mongazi, « c’est à l’âge de vulnérabilité qu’on a parfois les premiers signes, voilà pourquoi, il faut attirer l’attention des plus jeunes sur le danger dès maintenant. Ce sont eux qui vont nous aider »
Soliou Badarou, Médecin, spécialiste en santé de développement au Bénin a fait remarquer que « les impacts sur la santé sont nombreux. Il y a l’augmentation des affections ORL (Otto Rhino Laryngologie). C’est ainsi que beaucoup de personnes traînent des asthmes, des allergies naso sinusiennes, les cancers. Les affections de sang à l’image des leucémies sont aussi dans la liste. A cela il faudra ajouter les irritations des yeux et bien d’autres maladies. La pollution de l’air par du benzène est aussi responsable du cancer du sang. »
« La pollution est aussi dangereuse dans ce pays que le paludisme », a-t-il noté.
Godefroy Macaire CHABI
BENIN : Pas de réactifs, des donneurs en baisse, puis crise de sang
« Le tapage qu’on fait sur le Sida, si on peut faire le dixième sur le don du sang, on pourrait éviter beaucoup de dégâts et de pertes en vies humaines ». Cette réaction de Rynce Agassoussi, Président de l’Association béninoise des donneurs bénévoles de sang, créée en 1974 résume la situation que traverse actuellement le pays.
En effet, depuis le début de l’année, le sang fait cruellement défaut au niveau de 8 des 12 banques de sang que compte le pays. Dans 4 autres départements, la situation est moins criarde, car la coopération belge suit les choses à travers le Projet d’amélioration de la sécurité transfusionnelle dans les départements de l’Atacora/Donga et du Mono-Couffo, PASTAM.
Résultat, 75% des demandes sont satisfaites dans le pays.
« Il y a 25 % qui meurent au moins » a laissé entendre M. Agassoussi qui s’est demandé, « pourquoi laisser les gens mourir bêtement ? »
« Au Centre national hospitalier et universitaire, CNHU, le plus grand hôpital du pays à Cotonou, tous les soirs, les gens arrivent, en détresse. Ils ont des parents qui ont besoin du sang. Mais impossible parfois de leur trouver la moindre goutte. Ils repartent bouleversés» a raconté Rynce Agassoussi.
Le Professeur André Bigot, Chef service banque de sang au CNHU de Cotonou, parle d’une situation très grave, « du jamais vu de mémoire d’homme ».
« Au service d’hématologie, il y a eu des leucémies, des drépanocytaires qui avaient besoin de sang mais n’en ont pas eu », a-t-il confié
Selon lui, « il n’existe malheureusement pas de statistiques précises pour situer le nombre de victimes de cette situation, car les maladies meurtrières liées au manque de sang sont nombreuses».
« Les hôpitaux ne communiquent pas là-dessus », a renchéri M. Agassoussi.
Illustration réelle de la situation, en 2006, les services de prélèvement au Bénin sont parvenus à collecter près de 90 000 poches de sang. En 2007, ce chiffre est descendu à 60 000 poches. Un chiffre encore loin de l’objectif des 200 000 poches que se sont fixés l’ensemble des intervenants du secteur.
Manque de moyens
« L’absence de matériels ne date pas d’aujourd’hui, mais ces derniers mois, la situation est devenue intenable. Il y a pénurie notamment de réactifs dans tout le pays. On ne peut pas prendre le sang sans le tester », s’est désolé Augustin Vodounon, Technicien de laboratoire au Service départemental de prélèvement du sang Atlantique Littoral.
« Pas de poches, pas de réactifs, si on ne règle pas cela, on peut aller jusqu’en 2020, le problème va demeurer » a-t-il poursuivi.
« Le sang prélevé n’est pas celui qu’on donne aux demandeurs. Il faut un minimum de bilan, d’examen biologique et de recherche virologique. Or sans cela nous ne pouvons rien faire », a indiqué le Professeur André Bigot
« Parfois le donneur est disponible, mais il n’y a pas de poche pour recueillir son sang », a témoigné Rynxe Agassoussi.
Chaque année, il faut environ un milliard de FCFA pour couvrir les besoins en réactifs.
Le Président de l’Association des donneurs bénévoles a expliqué que « si on repartit bien les fonds, c’est possible d’atteindre les résultats. Malheureusement, ce n’est pas cela et les procédures de passation de marchés de réactifs sont lentes».
Fonctionnant avec un personnel réduit, 2 à 3 agents voire inexistant, les services de collecte mobile doivent faire face également à l’inexistence moyens de déplacement.
«On passe les véhicules pour aller sur le terrain. Le jour où on en trouve pas, on est bloqués », a noté M. Agassoussi.
Le responsable national du Projet d’amélioration de la sécurité transfusionnelle dans les départements de l’Atacora/Donga et du Mono/Couffo, PASTAM, le Docteur Edgar Lafia a observé un manque d’organisation général au niveau des gestionnaires du système de santé.
« Il faut l’infrastructure d’accueil, un laboratoire bien équipé, des réactifs disponibles et un personnel qualifié » a-t-il proposé
Néanmoins, il a reconnu que chaque année, le gouvernement fait des efforts, en associant surtout des partenaires bilatéraux comme la Suisse, la Belgique et l’Allemagne. Grâce à la coopération belge par exemple, le PASTAM fonctionne depuis 2006.
Le secours dans les pays voisins
« Il y a quelques jours, j’ai été obligé d’aller acheter du sang au Togo, je n’avais plus le choix », s’est exprimé Aline qui a accompagné sa mère malade au CNHU de Cotonou.
Face à la situation de crise, de nombreuses personnes se sont tournées notamment vers le Togo et le Nigeria.
Au Bénin, la poche est vendue officiellement à 2000 fcfa dans les établissements sanitaires, gros consommateurs.
Parfois, les demandeurs sont obligés de l’acheter 3 ou 4 fois plus cher dans ces pays.
« C’est une honte qu’on en soit arrivé là », s’est désolé le Professeur André Bigot.
Face au danger, la Banque de sang du CNHU dont la mission est le stockage du sang s’est reconvertie au travail de prélèvement.
Le Professeur Bigot lie aussi ce développement aux nombreuses grèves des paramédicaux qui ont débrayé, réclamant de meilleures conditions de vie et de travail.
Au Bénin, les potentiels donneurs de sang sont les élèves. Pendant les vacances ou à l’approche des examens de fin d’année, on ne les voit plus.
M. Agassoussi a indiqué que dans les établissements, le minimum de poches récolées est de 80, parfois 100 par jour à chaque sortie de l’équipe mobile. Alors que dans les postes fixes de prélèvement, le chiffre dépasse rarement les 40 poches.
Au Bénin, les donneurs réguliers et les donneurs fidèles ne dépassent pas les 4000 sur une population de près de 8 millions d’habitants. Les donneurs occasionnels font augmenter le chiffre par moments. En 2007, par exemple 15 000 béninois au total ont donné leur sang.
« L’engouement des donneurs peut être aussi émoussé s’ils sont mal reçus par des agents démotivés et frustrés de leurs conditions de travail », a averti le professeur André Bigot.
Godefroy Macaire CHABI
En effet, depuis le début de l’année, le sang fait cruellement défaut au niveau de 8 des 12 banques de sang que compte le pays. Dans 4 autres départements, la situation est moins criarde, car la coopération belge suit les choses à travers le Projet d’amélioration de la sécurité transfusionnelle dans les départements de l’Atacora/Donga et du Mono-Couffo, PASTAM.
Résultat, 75% des demandes sont satisfaites dans le pays.
« Il y a 25 % qui meurent au moins » a laissé entendre M. Agassoussi qui s’est demandé, « pourquoi laisser les gens mourir bêtement ? »
« Au Centre national hospitalier et universitaire, CNHU, le plus grand hôpital du pays à Cotonou, tous les soirs, les gens arrivent, en détresse. Ils ont des parents qui ont besoin du sang. Mais impossible parfois de leur trouver la moindre goutte. Ils repartent bouleversés» a raconté Rynce Agassoussi.
Le Professeur André Bigot, Chef service banque de sang au CNHU de Cotonou, parle d’une situation très grave, « du jamais vu de mémoire d’homme ».
« Au service d’hématologie, il y a eu des leucémies, des drépanocytaires qui avaient besoin de sang mais n’en ont pas eu », a-t-il confié
Selon lui, « il n’existe malheureusement pas de statistiques précises pour situer le nombre de victimes de cette situation, car les maladies meurtrières liées au manque de sang sont nombreuses».
« Les hôpitaux ne communiquent pas là-dessus », a renchéri M. Agassoussi.
Illustration réelle de la situation, en 2006, les services de prélèvement au Bénin sont parvenus à collecter près de 90 000 poches de sang. En 2007, ce chiffre est descendu à 60 000 poches. Un chiffre encore loin de l’objectif des 200 000 poches que se sont fixés l’ensemble des intervenants du secteur.
Manque de moyens
« L’absence de matériels ne date pas d’aujourd’hui, mais ces derniers mois, la situation est devenue intenable. Il y a pénurie notamment de réactifs dans tout le pays. On ne peut pas prendre le sang sans le tester », s’est désolé Augustin Vodounon, Technicien de laboratoire au Service départemental de prélèvement du sang Atlantique Littoral.
« Pas de poches, pas de réactifs, si on ne règle pas cela, on peut aller jusqu’en 2020, le problème va demeurer » a-t-il poursuivi.
« Le sang prélevé n’est pas celui qu’on donne aux demandeurs. Il faut un minimum de bilan, d’examen biologique et de recherche virologique. Or sans cela nous ne pouvons rien faire », a indiqué le Professeur André Bigot
« Parfois le donneur est disponible, mais il n’y a pas de poche pour recueillir son sang », a témoigné Rynxe Agassoussi.
Chaque année, il faut environ un milliard de FCFA pour couvrir les besoins en réactifs.
Le Président de l’Association des donneurs bénévoles a expliqué que « si on repartit bien les fonds, c’est possible d’atteindre les résultats. Malheureusement, ce n’est pas cela et les procédures de passation de marchés de réactifs sont lentes».
Fonctionnant avec un personnel réduit, 2 à 3 agents voire inexistant, les services de collecte mobile doivent faire face également à l’inexistence moyens de déplacement.
«On passe les véhicules pour aller sur le terrain. Le jour où on en trouve pas, on est bloqués », a noté M. Agassoussi.
Le responsable national du Projet d’amélioration de la sécurité transfusionnelle dans les départements de l’Atacora/Donga et du Mono/Couffo, PASTAM, le Docteur Edgar Lafia a observé un manque d’organisation général au niveau des gestionnaires du système de santé.
« Il faut l’infrastructure d’accueil, un laboratoire bien équipé, des réactifs disponibles et un personnel qualifié » a-t-il proposé
Néanmoins, il a reconnu que chaque année, le gouvernement fait des efforts, en associant surtout des partenaires bilatéraux comme la Suisse, la Belgique et l’Allemagne. Grâce à la coopération belge par exemple, le PASTAM fonctionne depuis 2006.
Le secours dans les pays voisins
« Il y a quelques jours, j’ai été obligé d’aller acheter du sang au Togo, je n’avais plus le choix », s’est exprimé Aline qui a accompagné sa mère malade au CNHU de Cotonou.
Face à la situation de crise, de nombreuses personnes se sont tournées notamment vers le Togo et le Nigeria.
Au Bénin, la poche est vendue officiellement à 2000 fcfa dans les établissements sanitaires, gros consommateurs.
Parfois, les demandeurs sont obligés de l’acheter 3 ou 4 fois plus cher dans ces pays.
« C’est une honte qu’on en soit arrivé là », s’est désolé le Professeur André Bigot.
Face au danger, la Banque de sang du CNHU dont la mission est le stockage du sang s’est reconvertie au travail de prélèvement.
Le Professeur Bigot lie aussi ce développement aux nombreuses grèves des paramédicaux qui ont débrayé, réclamant de meilleures conditions de vie et de travail.
Au Bénin, les potentiels donneurs de sang sont les élèves. Pendant les vacances ou à l’approche des examens de fin d’année, on ne les voit plus.
M. Agassoussi a indiqué que dans les établissements, le minimum de poches récolées est de 80, parfois 100 par jour à chaque sortie de l’équipe mobile. Alors que dans les postes fixes de prélèvement, le chiffre dépasse rarement les 40 poches.
Au Bénin, les donneurs réguliers et les donneurs fidèles ne dépassent pas les 4000 sur une population de près de 8 millions d’habitants. Les donneurs occasionnels font augmenter le chiffre par moments. En 2007, par exemple 15 000 béninois au total ont donné leur sang.
« L’engouement des donneurs peut être aussi émoussé s’ils sont mal reçus par des agents démotivés et frustrés de leurs conditions de travail », a averti le professeur André Bigot.
Godefroy Macaire CHABI
vendredi 26 septembre 2008
Bénin : La crue du fleuve Ouémé provoque risque de famine et maladies
Godefroy Macaire CHABI
Environ 57 000 personnes vivent en perpétuel danger de famine et de sous alimentation chronique dans la commune de Adjohoun à l’Est de Cotonou depuis le mois de Juillet. Plus de 2000 autres, notamment les enfants ont besoin d’un accès rapide aux médicaments et aux soins de santé. En effet la crue du fleuve Ouémé, l’un des plus importants du pays a eu d’importants impacts sur les cultures, les eaux ayant détruit plus de 25 000 hectares de terres. Plus de 18 000 habitations sont dans l'eau.
« La crue de cette année est arrivée précocement et a emporté beaucoup de nos cultures vivrières à savoir patate, maïs, gombo, haricot. On a de sérieux problèmes.», s’est lamenté Gabriel Assogba, natif de la commune Adjohoun et conseiller communal
« Présentement on n’arrive pas à manger, les gens ne peuvent plus manger trois fois dans la journée. Même trouver de la nourriture une seule fois dans la journée est devenu un grand casse-tête. En temps normal, ici les produits agricoles sont vendus et achetés à vils prix. Aujourd’hui, les choses ont changé. Les enfants sont malades et attrapent des maladies, notamment le paludisme, la diarrhée », a poursuivi M. Assogba
Sur le terrain, on craint les risques de choléra, mais heureusement, on en est pas encore là, « mais le risque est là, car la même eau est utilisée pour tous les besoins », a reconnu, le Secrétaire général de la Mairie, Armel Assogba.
Sans agents de santé, le risque humanitaire devient plus inquiétant, car parfois, les hôpitaux sont désertés par ceux-ci, ne sachant plus où se mettre pour faire leur travail.
Le phénomène a également rendu impossible la pêche, dans cette région de la vallée de l’Ouémé, où cette activité nourrit plus de la moitié de la population, après les activités champêtres.
« Pas de poisson, c’est tragique, les poissons se sont éparpillés et il est impossible d’en trouver », s’est plaint Saliou Assogba.
Même si des pertes en vies humaines ne sont pas signalées, d’après les enquêtes réalisées par les autorités communales, le phénomène a provoqué la disparition d’une grande partie du cheptel. On situe à 5000 le nombre d’animaux morts noyés.
La crue du fleuve Ouémé se produit annuellement. Pendant ce temps, les eaux montent et inondent les zones habitables.
Sur les 8 arrondissements que compte la commune, seul l’arrondissement de Awounou est épargné. 3 autres arrondissements sont cruellement touchés par le phénomène.
« L’eau nous arrive jusqu’au cou dans l’arrondissement de Gangban. Les maisons sont envahies. Les gens ont fui pour trouver refuge ailleurs. C’est trop. Si tu n’as pas de pirogue tu ne peux pas circuler », a témoigné Justin Hounkponou, qui vient d’obtenir son baccalauréat.
Il raconte que son père, cultivateur a perdu 7 hectares de cultures et n’espère désormais plus rien
Face à cela, de nombreuses personnes ont été obligées de se déplacer pour se réfugier dans les régions plus paisibles, à la recherche de la pitance quotidienne. On estime pour l’heure à près de 2000 personnes, le nombre de déplacés
Il y a quelques jours, c’est le maire d’Adjohoun, Gérard Adounsiba qui lui-même a lancé un SOS aux autorités nationales et aux bonnes volontés afin de venir au secours de la population qui traverse une crise humanitaire sans précédent dans la localité.
Globalement, l’alerte donnée par le Maire porte sur l’apport nutritionnel, le soutien médical et l’appui au relogement des sinistrés.
Il y a moins d’une semaine, la préfecture de l’Ouémé-Plateau dont dépend la commune a déjà fait don de quelques vivres et de médicaments à la population pour la soulager du poids de la situation.
Au plan national, même si la Direction de la promotion de la protection civile, DPPC a entrepris une visite de terrain, les autorités gouvernementales attendent encore le rapport de la mission d’évaluation du phénomène pour mesurer l’ampleur du soutien à apporter, ont expliqué les responsables communaux.
A moins d’un mois de la nouvelle rentrée académique, l’inquiétude ne cesse de s’accroître. Les parents n’arrivent pas à répondre encore à une question. Où trouver l’argent pour inscrire les enfants ? Les inscrire, mais dans quelles classes? se demande t-on encore
« Nous ne pouvons pas reprendre les cours, comme les autres communes du pays. Car les écoles sont inondées. C’est vraiment difficile », s’est apitoyé Gabriel Assogba, conseiller communal.
La crue du fleuve Ouémé, phénomène annuel n’est pas à confondre avec les inondations qui elles sont occasionnées par les fortes pluies qui s’abattent notamment sur la capitale économique, Cotonou. Près de 500 000 personnes y sont potentiellement menacées par les inondations cette année.
Environ 57 000 personnes vivent en perpétuel danger de famine et de sous alimentation chronique dans la commune de Adjohoun à l’Est de Cotonou depuis le mois de Juillet. Plus de 2000 autres, notamment les enfants ont besoin d’un accès rapide aux médicaments et aux soins de santé. En effet la crue du fleuve Ouémé, l’un des plus importants du pays a eu d’importants impacts sur les cultures, les eaux ayant détruit plus de 25 000 hectares de terres. Plus de 18 000 habitations sont dans l'eau.
« La crue de cette année est arrivée précocement et a emporté beaucoup de nos cultures vivrières à savoir patate, maïs, gombo, haricot. On a de sérieux problèmes.», s’est lamenté Gabriel Assogba, natif de la commune Adjohoun et conseiller communal
« Présentement on n’arrive pas à manger, les gens ne peuvent plus manger trois fois dans la journée. Même trouver de la nourriture une seule fois dans la journée est devenu un grand casse-tête. En temps normal, ici les produits agricoles sont vendus et achetés à vils prix. Aujourd’hui, les choses ont changé. Les enfants sont malades et attrapent des maladies, notamment le paludisme, la diarrhée », a poursuivi M. Assogba
Sur le terrain, on craint les risques de choléra, mais heureusement, on en est pas encore là, « mais le risque est là, car la même eau est utilisée pour tous les besoins », a reconnu, le Secrétaire général de la Mairie, Armel Assogba.
Sans agents de santé, le risque humanitaire devient plus inquiétant, car parfois, les hôpitaux sont désertés par ceux-ci, ne sachant plus où se mettre pour faire leur travail.
Le phénomène a également rendu impossible la pêche, dans cette région de la vallée de l’Ouémé, où cette activité nourrit plus de la moitié de la population, après les activités champêtres.
« Pas de poisson, c’est tragique, les poissons se sont éparpillés et il est impossible d’en trouver », s’est plaint Saliou Assogba.
Même si des pertes en vies humaines ne sont pas signalées, d’après les enquêtes réalisées par les autorités communales, le phénomène a provoqué la disparition d’une grande partie du cheptel. On situe à 5000 le nombre d’animaux morts noyés.
La crue du fleuve Ouémé se produit annuellement. Pendant ce temps, les eaux montent et inondent les zones habitables.
Sur les 8 arrondissements que compte la commune, seul l’arrondissement de Awounou est épargné. 3 autres arrondissements sont cruellement touchés par le phénomène.
« L’eau nous arrive jusqu’au cou dans l’arrondissement de Gangban. Les maisons sont envahies. Les gens ont fui pour trouver refuge ailleurs. C’est trop. Si tu n’as pas de pirogue tu ne peux pas circuler », a témoigné Justin Hounkponou, qui vient d’obtenir son baccalauréat.
Il raconte que son père, cultivateur a perdu 7 hectares de cultures et n’espère désormais plus rien
Face à cela, de nombreuses personnes ont été obligées de se déplacer pour se réfugier dans les régions plus paisibles, à la recherche de la pitance quotidienne. On estime pour l’heure à près de 2000 personnes, le nombre de déplacés
Il y a quelques jours, c’est le maire d’Adjohoun, Gérard Adounsiba qui lui-même a lancé un SOS aux autorités nationales et aux bonnes volontés afin de venir au secours de la population qui traverse une crise humanitaire sans précédent dans la localité.
Globalement, l’alerte donnée par le Maire porte sur l’apport nutritionnel, le soutien médical et l’appui au relogement des sinistrés.
Il y a moins d’une semaine, la préfecture de l’Ouémé-Plateau dont dépend la commune a déjà fait don de quelques vivres et de médicaments à la population pour la soulager du poids de la situation.
Au plan national, même si la Direction de la promotion de la protection civile, DPPC a entrepris une visite de terrain, les autorités gouvernementales attendent encore le rapport de la mission d’évaluation du phénomène pour mesurer l’ampleur du soutien à apporter, ont expliqué les responsables communaux.
A moins d’un mois de la nouvelle rentrée académique, l’inquiétude ne cesse de s’accroître. Les parents n’arrivent pas à répondre encore à une question. Où trouver l’argent pour inscrire les enfants ? Les inscrire, mais dans quelles classes? se demande t-on encore
« Nous ne pouvons pas reprendre les cours, comme les autres communes du pays. Car les écoles sont inondées. C’est vraiment difficile », s’est apitoyé Gabriel Assogba, conseiller communal.
La crue du fleuve Ouémé, phénomène annuel n’est pas à confondre avec les inondations qui elles sont occasionnées par les fortes pluies qui s’abattent notamment sur la capitale économique, Cotonou. Près de 500 000 personnes y sont potentiellement menacées par les inondations cette année.
Bénin : Avoir de l’eau potable en 6 heures de soleil
Par Godefroy Macaire CHABI
Savez vous que chaque individu peut rendre potable une eau contaminée, simplement en l'exposant au soleil pendant six heures dans une bouteille transparente ? Idéalement, une bouteille en PET (Polyéthylène téréphtalate) ou, à défaut, en verre non coloré. C’est ce qu’on a appelé la désinfection solaire de l’eau, SODIS. Une technique introduite au Bénin par le Centre Régional pour l’eau potable et l’assainissement, CREPA. Dans ce pays, à peine la moitié des citoyens ont accès à une eau potable de qualité dans les villes et le pourcentage tombe à 40% dans les campagnes. Résultat: 300 000 cas de diarrhée et de malaria par année, selon le ministère de la Santé.
« La lumière du soleil et les rayons ultraviolets tuent impérativement les microorganismes pathogènes contenus dans l’eau. Une action se produit ainsi entre les rayons ultraviolets et la température de l’eau quand elle dépasse 45 degrés. » a fait remarquer Yédjilè Gbèdo Adissoda, qui s’occupa principalement de SODIS au sein du Centre Régional pour l’Eau potable et l’Assainissement, CREPA.
Mme Adissoda sait certainement de quoi elle parle, puisque qu’au laboratoire situé dans l’enceinte du CREPA à Cotonou l’analyse bactériologique a permis d’observer qu’un nombre important de coliformes (indicateurs de pollution de l’eau) disparaissent après l’application de SODIS.
« Puisque nous n’en sommes qu’au début, nous avons pu remarquer que les microbes diminuent drastiquement, mais nous ne pouvons dire avec précisions à quel taux ils diminuent. Ce qui est sûr l’eau traitée au SODIS n’est plus la même qu’au début », explique un technicien de laboratoire qui a travaillé sur les échantillons.
Si les bouteilles d’eau ne restent pas la durée nécessaire au soleil, l’eau ne sera pas bonne à boire et pourra causer des maladies. Si le soleil n’est pas assez fort, dû à des nuages ou un climat moins ensoleillé, une durée d’exposition plus longue est nécessaire, indique dans une étude l’Institut fédéral suisse pour l’aménagement, l’épuration et la protection des eaux (EAWAG), initiateur de SODIS dans le monde.
En effet, des études réalisées par EAWAG ont révélé que les rayons du soleil produisent des formes très réactives d’oxygène dans l’eau. Ces molécules réactives contribuent au processus de destruction des micro-organismes. L’eau qui contient assez d’oxygène (plus de 3 mg d’oxygène par litre) ne doit pas être aérée avant l’application de SODIS.
Une chose est à surveiller, lorsque l’eau traitée n’est pas immédiatement consommée, le risque d’une recontamination est possible.
« Il se pourrait qu’en raison de ce que tous les microbes ne sont pas tués, ceux qui restent vont coloniser l’eau et provoqué un repeuplement microbien », a souligné Alain KISSI un chercheur béninois en sciences de l’eau.
C’est aussi une méthode qui demande beaucoup de patience. Car lorsqu’il y a un faible ensoleillement, il faut deux jours pour que ça fonctionne. Inutile dans ces conditions d’y recourir en période de pluies.
Des résultats probants
Dans le village de Sèkandji, à la périphérie Est de Cotonou choisi comme base expérimentale, « cela a tellement bien marché, les populations étaient très enthousiastes de savoir qu’elles pouvaient maintenant consommer de la bonne eau », s’est réjouie Yedjilé Gbedo Adissoda, la responsable principale du projet SODIS au CREPA.
Le Directeur résident du CREPA, Paul Yadouléton, n’a pas un avis contraire. Il confirme que lorsque les populations ont comparé l’eau traitée au SODIS à ce qu’elles avaient l’habitude de consommer, elles notent une différence considérable ».
Derrière son étalage de divers produits dans le petit marché de Sèkandji, Marthe Gnona, la quarantaine montre avec fierté sa gourde remplie d’eau. On peut bien deviner qu’elle fait allusion à un succès.
« Cette eau je l’ai traitée hier et déjà aujourd’hui j’arrive à la boire. Quoi de plus intéressant ? Le goût est agréable. C’est comme l’eau du robinet et désormais, je n’ai pas besoin de me faire du souci », s’est elle satisfaite.
Comme l’eau du robinet exploitée par la Société nationale des eaux du Bénin, la SONEB reste très loin de la majorité des populations rurales, le Directeur de CREPA-BENIN, Paul Yadouleton estime que SODIS représente une vraie solution économique.
Puisque les bouteilles en plastique utilisées se vendent à 25 FCFA ou 50 FCFA.
Ces bouteilles ont été soigneusement étudiées et leur réutilisation ne pose aucun problème de santé, mieux les plastifiants ne diffusent pas suffisamment dans l’eau, indique d’ailleurs une étude réalisée par le Département Eau et assainissement dans les pays en développement, de l’Institut suisse EAWAG.
Ce n’est pourtant pas la panacée
Selon le CREPA, des études d’impact réalisées chez les personnes appliquant SODIS dans le monde ont révélé une baisse drastique du taux de diarrhéiques dans le monde entre 20% à 70%.
Mais, il est loin d’y voir la solution apogée. Car, on ne peut recourir à SODIS par effet de mode. D’ailleurs les contraintes auxquelles fait appel son expérimentation représente un frein. Car n’oublions pas qu’il faut une bouteille, guetter le soleil et patienter que la bouteille fasse 6 heures de temps au soleil.
« Lorsqu’il y a une bonne couverture en eau potable, le problème ne se pose. SODIS est conseillé quand il n’y a pas de l’eau potable », a indiqué une source proche du Ministère béninois de l’eau.
En règle générale, les populations pour contourner les difficultés d’accès à l’eau potable expérimentent des procédés locaux. Il s’agit entre autres de l’ébullition, la filtration, la sédimentation, la chloration.
« Pour ce que nous en savons et les bienfaits que cela apporte à beaucoup de personnes maintenant, nous estimons qu’elle fera école dans les stratégies des autorités nationales dans les pays africains dans le cadre des stratégies de lutte contre la pauvreté ».
Des pays en développement en Afrique comme le Burkina Faso, le Togo, le Sénégal, la Sierra Leone, le Ghana, l’Ouganda, le Kenya, la Guinée l’expérimentent déjà.
A la Société nationale des eaux du Bénin, SONEB, même si on porte des gants pour ne pas vanter une méthode qui viendrait à concurrencer les prestations offertes, on sait qu’il y a un enjeu social qui va au-delà de tout, a savoir l’accès massif à l’eau potable.
Un haut responsable de la Société qui a accepté de s’exprimer sous le couvert de l’anonymat a d’ailleurs déclaré « qu’en attendant que la SONEB ne couvre tout le territoire national en eau potable, il faut saluer l’intérêt que SODIS peut représenter à la population. ».
Seulement pour y arriver, il est important de tenir compte de plusieurs facteurs que sont les besoins de traitement de l’eau, l’état de santé de la population, les conditions climatiques et la disponibilité des bouteilles.
Article réalisé dans le cadre du projet d'articles transfrontaliers pour le programme de mentorat de la Fédération Mondiale des journalistes scientifiques
Savez vous que chaque individu peut rendre potable une eau contaminée, simplement en l'exposant au soleil pendant six heures dans une bouteille transparente ? Idéalement, une bouteille en PET (Polyéthylène téréphtalate) ou, à défaut, en verre non coloré. C’est ce qu’on a appelé la désinfection solaire de l’eau, SODIS. Une technique introduite au Bénin par le Centre Régional pour l’eau potable et l’assainissement, CREPA. Dans ce pays, à peine la moitié des citoyens ont accès à une eau potable de qualité dans les villes et le pourcentage tombe à 40% dans les campagnes. Résultat: 300 000 cas de diarrhée et de malaria par année, selon le ministère de la Santé.
« La lumière du soleil et les rayons ultraviolets tuent impérativement les microorganismes pathogènes contenus dans l’eau. Une action se produit ainsi entre les rayons ultraviolets et la température de l’eau quand elle dépasse 45 degrés. » a fait remarquer Yédjilè Gbèdo Adissoda, qui s’occupa principalement de SODIS au sein du Centre Régional pour l’Eau potable et l’Assainissement, CREPA.
Mme Adissoda sait certainement de quoi elle parle, puisque qu’au laboratoire situé dans l’enceinte du CREPA à Cotonou l’analyse bactériologique a permis d’observer qu’un nombre important de coliformes (indicateurs de pollution de l’eau) disparaissent après l’application de SODIS.
« Puisque nous n’en sommes qu’au début, nous avons pu remarquer que les microbes diminuent drastiquement, mais nous ne pouvons dire avec précisions à quel taux ils diminuent. Ce qui est sûr l’eau traitée au SODIS n’est plus la même qu’au début », explique un technicien de laboratoire qui a travaillé sur les échantillons.
Si les bouteilles d’eau ne restent pas la durée nécessaire au soleil, l’eau ne sera pas bonne à boire et pourra causer des maladies. Si le soleil n’est pas assez fort, dû à des nuages ou un climat moins ensoleillé, une durée d’exposition plus longue est nécessaire, indique dans une étude l’Institut fédéral suisse pour l’aménagement, l’épuration et la protection des eaux (EAWAG), initiateur de SODIS dans le monde.
En effet, des études réalisées par EAWAG ont révélé que les rayons du soleil produisent des formes très réactives d’oxygène dans l’eau. Ces molécules réactives contribuent au processus de destruction des micro-organismes. L’eau qui contient assez d’oxygène (plus de 3 mg d’oxygène par litre) ne doit pas être aérée avant l’application de SODIS.
Une chose est à surveiller, lorsque l’eau traitée n’est pas immédiatement consommée, le risque d’une recontamination est possible.
« Il se pourrait qu’en raison de ce que tous les microbes ne sont pas tués, ceux qui restent vont coloniser l’eau et provoqué un repeuplement microbien », a souligné Alain KISSI un chercheur béninois en sciences de l’eau.
C’est aussi une méthode qui demande beaucoup de patience. Car lorsqu’il y a un faible ensoleillement, il faut deux jours pour que ça fonctionne. Inutile dans ces conditions d’y recourir en période de pluies.
Des résultats probants
Dans le village de Sèkandji, à la périphérie Est de Cotonou choisi comme base expérimentale, « cela a tellement bien marché, les populations étaient très enthousiastes de savoir qu’elles pouvaient maintenant consommer de la bonne eau », s’est réjouie Yedjilé Gbedo Adissoda, la responsable principale du projet SODIS au CREPA.
Le Directeur résident du CREPA, Paul Yadouléton, n’a pas un avis contraire. Il confirme que lorsque les populations ont comparé l’eau traitée au SODIS à ce qu’elles avaient l’habitude de consommer, elles notent une différence considérable ».
Derrière son étalage de divers produits dans le petit marché de Sèkandji, Marthe Gnona, la quarantaine montre avec fierté sa gourde remplie d’eau. On peut bien deviner qu’elle fait allusion à un succès.
« Cette eau je l’ai traitée hier et déjà aujourd’hui j’arrive à la boire. Quoi de plus intéressant ? Le goût est agréable. C’est comme l’eau du robinet et désormais, je n’ai pas besoin de me faire du souci », s’est elle satisfaite.
Comme l’eau du robinet exploitée par la Société nationale des eaux du Bénin, la SONEB reste très loin de la majorité des populations rurales, le Directeur de CREPA-BENIN, Paul Yadouleton estime que SODIS représente une vraie solution économique.
Puisque les bouteilles en plastique utilisées se vendent à 25 FCFA ou 50 FCFA.
Ces bouteilles ont été soigneusement étudiées et leur réutilisation ne pose aucun problème de santé, mieux les plastifiants ne diffusent pas suffisamment dans l’eau, indique d’ailleurs une étude réalisée par le Département Eau et assainissement dans les pays en développement, de l’Institut suisse EAWAG.
Ce n’est pourtant pas la panacée
Selon le CREPA, des études d’impact réalisées chez les personnes appliquant SODIS dans le monde ont révélé une baisse drastique du taux de diarrhéiques dans le monde entre 20% à 70%.
Mais, il est loin d’y voir la solution apogée. Car, on ne peut recourir à SODIS par effet de mode. D’ailleurs les contraintes auxquelles fait appel son expérimentation représente un frein. Car n’oublions pas qu’il faut une bouteille, guetter le soleil et patienter que la bouteille fasse 6 heures de temps au soleil.
« Lorsqu’il y a une bonne couverture en eau potable, le problème ne se pose. SODIS est conseillé quand il n’y a pas de l’eau potable », a indiqué une source proche du Ministère béninois de l’eau.
En règle générale, les populations pour contourner les difficultés d’accès à l’eau potable expérimentent des procédés locaux. Il s’agit entre autres de l’ébullition, la filtration, la sédimentation, la chloration.
« Pour ce que nous en savons et les bienfaits que cela apporte à beaucoup de personnes maintenant, nous estimons qu’elle fera école dans les stratégies des autorités nationales dans les pays africains dans le cadre des stratégies de lutte contre la pauvreté ».
Des pays en développement en Afrique comme le Burkina Faso, le Togo, le Sénégal, la Sierra Leone, le Ghana, l’Ouganda, le Kenya, la Guinée l’expérimentent déjà.
A la Société nationale des eaux du Bénin, SONEB, même si on porte des gants pour ne pas vanter une méthode qui viendrait à concurrencer les prestations offertes, on sait qu’il y a un enjeu social qui va au-delà de tout, a savoir l’accès massif à l’eau potable.
Un haut responsable de la Société qui a accepté de s’exprimer sous le couvert de l’anonymat a d’ailleurs déclaré « qu’en attendant que la SONEB ne couvre tout le territoire national en eau potable, il faut saluer l’intérêt que SODIS peut représenter à la population. ».
Seulement pour y arriver, il est important de tenir compte de plusieurs facteurs que sont les besoins de traitement de l’eau, l’état de santé de la population, les conditions climatiques et la disponibilité des bouteilles.
Article réalisé dans le cadre du projet d'articles transfrontaliers pour le programme de mentorat de la Fédération Mondiale des journalistes scientifiques
vendredi 22 août 2008
BÉNIN: Du soleil + une bouteille en plastique = de l’eau propre
COTONOU, 11 juillet 2008 (IRIN) - Le gouvernement béninois cherche à augmenter considérablement le pourcentage de Béninois ayant accès à l’eau potable d’ici à 2015 et une organisation, le Centre régional pour l’eau potable et l’assainissement à faible coût (CREPA) espère combler cette lacune grâce à une solution simple, qui ne demande guère plus qu’un peu de soleil et une bouteille en plastique.
Créée par l’Institut fédéral suisse pour les sciences et technologies de l’eau (EAWAG), cette méthode, baptisée désinfection solaire de l’eau, ou SODIS, utilise les rayons UV-A et la chaleur du soleil pour décontaminer l’eau.
Jusqu’ici, pas moins de deux millions de personnes dans 20 pays ont eu recours à cette méthode, bien que le Bénin soit l’un des rares pays d’Afrique de l’Ouest à l’avoir testée.
Grâce au soleil, qui rayonne à foison, les responsables du CREPA affirment que la méthode de la SODIS pourrait contribuer à résoudre en bonne partie le problème de l’eau potable dans la région.
« D’après ce que nous savons sur les avantages que cette méthode a, à l’heure actuelle, pour bon nombre de personnes, nous pensons que la SODIS contribuera à orienter les stratégies adoptées par les autorités nationales dans le domaine de l’eau dans beaucoup de pays d’Afrique, dans le cadre d’un plan de lutte contre la pauvreté », a indiqué Yadjide Gbedo Adissoda, conseillère technique et ingénieur au CREPA.
Seuls 41 pour cent des Béninois qui vivent en milieu rural ont actuellement accès à l’eau salubre, mais le gouvernement espère porter ce nombre à 67 pour cent d’ici à l’an 2015, dans le cadre des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD).
La diarrhée provoque pas moins de 17 pour cent des décès de nourrissons observés dans le pays, selon Countdown to 2015, une organisation non-gouvernementale (ONG), et elle tue, dans le monde, 2,5 millions de personnes chaque année.
Mode d’emploi
La plupart des Béninois qui ne sont pas reliés au réseau hydraulique s’en sortent en purifiant leur eau eux-mêmes (en la faisant bouillir, en la javellisant, ou en filtrant les sédiments).
La méthode SODIS est plus simple. Les utilisateurs prennent une bouteille de plastique transparente d’une contenance maximale de trois litres, la remplissent d’eau et la placent sur leur toit, ou sur une plaque de tôle ondulée pour qu’elle absorbe les rayons du soleil.
Six heures à deux jours plus tard, en fonction de l’intensité des rayons du soleil, l’eau devrait être purifiée.
Selon les responsables de l’EAWAG, les UV-A tuent les organismes pathogènes de l’eau et la chaleur du soleil a un effet pasteurisant. Ces effets conjugués permettent de détruire jusqu’à 99,9 pour cent des microorganismes responsables du choléra et de la diarrhée.
« Un nombre important de bactéries coliformes ont disparu lorsque la méthode SODIS a été appliquée en laboratoire », a affirmé Mme Adissoda du CREPA.
Selon les études d’impact de la SODIS, le taux d’infections diarrhéiques chute de 20 à 70 pour cent lorsque la méthode est appliquée. Cette méthode est peu coûteuse (les bouteilles coûtent environ six centimes de dollar la pièce et peuvent être réutilisées si elles sont bien entretenues), et sûre (selon les études menées jusqu’ici, il n’y a aucun risque de voir le plastique se diluer dans l’eau, selon Mme Adissoda). Et le goût de l’eau n’est pas chimique.
« Cette eau a vraiment bon goût », a affirmé Gnona Marthe, une habitante du village de Sèkandji, à la périphérie de Cotonou, où les villageois testent actuellement la méthode SODIS.
Jean Yadouléton, directeur du CREPA, a confirmé les dires de Gnona Marthe, déclarant à IRIN que « lorsqu’ils ont comparé l’eau traitée selon la méthode SODIS avec ce qu’ils étaient habitués à consommer, ils ont noté une différence de goût considérable ».
Une méthode qui traîne à être adoptée
Malgré les avantages de leur méthode, les responsables de la SODIS à la Société nationale des eaux du Bénin (SONEB) disent n’avoir pas encore décidé de promouvoir la SODIS en tant que stratégie officielle et ne souhaitent pas annoncer ouvertement si cela changera ou non.
« La SODIS est recommandée uniquement dans les cas où il n’y a pas d’eau potable. Dans les régions bien approvisionnées en eau potable, il n’y a pas de problème », a déclaré une source proche du ministère béninois de l’Eau, sous le couvert de l’anonymat.
En outre, la SODIS ne fonctionne pas lorsque les conditions requises ne sont pas réunies. « Il est impératif d’utiliser des bouteilles soigneusement lavées et d’avoir les mains propres », a indiqué Mme Adissoda.
Cela suppose un degré important de sensibilisation à l’hygiène, or les campagnes d’information publique peuvent coûter jusque deux dollars par personne, a-t-elle ajouté.
L’eau elle-même ne doit pas être trop sale : si elle est trop trouble, elle risque de résister aux rayons du soleil. Enfin, bien que les bouteilles en plastique soient peu coûteuses, on n’en trouve pas toujours en abondance dans les régions rurales. En revanche, l’ingrédient principal, le soleil, rayonne à profusion dans des pays tels que le Bénin.
Les responsables de la SODIS s’efforcent de sensibiliser les populations à cette méthode dans l’ensemble de la région, en espérant voir évoluer les attitudes à l’égard de celle-ci.
Leurs efforts commencent peut-être à porter leurs fruits à la Société nationale des eaux du Bénin.
D’abord peu locace, un autre haut responsable de la SONEB a en effet fini par déclarer à IRIN, sous couvert de l’anonymat : « A mesure que nous commençons à approvisionner l’ensemble du territoire national en eau potable, nous pensons que nous devrions nous réjouir de l’intérêt que la SODIS peut susciter au sein de la population béninoise ».
Godefroy Macaire CHABI
Créée par l’Institut fédéral suisse pour les sciences et technologies de l’eau (EAWAG), cette méthode, baptisée désinfection solaire de l’eau, ou SODIS, utilise les rayons UV-A et la chaleur du soleil pour décontaminer l’eau.
Jusqu’ici, pas moins de deux millions de personnes dans 20 pays ont eu recours à cette méthode, bien que le Bénin soit l’un des rares pays d’Afrique de l’Ouest à l’avoir testée.
Grâce au soleil, qui rayonne à foison, les responsables du CREPA affirment que la méthode de la SODIS pourrait contribuer à résoudre en bonne partie le problème de l’eau potable dans la région.
« D’après ce que nous savons sur les avantages que cette méthode a, à l’heure actuelle, pour bon nombre de personnes, nous pensons que la SODIS contribuera à orienter les stratégies adoptées par les autorités nationales dans le domaine de l’eau dans beaucoup de pays d’Afrique, dans le cadre d’un plan de lutte contre la pauvreté », a indiqué Yadjide Gbedo Adissoda, conseillère technique et ingénieur au CREPA.
Seuls 41 pour cent des Béninois qui vivent en milieu rural ont actuellement accès à l’eau salubre, mais le gouvernement espère porter ce nombre à 67 pour cent d’ici à l’an 2015, dans le cadre des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD).
La diarrhée provoque pas moins de 17 pour cent des décès de nourrissons observés dans le pays, selon Countdown to 2015, une organisation non-gouvernementale (ONG), et elle tue, dans le monde, 2,5 millions de personnes chaque année.
Mode d’emploi
La plupart des Béninois qui ne sont pas reliés au réseau hydraulique s’en sortent en purifiant leur eau eux-mêmes (en la faisant bouillir, en la javellisant, ou en filtrant les sédiments).
La méthode SODIS est plus simple. Les utilisateurs prennent une bouteille de plastique transparente d’une contenance maximale de trois litres, la remplissent d’eau et la placent sur leur toit, ou sur une plaque de tôle ondulée pour qu’elle absorbe les rayons du soleil.
Six heures à deux jours plus tard, en fonction de l’intensité des rayons du soleil, l’eau devrait être purifiée.
Selon les responsables de l’EAWAG, les UV-A tuent les organismes pathogènes de l’eau et la chaleur du soleil a un effet pasteurisant. Ces effets conjugués permettent de détruire jusqu’à 99,9 pour cent des microorganismes responsables du choléra et de la diarrhée.
« Un nombre important de bactéries coliformes ont disparu lorsque la méthode SODIS a été appliquée en laboratoire », a affirmé Mme Adissoda du CREPA.
Selon les études d’impact de la SODIS, le taux d’infections diarrhéiques chute de 20 à 70 pour cent lorsque la méthode est appliquée. Cette méthode est peu coûteuse (les bouteilles coûtent environ six centimes de dollar la pièce et peuvent être réutilisées si elles sont bien entretenues), et sûre (selon les études menées jusqu’ici, il n’y a aucun risque de voir le plastique se diluer dans l’eau, selon Mme Adissoda). Et le goût de l’eau n’est pas chimique.
« Cette eau a vraiment bon goût », a affirmé Gnona Marthe, une habitante du village de Sèkandji, à la périphérie de Cotonou, où les villageois testent actuellement la méthode SODIS.
Jean Yadouléton, directeur du CREPA, a confirmé les dires de Gnona Marthe, déclarant à IRIN que « lorsqu’ils ont comparé l’eau traitée selon la méthode SODIS avec ce qu’ils étaient habitués à consommer, ils ont noté une différence de goût considérable ».
Une méthode qui traîne à être adoptée
Malgré les avantages de leur méthode, les responsables de la SODIS à la Société nationale des eaux du Bénin (SONEB) disent n’avoir pas encore décidé de promouvoir la SODIS en tant que stratégie officielle et ne souhaitent pas annoncer ouvertement si cela changera ou non.
« La SODIS est recommandée uniquement dans les cas où il n’y a pas d’eau potable. Dans les régions bien approvisionnées en eau potable, il n’y a pas de problème », a déclaré une source proche du ministère béninois de l’Eau, sous le couvert de l’anonymat.
En outre, la SODIS ne fonctionne pas lorsque les conditions requises ne sont pas réunies. « Il est impératif d’utiliser des bouteilles soigneusement lavées et d’avoir les mains propres », a indiqué Mme Adissoda.
Cela suppose un degré important de sensibilisation à l’hygiène, or les campagnes d’information publique peuvent coûter jusque deux dollars par personne, a-t-elle ajouté.
L’eau elle-même ne doit pas être trop sale : si elle est trop trouble, elle risque de résister aux rayons du soleil. Enfin, bien que les bouteilles en plastique soient peu coûteuses, on n’en trouve pas toujours en abondance dans les régions rurales. En revanche, l’ingrédient principal, le soleil, rayonne à profusion dans des pays tels que le Bénin.
Les responsables de la SODIS s’efforcent de sensibiliser les populations à cette méthode dans l’ensemble de la région, en espérant voir évoluer les attitudes à l’égard de celle-ci.
Leurs efforts commencent peut-être à porter leurs fruits à la Société nationale des eaux du Bénin.
D’abord peu locace, un autre haut responsable de la SONEB a en effet fini par déclarer à IRIN, sous couvert de l’anonymat : « A mesure que nous commençons à approvisionner l’ensemble du territoire national en eau potable, nous pensons que nous devrions nous réjouir de l’intérêt que la SODIS peut susciter au sein de la population béninoise ».
Godefroy Macaire CHABI
mercredi 13 août 2008
Revoici les jeunes
Cette semaine-ci encore, ils se sont donné rendez vous dans la belle province, le Québec. Sinon, comment peut il être possible de manquer ce genre de rendez vous alors qu’il y a tant à faire et tan à dire ? Impossible a semblé massivement répondre une jeunesse francophone profondément préoccupée par les choses.
Le Conseil International des Organisations de jeunes de la Francophonie avec sa bonne quinzaine de délégués a signé le cahier de présence. Une brochette de plusieurs jeunes francophones recrutés par des organismes divers sont également ici pour créer le maillage avec la jeunesse d’ailleurs.
Surtout qu’à Québec, toutes les problématiques de notre époque seront bigrement brassées. Il y a la question de l’eau. Dans le monde, plus de la moitié de la population n’a pas accès à l’eau dans les milieux urbains et ruraux. Les pays en développement paient le plus lourd tribut. Notre époque est aussi confrontée à la maladie. Toutes sortes de maladie, les pires que l’humanité ait jamais connues : le paludisme, le Sida, la tuberculose et nous en oublions. Le climat change considérablement, sans que personne ne puisse dire avec exactitude quelle sera l’ampleur du désastre pour l’humanité dans les années à venir. Les ressources naturelles connaissent une destruction effroyable. L’effet conjugué du malaise naturel contribue drastiquement à un épisode qui se tourne actuellement à savoir la crise alimentaire mondiale. Si les grands ont posé le diagnostic, les jeunes pensent que l’avenir leur appartient, et qu’au-delà d’un simple slogan, il faut agir pour sauver sa propre maison.
Le congrès mondial de la jeunesse doublé de l’Ecole d’Eté de l’Institut du nouveau Monde ayant cours à Québec au Canada est symptomatique de la volonté de ceux qui y sont.
Et précisément avec toutes les innovations dont ils se sont bardés, le monde leur appartient vraiment.
Expositions, mais aussi discussions et actions, avec des représentants de plus de 100 pays. Imaginez ce que cela donnera peut être dans un ou deux ans, si l’engagement et la frénésie constatés à Québec sont entretenus et suivis avec esprit de suite.
Godefroy Macaire CHABI
Le Conseil International des Organisations de jeunes de la Francophonie avec sa bonne quinzaine de délégués a signé le cahier de présence. Une brochette de plusieurs jeunes francophones recrutés par des organismes divers sont également ici pour créer le maillage avec la jeunesse d’ailleurs.
Surtout qu’à Québec, toutes les problématiques de notre époque seront bigrement brassées. Il y a la question de l’eau. Dans le monde, plus de la moitié de la population n’a pas accès à l’eau dans les milieux urbains et ruraux. Les pays en développement paient le plus lourd tribut. Notre époque est aussi confrontée à la maladie. Toutes sortes de maladie, les pires que l’humanité ait jamais connues : le paludisme, le Sida, la tuberculose et nous en oublions. Le climat change considérablement, sans que personne ne puisse dire avec exactitude quelle sera l’ampleur du désastre pour l’humanité dans les années à venir. Les ressources naturelles connaissent une destruction effroyable. L’effet conjugué du malaise naturel contribue drastiquement à un épisode qui se tourne actuellement à savoir la crise alimentaire mondiale. Si les grands ont posé le diagnostic, les jeunes pensent que l’avenir leur appartient, et qu’au-delà d’un simple slogan, il faut agir pour sauver sa propre maison.
Le congrès mondial de la jeunesse doublé de l’Ecole d’Eté de l’Institut du nouveau Monde ayant cours à Québec au Canada est symptomatique de la volonté de ceux qui y sont.
Et précisément avec toutes les innovations dont ils se sont bardés, le monde leur appartient vraiment.
Expositions, mais aussi discussions et actions, avec des représentants de plus de 100 pays. Imaginez ce que cela donnera peut être dans un ou deux ans, si l’engagement et la frénésie constatés à Québec sont entretenus et suivis avec esprit de suite.
Godefroy Macaire CHABI
samedi 26 juillet 2008
BÉNIN: Des distributeurs de préservatifs à l’abandon
COTONOU, 26 juin 2008 (PlusNews) - Cela fait près de 10 minutes que Placide introduit une pièce de 50 francs CFA (0,10 dollar) dans le distributeur automatique de préservatifs installé dans le grand hall de l’Office de radiodiffusion et télévision du Bénin (ORTB), mais la machine refuse obstinément de lui délivrer le paquet de préservatif espéré. Placide se fait aider, mais rien n’y fait. Avant lui, Gérard, un visiteur de passage a fait le même constat dans plusieurs administrations. « Vous constaterez la même chose ailleurs, on ne sait pas pourquoi c’est comme cela. J’ai bien le sentiment qu’on les a mis pour orner le décor », a critiqué Gérard. « Pourtant dans ce périmètre, on sait bien que les prostituées sont nombreuses à racoler les clients la nuit », a commenté David Mégnigbèto, conducteur de véhicule à l’ORTB. Certains distributeurs semblent en effet avoir fait leur temps au Bénin. Une cinquantaine d’entre eux ont été installés dans différents lieux stratégiques du pays depuis le début des années 2000, mais aujourd’hui, beaucoup d’entre eux ne fonctionnent plus.
De l’euphorie à la désillusion
L’initiative avait été mise en œuvre à l’origine par le projet ‘Santé, service sociaux au profit des adolescents et des jeunes’ (3S ADOS) et OSV-Jordan, une ONG médicale spécialisée dans la santé de la reproduction et la sensibilisation sur le VIH/SIDA, avec l’appui financier du Fond des Nations Unies pour la population (FNUAP). « Nos premiers distributeurs ont été installés entre 2000 et 2001 dans les zones à forte affluence et dans les milieux juvéniles. On les a mis dans les universités, les centres de jeunes et de loisirs à Pobè, Bohicon, Kandi [plusieurs localités du Bénin] », s’est souvenu Achille Métahou, épidémiologiste VIH/SIDA, responsable formation, suivi et évaluation de projet de santé de la reproduction à OSV-Jordan. Cette initiative était partie d’un constat, a expliqué M. Métahou. « Les gens ne vont pas dans les centres de santé pour [chercher] les préservatifs. Ils craignent les regards devant les comptoirs de pharmacie et dans les boutiques ». Puis, « on a commencé par mettre les préservatifs dans les toilettes et quelques temps après, on a remarqué qu’ils disparaissaient. Nous en avons déduit qu’il y avait un besoin réel… d’où l’installation de ces distributeurs », a-t-il poursuivi. Mais le temps, et surtout les comportements inciviques, ont conduit l’initiative presque au bord de l’échec, à en croire les différents acteurs. « Il y a deux faiblesses qui expliquent les problèmes que rencontrent les distributeurs », a dit Jérémie Houssou, coordonnateur ventes et distribution pour le Programme de marketing social et de communication pour la santé, PSI-Bénin. « Ils sont régulièrement sabotés par les utilisateurs qui y mettent n’importe quelle pièce de monnaie, [et d’autre part] le cycle de remplissage n’est pas respecté car les gestionnaires, voyant l’utilisation que les consommateurs en font, ne veulent plus prendre le risque d’engager des frais inutilement ».
Le découragement
OSV-Jordan a confirmé ces difficultés. « On faisait un suivi périodique tous les mois, on avait même formé des pairs éducateurs pour orienter les cibles vers les distributeurs et les éduquer sur son exploitation, et cela évoluait positivement. Mais l’incivisme des populations a fini par prendre le pas. Les gens vont même jusqu’à utiliser les monnaies étrangères, pourvu qu’elles déclenchent le système ! », a déploré M. Métahou. L’absence de maintenance régulière peut aussi expliquer en partie la situation des distributeurs au Bénin. « Il n’y a pas eu de lignes budgétaires et on a eu des difficultés pour faire face à la maintenance », a-t-il dit. A cela il faut ajouter un manque de coordination et de prévision, a-t-il estimé. « Au départ la boîte de quatre préservatifs coûtaient 50 francs CFA, et les distributeurs de l’époque étaient [adaptés à des pièces de cette taille]. Aujourd’hui, avec le changement du label ‘Prudence’ en ‘Prudence Plus’ de PSI-Bénin, ce n’est plus à 50 mais à 100 francs CFA », a noté M. Métahou. « Ce changement de coût a beaucoup joué sur les choses, puisqu’on s’est trouvé dans l’incapacité d’utiliser les anciens distributeurs ». Pourtant, l’abandon de ces distributeurs automatiques serait une mauvaise nouvelle pour la lutte contre le sida, ont estimé plusieurs acteurs. « [Le distributeur] a l’avantage de renforcer l’accessibilité et la disponibilité du produit. Les gens vont facilement vers le produit, ça motive à l’utilisation et ça renforce la discrétion », a noté M. Houssou de PSI-Bénin.
Espoir malgré tout
L’arrêt de mort des distributeurs n’a cependant pas encore été signé, comme le montrent différentes initiatives. Après la phase de découragement, OSV-Jordan a annoncé reprendre son bâton de pèlerin et renégocier avec le FNUAP en vue de relancer l’expérience des distributeurs automatiques, en tirant les leçons des erreurs du passé. Le Projet Corridor, un projet régional de lutte contre le sida le long des axes migratoires entre Abidjan (Côte d’Ivoire) et Lagos (Nigeria), a également fait installer des distributeurs dans les localités frontalières. Les machines y fonctionnent sans discontinuer, a constaté IRIN/PlusNews. Des projets similaires sont également en cours au ministère de l'Eau et dans 13 mairies du nord du Bénin, dans le cadre d’un projet transversal de prévention appuyé par la coopération allemande et mis en œuvre par PSI-Bénin. Des initiatives nécessaires, selon plusieurs acteurs de la lutte contre le sida, qui estiment qu’il faut relancer l’intérêt des populations pour ce moyen de prévention de l’infection au VIH, l’utilisation du préservatif semblant connaître une tendance à la baisse ces dernières années. En 2007, 8,2 millions de préservatifs ont été vendus, contre 10 millions en 2004, selon PSI-Bénin, un désintérêt qui a accompagné la baisse du taux de prévalence du VIH au Bénin –autour de deux pour cent aujourd’hui- et qui pourrait en partie y être lié, les populations relâchant leur vigilance.
Godefroy Macaire CHABI
De l’euphorie à la désillusion
L’initiative avait été mise en œuvre à l’origine par le projet ‘Santé, service sociaux au profit des adolescents et des jeunes’ (3S ADOS) et OSV-Jordan, une ONG médicale spécialisée dans la santé de la reproduction et la sensibilisation sur le VIH/SIDA, avec l’appui financier du Fond des Nations Unies pour la population (FNUAP). « Nos premiers distributeurs ont été installés entre 2000 et 2001 dans les zones à forte affluence et dans les milieux juvéniles. On les a mis dans les universités, les centres de jeunes et de loisirs à Pobè, Bohicon, Kandi [plusieurs localités du Bénin] », s’est souvenu Achille Métahou, épidémiologiste VIH/SIDA, responsable formation, suivi et évaluation de projet de santé de la reproduction à OSV-Jordan. Cette initiative était partie d’un constat, a expliqué M. Métahou. « Les gens ne vont pas dans les centres de santé pour [chercher] les préservatifs. Ils craignent les regards devant les comptoirs de pharmacie et dans les boutiques ». Puis, « on a commencé par mettre les préservatifs dans les toilettes et quelques temps après, on a remarqué qu’ils disparaissaient. Nous en avons déduit qu’il y avait un besoin réel… d’où l’installation de ces distributeurs », a-t-il poursuivi. Mais le temps, et surtout les comportements inciviques, ont conduit l’initiative presque au bord de l’échec, à en croire les différents acteurs. « Il y a deux faiblesses qui expliquent les problèmes que rencontrent les distributeurs », a dit Jérémie Houssou, coordonnateur ventes et distribution pour le Programme de marketing social et de communication pour la santé, PSI-Bénin. « Ils sont régulièrement sabotés par les utilisateurs qui y mettent n’importe quelle pièce de monnaie, [et d’autre part] le cycle de remplissage n’est pas respecté car les gestionnaires, voyant l’utilisation que les consommateurs en font, ne veulent plus prendre le risque d’engager des frais inutilement ».
Le découragement
OSV-Jordan a confirmé ces difficultés. « On faisait un suivi périodique tous les mois, on avait même formé des pairs éducateurs pour orienter les cibles vers les distributeurs et les éduquer sur son exploitation, et cela évoluait positivement. Mais l’incivisme des populations a fini par prendre le pas. Les gens vont même jusqu’à utiliser les monnaies étrangères, pourvu qu’elles déclenchent le système ! », a déploré M. Métahou. L’absence de maintenance régulière peut aussi expliquer en partie la situation des distributeurs au Bénin. « Il n’y a pas eu de lignes budgétaires et on a eu des difficultés pour faire face à la maintenance », a-t-il dit. A cela il faut ajouter un manque de coordination et de prévision, a-t-il estimé. « Au départ la boîte de quatre préservatifs coûtaient 50 francs CFA, et les distributeurs de l’époque étaient [adaptés à des pièces de cette taille]. Aujourd’hui, avec le changement du label ‘Prudence’ en ‘Prudence Plus’ de PSI-Bénin, ce n’est plus à 50 mais à 100 francs CFA », a noté M. Métahou. « Ce changement de coût a beaucoup joué sur les choses, puisqu’on s’est trouvé dans l’incapacité d’utiliser les anciens distributeurs ». Pourtant, l’abandon de ces distributeurs automatiques serait une mauvaise nouvelle pour la lutte contre le sida, ont estimé plusieurs acteurs. « [Le distributeur] a l’avantage de renforcer l’accessibilité et la disponibilité du produit. Les gens vont facilement vers le produit, ça motive à l’utilisation et ça renforce la discrétion », a noté M. Houssou de PSI-Bénin.
Espoir malgré tout
L’arrêt de mort des distributeurs n’a cependant pas encore été signé, comme le montrent différentes initiatives. Après la phase de découragement, OSV-Jordan a annoncé reprendre son bâton de pèlerin et renégocier avec le FNUAP en vue de relancer l’expérience des distributeurs automatiques, en tirant les leçons des erreurs du passé. Le Projet Corridor, un projet régional de lutte contre le sida le long des axes migratoires entre Abidjan (Côte d’Ivoire) et Lagos (Nigeria), a également fait installer des distributeurs dans les localités frontalières. Les machines y fonctionnent sans discontinuer, a constaté IRIN/PlusNews. Des projets similaires sont également en cours au ministère de l'Eau et dans 13 mairies du nord du Bénin, dans le cadre d’un projet transversal de prévention appuyé par la coopération allemande et mis en œuvre par PSI-Bénin. Des initiatives nécessaires, selon plusieurs acteurs de la lutte contre le sida, qui estiment qu’il faut relancer l’intérêt des populations pour ce moyen de prévention de l’infection au VIH, l’utilisation du préservatif semblant connaître une tendance à la baisse ces dernières années. En 2007, 8,2 millions de préservatifs ont été vendus, contre 10 millions en 2004, selon PSI-Bénin, un désintérêt qui a accompagné la baisse du taux de prévalence du VIH au Bénin –autour de deux pour cent aujourd’hui- et qui pourrait en partie y être lié, les populations relâchant leur vigilance.
Godefroy Macaire CHABI
BÉNIN: Des relations sexuelles à risque, à la faveur de l'obscurité forcée
COTONOU, 24 juillet 2008 (PlusNews) - Alain*, un jeune habitant de Cotonou, se dit comblé : depuis que des délestages plongent régulièrement la principale ville du Bénin dans l’obscurité, il n’a plus à se préoccuper de payer une chambre d’hôtel pour avoir une relation sexuelle occasionnelle – un coin tranquille dans une rue sombre suffit. Dans de nombreux pays de la sous-région, l’explosion du prix du baril de pétrole au cours des derniers mois a entraîné une recrudescence des coupures d’électricité, dans des pays dont l’économie nationale se trouve dans l’incapacité de supporter les surcoûts liés au fonctionnement de la plupart de leurs centrales électriques. Depuis plusieurs mois, les délestages sont donc le lot quotidien des habitants de Cotonou. Tandis que la majorité de la population ne voit dans ces coupures récurrentes que des inconvénients, certains jeunes y trouvent, eux, des avantages. « Avant, je n’arrivais pas à faire régulièrement l’amour, car pour y arriver il faut amener la femme soit à la maison, soit dans une chambre de passage », a expliqué Alain, chauffeur de taxi dans une gare routière du quartier Jonquet, en plein centre de Cotonou. « C’était un grand souci pour moi, puisque cela implique qu’il faut en avoir les moyens ». Une chambre d’hôtel de passage lui coûtait entre 1 000 et 1 500 francs CFA (de 2,4 à 3,6 dollars), tandis que ramener une femme chez lui était risqué, a-t-il dit. « Ma vraie copine pouvait à tout moment me surprendre si je me hasardais à le faire. Aujourd’hui, il suffit que je guette l’obscurité pour me satisfaire ». Le quartier Jonquet a acquis une réputation sulfureuse, au-delà même des frontières du Bénin, en raison des nombreuses travailleuses du sexe qui y exercent et des hommes à la recherche d’une relation sexuelle occasionnelle qui les fréquentent. Jusqu’à il y a quelques mois, Jean-Marc*, un célibataire de 35 ans, n’osait pas trop venir dans cette zone, malgré son désir d’avoir des relations sexuelles. « Je n’ai pas de petite amie et … je fréquentais ce quartier à la recherche de prostituées, mais en même temps, j’avais très honte, car étant donné que c’est un quartier animé, j’ai toujours craint de me faire identifier », a-t-il expliqué à IRIN/PlusNews. Un souci qu’il n’a plus depuis quelques mois. « Maintenant, il y a régulièrement l’obscurité dans ce quartier et je n’ai plus honte, je fais tout ce que je veux », s’est-il réjouit. « [Une fois], ils ont coupé l’électricité toute la nuit », a raconté Pierre Ola, un étudiant de 22 ans. « J’ai passé tout mon temps dans un lieu calme et un peu isolé avec ma petite amie qui a avancé à ses parents de faux arguments pour sortir de la maison ». Comme Alain, Jean-Marc, Pierre et bien d’autres, de nombreux jeunes, limités par leur absence d’autonomie financière, la surveillance parentale ou la pression sociale, ont trouvé dans cette obscurité forcée un refuge.
« Le délestage ne fait pas que du mal, même si quelque part cela gêne l’économie et provoque des désagréments », a estimé Guy Gbété, un jeune mécanicien. « Au moins ça permet à la jeunesse de s’exprimer sexuellement. Car il y a trop de blocages actuellement pour nous, les jeunes ».
Inquiétudes
Ces délestages inquiètent en revanche des acteurs de la lutte contre le sida, qui y voient un facteur de risque de propagation des infections sexuellement transmissibles (IST), notamment du VIH, les conditions n’étant pas réunies pour favoriser des relations sexuelles protégées. « Une enquête nous a permis de savoir que dans certaines zones de Cotonou, beaucoup de choses se passent les nuits depuis que nous connaissons ces délestages, au mépris des règles de prévention [du VIH/SIDA] », a dit à IRIN/PlusNews Achille Métahou, d’OSV Jordan, une organisation non gouvernementale béninoise spécialisée dans la santé. « Il n’y a aucun doute que ceux qui profitent du délestage et de l’obscurité que cela induit pour faire l’amour ne respectent pas toujours les règles élémentaires en termes de protection », a-t-il affirmé. Maxime Akpé, un électricien moto, a confirmé que la précipitation dans laquelle avaient souvent lieu ces relations le conduisait parfois à l’imprudence. « Il m’arrive de porter des préservatifs, mais le jour où je suis très excité, j’oublie, surtout si la jeune fille est pressée de partir, je passe directement à l’acte », a-t-il avoué. Les inquiétudes des acteurs de la lutte contre le sida face à ce phénomène sont confortées par le fait que si le taux de prévalence du VIH au Bénin a baissé de manière significative ces dernières années, passant sous la barre des deux pour cent, selon les autorités, le taux d’utilisation du préservatif a connu la même tendance : 8,2 millions de préservatifs ont été vendus en 2007, contre 10 millions trois ans plus tôt, selon l’organisation internationale de marketing social PSI-Bénin. Les autorités béninoises se sont dites conscientes des effets néfastes des délestages, pas uniquement en ce qui concerne la lutte contre le sida et les IST. « Les conséquences s’observent dans tous les domaines actuellement. Voilà pourquoi nous faisons tout pour expérimenter toutes les solutions afin d’éviter des dérives sociales », a indiqué Nazaire Dossou, directeur général de la Société Béninoise d’énergie électrique. En attendant, certains jeunes se sont dits prêts à prendre leurs responsabilités, et à ne pas se laisser attirer par la facilité des rencontres à la faveur de l’obscurité. « Je crois que en tant que jeunes, nous devons prendre conscience d’une telle situation de délestage et voir quelles peuvent être nos propositions, plutôt que d’y voir un moment de dépravation », a affirmé Philippe Sounou, jeune comptable dans une entreprise privée de Cotonou. « De toute façon, ça peut être suicidaire, avec les nombreuses maladies qui circulent ».
*Patronyme occulté
Godefroy Macaire CHABI
« Le délestage ne fait pas que du mal, même si quelque part cela gêne l’économie et provoque des désagréments », a estimé Guy Gbété, un jeune mécanicien. « Au moins ça permet à la jeunesse de s’exprimer sexuellement. Car il y a trop de blocages actuellement pour nous, les jeunes ».
Inquiétudes
Ces délestages inquiètent en revanche des acteurs de la lutte contre le sida, qui y voient un facteur de risque de propagation des infections sexuellement transmissibles (IST), notamment du VIH, les conditions n’étant pas réunies pour favoriser des relations sexuelles protégées. « Une enquête nous a permis de savoir que dans certaines zones de Cotonou, beaucoup de choses se passent les nuits depuis que nous connaissons ces délestages, au mépris des règles de prévention [du VIH/SIDA] », a dit à IRIN/PlusNews Achille Métahou, d’OSV Jordan, une organisation non gouvernementale béninoise spécialisée dans la santé. « Il n’y a aucun doute que ceux qui profitent du délestage et de l’obscurité que cela induit pour faire l’amour ne respectent pas toujours les règles élémentaires en termes de protection », a-t-il affirmé. Maxime Akpé, un électricien moto, a confirmé que la précipitation dans laquelle avaient souvent lieu ces relations le conduisait parfois à l’imprudence. « Il m’arrive de porter des préservatifs, mais le jour où je suis très excité, j’oublie, surtout si la jeune fille est pressée de partir, je passe directement à l’acte », a-t-il avoué. Les inquiétudes des acteurs de la lutte contre le sida face à ce phénomène sont confortées par le fait que si le taux de prévalence du VIH au Bénin a baissé de manière significative ces dernières années, passant sous la barre des deux pour cent, selon les autorités, le taux d’utilisation du préservatif a connu la même tendance : 8,2 millions de préservatifs ont été vendus en 2007, contre 10 millions trois ans plus tôt, selon l’organisation internationale de marketing social PSI-Bénin. Les autorités béninoises se sont dites conscientes des effets néfastes des délestages, pas uniquement en ce qui concerne la lutte contre le sida et les IST. « Les conséquences s’observent dans tous les domaines actuellement. Voilà pourquoi nous faisons tout pour expérimenter toutes les solutions afin d’éviter des dérives sociales », a indiqué Nazaire Dossou, directeur général de la Société Béninoise d’énergie électrique. En attendant, certains jeunes se sont dits prêts à prendre leurs responsabilités, et à ne pas se laisser attirer par la facilité des rencontres à la faveur de l’obscurité. « Je crois que en tant que jeunes, nous devons prendre conscience d’une telle situation de délestage et voir quelles peuvent être nos propositions, plutôt que d’y voir un moment de dépravation », a affirmé Philippe Sounou, jeune comptable dans une entreprise privée de Cotonou. « De toute façon, ça peut être suicidaire, avec les nombreuses maladies qui circulent ».
*Patronyme occulté
Godefroy Macaire CHABI
vendredi 30 mai 2008
La publicité et l'Internet: comment ne pas moraliser les rapports?
Seuls quelques uns ne le savent pas, l’Internet a tout révolutionné. Les rapports, les habitudes, les visions, les mentalités, les approches. En bien, mais énormément aussi en mal quoiqu’on dise. Que contrôle t-on encore réellement sur la toile ? Illusoire, selon beaucoup, de s’y mettre au regard déjà du rythme considérable de circulation des contenus et du volume des informations. L’essor, notamment, de la blogosphère contribue à l’envol à grande échelle d’un autre type de média à l’intérieur du grand média que représente déjà le web. Dans un tel environnement tout devient possible. Le web devenant un lieu privilégié de concurrence de produits réalisés par les grosses firmes internationales, les entreprises moyennes voire les groupes, associations et individus.Une hyper démocratisation qui pave la voie à toutes sortes de dérives. Puisque personne ne contrôle véritablement personne sur la toile. Les inspirations sont alors relâchées et chacun y va avec gourmandise.Même permissifs, les médias classiques (radio, télévision, cinéma, journaux, etc) sont encore quelque peu sensibles à l’éthique et ont encore le pouvoir de donner leur avis sur les contenus. Rarement, cela est le cas du web. Il y a encore ici un libertinage qui fait de cet espace un lieu d’enfouissement systématique des frustrations, des philosophies, des idéologies et de toutes sortes d’envie. Nombre de sites web et de blogs représentent aujourd’hui une passerelle privilégiée pour n’importe quel type de publicité. Et beaucoup d’autres s’apprêtent à le devenir, dans un cercle de confusion totale. Si en général, il est aisé de mettre en doute les informations généralistes dont nous abreuve quotidiennement l’Internet, la publicité qui y passe devient un autre sujet de préoccupation majeure. Dévoyée, malhonnête, truquée à outrance, magique à fond, insultante, injurieuse, incommode, la web-publicité souligne à merveille les contraintes auxquelles le monde doit faire face au cours des prochaines décennies.Il y a nécessité de penser à une approche permettant de distinguer nettement entre l’action de la publicité sur la toile et les impacts plausibles sur les différentes cibles.La course effrénée à l’immoralité n’avait pas autant atteint sa côte d’alerte qu’aujourd’hui. Des centaines de milliers d’internautes sont bien conscients de ce que leurs actions emprisonnent l’ensemble de la société et rendent le jeu de la concurrence profondément déloyal.De ce fait, on est embarqué dans un éternel tourbillonnement dont il est difficile d’imaginer l’issue. Car si avec les médias traditionnels, avoir accès à la « grande publicité » est conditionné par les moyens, nous sommes en face d’un nouveau média qui ne présente pas les mêmes exigences d’accès, et qui provoque en permanence au regard de ce qu’on en sait un effet de prostitution avancé.Le perdre de vue serait, refuser de reconnaître que l’Internet est l’un des fléaux de notre époque auquel il serait difficile de trouver facilement un vaccin efficace. Car, à mesure que les essais seront concluants, même les malades trouveront les moyens de rendre le virus inattaquable.Il ne faut pas s’y complaire, la publicité sur la toile est une vraie pathologie, auquel une approche conséquente doit être opposée associant dans une démarche holistique une bonne quantité de compétences sociales sensibles à la question.A l’allure où vont les choses et au regard des rapports qu’ils entretiennent, l’internet et la publicité ne font pas bon ménage. Inutile, en revanche de chercher à provoquer la rupture entre les deux, ce qui ne contribuera qu’à aggraver la situation, mais il est extrêmement important d’y mettre plus d’éthique et un maximum de morale pour limiter la saignée.
Godefroy Macaire CHABI
Godefroy Macaire CHABI
La publicité abrutit-elle?
Je regardais la télévision en compagnie d’un groupe d’amis, et tous nous étions effarés par un spot publicitaire qui passait et vantait le travail d’un pressing. Globalement, il est dit dans ce spot qu’une tâche que porte une veste pouvait être décrottée en 5 minutes seulement. Bref, l’élément tendait à convaincre la clientèle sur la possibilité de remettre l’habit et le retirer en l’espace de 5 minutes. Notre réaction fut presque concertée, soulignant le caractère irréaliste de ce qui est avancé avec brutalité à nos yeux.Tout cela résume à merveille le caractère fonctionnel de la publicité et l’étoffe qu’elle a d’amener les autres vers l’irréel. La frontière entre la publicité et l’irréel ne cesse alors de s’élargir avec l’essor de la société de consommation et les exigences qui vont avec.Imaginons une publicité qui souligne avec insistance les merveilles de la planète Mars et exhorte les gens à y aller pour y trouver tout le bonheur dont ils ont besoin. Même les personnes les plus rêveuses auront quelque réticence à y croire. Car l’irréalisme aurait été poussé à son comble. C’est exactement l’image que la publicité nous projette au quotidien, sans qu’on ne s’en rende facilement compte.L’ère de la publicité mensongère est celle que nous vivons avec allégresse ces dernières décennies et que notre psychologie n’est pas encore prête de rejeter. Seuls quelques-uns arrivent encore à déclencher la réflexion sur les vrais apports de la publicité dans leur quotidien. Et même lorsqu’ils le font, ils n’attendent pas d’avoir des réponses précises à leurs inquiétudes avant de retomber dans le piège de la pub.La publicité n’est pas sincère et il n’est pas besoin d’entreprendre quelque discours que ce soit à son sujet. Dans l’essence même du mot, il y a quelque chose de trompeur et d’insidieux qu’il faudra réussir à décrypter. Lorsqu’on dit, « je vais vous faire de la publicité », on décide de dire plus que vous n’êtes et vous ne pouvez. Il y a donc là quelque chose de « caché » en vous qu’on ne voudrait pas souligner, sous peine de vous défavoriser.La publicité ne dérange pas. C’est lorsque ça gêne qu’on parle de mauvaise publicité. Cette opposition souligne à souhait l’esprit et le corps de la fonction publicitaire.Il y a de plus en plus dans la publicité quelque chose de dérangeant : son futurisme exagéré doublé de son effet psychologique très marqué.Le combat aujourd’hui, c’est d’humaniser la publicité afin de lui donner un côté plus acceptable et moins pontifiant.Le constat devient plus perceptible en face d’images télévisuelles, car l’effet d’entraînement de la publicité reste de toute évidence plus prononcé à la télévision qu’à la radio, en raison de la nature du média et de son influence sociale trop vaste. La publicité, parce qu’elle a une certaine force peut farcir l’existence de ceux qui y voient leur salut et créer par voie de conséquence un rapport continu de dépendance au niveau des destinataires. Voilà pourquoi il y a parfois une réaction de témérité voire de résistance venant rarement de la part de ceux qui se refusent à tomber sous le charme inévitable de la publicité.L’idée aujourd’hui n’est pas d’engager un combat stérile et inutile contre la publicité. Car même dans ce cas la bataille serait perdue d’avance de la part des assaillants. Mais c’est à plus de critique vis-à-vis de la publicité qu’il est question pour réduire considérablement la marge de malhonnêteté et donner plus de confiance aux différents acteurs sociaux. Il y a une démarche prudente qui consistera aujourd’hui à voir dans la publicité une fonction hypnotisante qui mérite qu’on soit moins hâtif à la consommer. Car dans la fonction publicitaire il y a un effet-aimant hyper magnétisant dont doit se préoccuper chaque individu.Il y a une exubérante tendance qui arrive dans la presse écrite, notamment les magazines, et qui contre toute attente finira par prendre le dessus dans les prochaines années. Cette vague domine l’audio dont le substrat premier n’est que le son.Ici les projections déforment la société, ses hommes et transforment grandement les visions, les modèles, les valeurs, les traditions et les pratiques.L’orgueil sociétal et les valeurs partagées en communauté peuvent être des refuges à l’hyper exagération et les déviances auxquelles préparent continuellement la publicité.La société doit maintenant opposer ses valeurs aux bourrasques emmenés par la vogue de la publicité afin que l’ordre normal puisse être celui voulu par chacun et non celui imposé par la logique de la consommation et de la société mondialisée voire globalisée.Car, tout le monde semble défendre la culture de la diversité face à la logique de la mondialisation sans trop mener la réflexion sur l’opposition radicale à mener contre l’essor inquiétant de la publicité. Il est évident que la société de la publicité doit inquiéter les détracteurs de l’uniformisation. Car, la publicité quel que soit son espace et son territoire obéit à une frappante logique d’imposition, et fait appel à « la loi du plus fort ».La montée vertigineuse des Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication vient renforcer l’inquiétude. L’Internet ne pardonne plus et chacun sourit continuellement à son charme.
Les archives du Bénin sont revenues sur leur terre
« Mémoire d’Outremer », voilà le titre du film que projette Cinémémoire-Marseille dès ce soir au Centre Culturel français de Cotonou. Un film réalisé à partir d’archives de familles dans les colonies françaises. L’esprit de ce film est de mettre en évidence les interactions entre deux mondes. Les images du film Mémoire d’Outremer ont été collectées et archivées par l’Association Cinémémoire à marseille. Il s’agit cinémathèque de films de familles et d’amateurs dont le fonds est principalement constitué d’images de la Région Provence Alpes Côte et des anciennes colonies françaises. Le Directeur de Cinémémoire est au Bénin pour faire voyager ce film entre Cotonou et Parakou.
dimanche 25 mai 2008
BÉNIN: La hausse des prix divise les ménages
COTONOU, 23 mai 2008 (IRIN) - Dans un sketch diffusé au cours d’une émission de télévision populaire au Bénin, un fermier du nom de Codjo jette sa femme à la rue car elle ne cesse de lui réclamer plus d’argent pour faire les courses. Mais ensuite, lorsque Codjo va lui-même faire ses emplettes, il découvre que les prix ont bel et bien doublé et regrette alors d’avoir éconduit sa femme. Cette fiction est aujourd’hui jouée dans la réalité par les Béninois eux-mêmes, face à la hausse fulgurante du prix des denrées de base observée ces six derniers mois à Cotonou, la grande ville commerciale du Bénin, et dans d’autres villes du pays. « Depuis novembre 2007, l’augmentation varie entre 30 et 50 pour cent », a confirmé Claude Allagbé, directeur de la promotion du commerce intérieur. À Cotonou, le correspondant d’IRIN a notamment noté que le kilogramme de sel se vendait à 450 francs CFA (1,08 dollar), contre 250 francs CFA (0,60 dollar) en novembre dernier. Le kilo de riz est passé de 300 (0,72 dollar) à 450 francs CFA, et le prix de l’huile de palme a fait un bond pour passer de 500 (1,20 dollar) à pas moins de 900 francs CFA (2,16 dollar). Cette hausse des prix a un impact psychologique visible sur les ménages. Au marché d’Attogon, un village des environs de Cotonou, les vendeuses ont expliqué à IRIN qu’il était désormais courant de voir les maris accompagner leurs femmes au marché pour vérifier et comparer les prix. Dernièrement, à Glodjigbé, un autre village, situé à 35 kilomètres de Cotonou, des sages ont même dû intervenir pour calmer un mécanicien, furieux d’entendre son épouse lui réclamer sans cesse davantage d’argent. Des souffrances pour tous La hausse des prix est durement ressentie par un grand nombre de couches sociales. « Les prix de certains produits ont augmenté de sorte que même les personnes qui travaillent n’ont plus les moyens de se les procurer », a déclaré Anselme Amoussou, enseignant. Mais ce sont les populations rurales qui en pâtissent le plus. En effet, selon Etienne Badou, membre de la Ligue de défense des consommateurs du Bénin (LDCB), « même si des scènes de cassure et de division ne sont pas inexistantes [en milieu urbain], elles sont moindres par rapport aux zones rurales », où les populations sont plus pauvres. Les taux de carence nutritionnelle les plus élevés du Bénin sont d’ailleurs observés dans les districts de Malamville et Karimama, dans le nord rural du pays.
En tout, environ 33 districts sur les 77 que compte le Bénin sont « exposés à un risque d’insécurité alimentaire », selon le Programme alimentaire mondial (PAM). D’après le PAM, 23 pour cent des enfants béninois de moins de cinq ans présentent des signes de retard de croissance modéré et 11 pour cent des enfants souffrent de malnutrition grave. Réduction d’impôt Le 30 avril, le gouvernement béninois a annoncé qu’il prendrait un ensemble de mesures destinées à faire face à la hausse des prix. Le 1er mai, l’application de la TVA (Taxe sur la valeur ajoutée), une taxe prélevée sur les produits locaux et importés pour financer les services sociaux, a été suspendue pour le riz, la farine, ainsi que d’autres produits de base. Mais cette mesure ne semble pas avoir porté ses fruits. « Il y a eu quelques problèmes de contrôle au niveau des détaillants, dans l’application des mesures prises par le gouvernement », a dit M. Allagbé, le directeur de la promotion du commerce intérieur. Le problème, selon l’économiste béninois Rhétice Dagba, repose sur le fait que le gouvernement n’a aucun moyen de s’assurer que les commerçants font profiter les consommateurs de cette réduction d’impôts. Pour appliquer cette politique, « il faut, si l’on veut être rigoureux, un inspecteur par produit et par marché », a recommandé M. Dagba. Autosuffisance Pour compenser la hausse des prix, le gouvernement béninois promeut également l’autosuffisance alimentaire ; pour y parvenir, selon Roger Dovonou, le ministre de l’Agriculture, il faudrait plus que doubler le volume de production actuel. Au Bénin, comme dans d’autres pays d’Afrique, la politique agricole consiste en effet depuis 30 ans à encourager les « cultures de rente [destinées à l’exportation], au détriment des cultures vivrières », selon l’économiste Rhétice Dagba. Il faudra du temps pour mettre en œuvre cette nouvelle politique d’autosuffisance alimentaire, a-t-il ajouté. Autre solution, à plus court terme : mettre en circulation les réserves alimentaires nationales. « Des céréales seront mises sur le marché », a déclaré à IRIN Iréné Bio Aboudou, directeur général de l’Office national de la sécurisation des produits alimentaires (ONASA). M. Bio Aboudou espère que cela permettra de faire baisser les prix. Mais cette mesure coûte à l’Etat plus de 35 milliards de francs CFA (83 millions de dollars), selon les statistiques officielles. Et jusqu’ici, les prix n’ont pas cessé d’augmenter, a indiqué à IRIN une mère de famille qui faisait ses emplettes au marché. « Ma famille et moi-même avons de plus de plus de difficultés à vivre avec les moyens que nous avons », a-t-elle confié. « À la maison, ils me font sentir que c’est ma faute. Que c’est moi qui ne me débrouille pas bien ».
En tout, environ 33 districts sur les 77 que compte le Bénin sont « exposés à un risque d’insécurité alimentaire », selon le Programme alimentaire mondial (PAM). D’après le PAM, 23 pour cent des enfants béninois de moins de cinq ans présentent des signes de retard de croissance modéré et 11 pour cent des enfants souffrent de malnutrition grave. Réduction d’impôt Le 30 avril, le gouvernement béninois a annoncé qu’il prendrait un ensemble de mesures destinées à faire face à la hausse des prix. Le 1er mai, l’application de la TVA (Taxe sur la valeur ajoutée), une taxe prélevée sur les produits locaux et importés pour financer les services sociaux, a été suspendue pour le riz, la farine, ainsi que d’autres produits de base. Mais cette mesure ne semble pas avoir porté ses fruits. « Il y a eu quelques problèmes de contrôle au niveau des détaillants, dans l’application des mesures prises par le gouvernement », a dit M. Allagbé, le directeur de la promotion du commerce intérieur. Le problème, selon l’économiste béninois Rhétice Dagba, repose sur le fait que le gouvernement n’a aucun moyen de s’assurer que les commerçants font profiter les consommateurs de cette réduction d’impôts. Pour appliquer cette politique, « il faut, si l’on veut être rigoureux, un inspecteur par produit et par marché », a recommandé M. Dagba. Autosuffisance Pour compenser la hausse des prix, le gouvernement béninois promeut également l’autosuffisance alimentaire ; pour y parvenir, selon Roger Dovonou, le ministre de l’Agriculture, il faudrait plus que doubler le volume de production actuel. Au Bénin, comme dans d’autres pays d’Afrique, la politique agricole consiste en effet depuis 30 ans à encourager les « cultures de rente [destinées à l’exportation], au détriment des cultures vivrières », selon l’économiste Rhétice Dagba. Il faudra du temps pour mettre en œuvre cette nouvelle politique d’autosuffisance alimentaire, a-t-il ajouté. Autre solution, à plus court terme : mettre en circulation les réserves alimentaires nationales. « Des céréales seront mises sur le marché », a déclaré à IRIN Iréné Bio Aboudou, directeur général de l’Office national de la sécurisation des produits alimentaires (ONASA). M. Bio Aboudou espère que cela permettra de faire baisser les prix. Mais cette mesure coûte à l’Etat plus de 35 milliards de francs CFA (83 millions de dollars), selon les statistiques officielles. Et jusqu’ici, les prix n’ont pas cessé d’augmenter, a indiqué à IRIN une mère de famille qui faisait ses emplettes au marché. « Ma famille et moi-même avons de plus de plus de difficultés à vivre avec les moyens que nous avons », a-t-elle confié. « À la maison, ils me font sentir que c’est ma faute. Que c’est moi qui ne me débrouille pas bien ».
INTERVIEW ABDERRAHMANE SISSAKO
En 2003, Abderrahmane Sissako enlève le Grand Prix du FESPACO avec Herremakono En attendant le bonheur qui s’appuie sur la thématique de l’immigration. En 2007, il arrive à Ouagadougou avec Bamako. Une autre thématique qui cette fois-ci met le pied à l’étrier et fait un sérieux réquisitoire contre les institutions internationales, type Banque mondiale et Fonds Monétaire International FMI. Leur responsabilité dans le malheur de l’Afrique est fortement mise à l’index dans ce long métrage.
Propos recueillis par Godefroy Macaire CHABI
Pourquoi Bamako, pourquoi pas une autre capitale africaine ?
Je pense que Bamako, c’est tout à la fois. Pour moi, c’est un lieu qui a rendu ses paroles possibles, ses prises de positions aussi. Je l’ai appelé Bamako aussi pour attirer l’attention des gens sur l’existence d’une conscience africaine à travers sa société civile. Des fois on a l’impression que la société civile n’existe pas. Moi, je veux dire qu’au-delà des politiques africaines qui ont leurs grandes responsabilités, il y une autre Afrique consciente qui veut s’en sortir.
Dans Bamako, on fait le procès des instituions de Bretton Woods. C’est une espèce de témérité non ?
Vous savez, chacun se bat à sa manière et apporte sa pierre à l’édifice. L’édifice peut être un pays, comme il peut être un continent. Quand on est artiste du moment, on doit se positionner. Car c’est le rôle de l’artiste de rendre le réel visible et compréhensible pour les gens. J’ai besoin de dire ces choses là comme d’autres le font dans d’autres domaines.
La scène se déroule dans une concession et ce, dans l’indifférence totale de ceux qui y vivent. Pourtant ça n’a aucun lien avec la dette et la privatisation. Pourquoi avoir choisi ce décor ?
Je crois qu’il n’y a pas indifférence. Il y a attention. Moi, j’ai décidé de me placer dans une cour qui est une société en miniature. La vie dans tous les sens qu’elle soit positive ou négative. C’est important de quitter le cadre classique. Ce qui est important, c’est de dire qu’il est possible de changer les choses. Et c’est à nous de le faire. Même si c’est un procès qui vise beaucoup plus les institutions internationales, je suis conscient qu’il y a une co-responsabilité dans ce qui arrive à notre continent. Peut être même une grande responsabilité africaine.
Mais on ne voit pas transparaître cela nettement dans le film ?
On a souvent tapé sur les responsables africains. Moi mon rôle n’est pas de revenir à la charge. J’ai voulu montrer la responsabilité des institutions internationale et expliquer que rien n’est prévu pour contester les systèmes de développement qui rendent les gens de plus en plus pauvres.
Est-ce que ce film a révolutionné quelque chose ?
Les instituions internationales sont au courant. Un film n’est jamais contre, mais construit quelque chose. La balle est dans le camp des institutions d’accepter le dialogue, le partage réel, de donner plus de souveraineté aux Etats ou aux Etats aussi de prendre plus de souveraineté. C’est un film qui interpelle et j’ose espérer que les institutions feront quelque chose
Vous faites de la fiction. Mais dans ce film, on voit la réalité. Vous citez directement Georges Bush, Paul Wolfovitch…..
Moi je veux que ce soit quelque part de la réalité. Partir d’aujourd’hui pour construire demain est mon souci. Certains veulent diriger le monde de façon autoritaire, de façon unilatérale et ce n’est pas juste. Ce n’est pas normal que ce continent qui n’est pas pauvre soit à ce stade et qu’il ne soit pas associé à la distribution de la richesse. Ce n’est pas normal que les multinationales qui sont au Nord profitent uniquement des richesses de ce continent.
On voit qu’aucune sentence n’est prononcée dans ce procès. C’est donc un recommencement
C’est pour cela que je dis que l’art n’a pas pour objectif de changer tout de suite les choses. Ce qu’on propose c’est une réflexion.
Propos recueillis par Godefroy Macaire CHABI
Pourquoi Bamako, pourquoi pas une autre capitale africaine ?
Je pense que Bamako, c’est tout à la fois. Pour moi, c’est un lieu qui a rendu ses paroles possibles, ses prises de positions aussi. Je l’ai appelé Bamako aussi pour attirer l’attention des gens sur l’existence d’une conscience africaine à travers sa société civile. Des fois on a l’impression que la société civile n’existe pas. Moi, je veux dire qu’au-delà des politiques africaines qui ont leurs grandes responsabilités, il y une autre Afrique consciente qui veut s’en sortir.
Dans Bamako, on fait le procès des instituions de Bretton Woods. C’est une espèce de témérité non ?
Vous savez, chacun se bat à sa manière et apporte sa pierre à l’édifice. L’édifice peut être un pays, comme il peut être un continent. Quand on est artiste du moment, on doit se positionner. Car c’est le rôle de l’artiste de rendre le réel visible et compréhensible pour les gens. J’ai besoin de dire ces choses là comme d’autres le font dans d’autres domaines.
La scène se déroule dans une concession et ce, dans l’indifférence totale de ceux qui y vivent. Pourtant ça n’a aucun lien avec la dette et la privatisation. Pourquoi avoir choisi ce décor ?
Je crois qu’il n’y a pas indifférence. Il y a attention. Moi, j’ai décidé de me placer dans une cour qui est une société en miniature. La vie dans tous les sens qu’elle soit positive ou négative. C’est important de quitter le cadre classique. Ce qui est important, c’est de dire qu’il est possible de changer les choses. Et c’est à nous de le faire. Même si c’est un procès qui vise beaucoup plus les institutions internationales, je suis conscient qu’il y a une co-responsabilité dans ce qui arrive à notre continent. Peut être même une grande responsabilité africaine.
Mais on ne voit pas transparaître cela nettement dans le film ?
On a souvent tapé sur les responsables africains. Moi mon rôle n’est pas de revenir à la charge. J’ai voulu montrer la responsabilité des institutions internationale et expliquer que rien n’est prévu pour contester les systèmes de développement qui rendent les gens de plus en plus pauvres.
Est-ce que ce film a révolutionné quelque chose ?
Les instituions internationales sont au courant. Un film n’est jamais contre, mais construit quelque chose. La balle est dans le camp des institutions d’accepter le dialogue, le partage réel, de donner plus de souveraineté aux Etats ou aux Etats aussi de prendre plus de souveraineté. C’est un film qui interpelle et j’ose espérer que les institutions feront quelque chose
Vous faites de la fiction. Mais dans ce film, on voit la réalité. Vous citez directement Georges Bush, Paul Wolfovitch…..
Moi je veux que ce soit quelque part de la réalité. Partir d’aujourd’hui pour construire demain est mon souci. Certains veulent diriger le monde de façon autoritaire, de façon unilatérale et ce n’est pas juste. Ce n’est pas normal que ce continent qui n’est pas pauvre soit à ce stade et qu’il ne soit pas associé à la distribution de la richesse. Ce n’est pas normal que les multinationales qui sont au Nord profitent uniquement des richesses de ce continent.
On voit qu’aucune sentence n’est prononcée dans ce procès. C’est donc un recommencement
C’est pour cela que je dis que l’art n’a pas pour objectif de changer tout de suite les choses. Ce qu’on propose c’est une réflexion.
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