COTONOU, 11 juillet 2008 (IRIN) - Le gouvernement béninois cherche à augmenter considérablement le pourcentage de Béninois ayant accès à l’eau potable d’ici à 2015 et une organisation, le Centre régional pour l’eau potable et l’assainissement à faible coût (CREPA) espère combler cette lacune grâce à une solution simple, qui ne demande guère plus qu’un peu de soleil et une bouteille en plastique.
Créée par l’Institut fédéral suisse pour les sciences et technologies de l’eau (EAWAG), cette méthode, baptisée désinfection solaire de l’eau, ou SODIS, utilise les rayons UV-A et la chaleur du soleil pour décontaminer l’eau.
Jusqu’ici, pas moins de deux millions de personnes dans 20 pays ont eu recours à cette méthode, bien que le Bénin soit l’un des rares pays d’Afrique de l’Ouest à l’avoir testée.
Grâce au soleil, qui rayonne à foison, les responsables du CREPA affirment que la méthode de la SODIS pourrait contribuer à résoudre en bonne partie le problème de l’eau potable dans la région.
« D’après ce que nous savons sur les avantages que cette méthode a, à l’heure actuelle, pour bon nombre de personnes, nous pensons que la SODIS contribuera à orienter les stratégies adoptées par les autorités nationales dans le domaine de l’eau dans beaucoup de pays d’Afrique, dans le cadre d’un plan de lutte contre la pauvreté », a indiqué Yadjide Gbedo Adissoda, conseillère technique et ingénieur au CREPA.
Seuls 41 pour cent des Béninois qui vivent en milieu rural ont actuellement accès à l’eau salubre, mais le gouvernement espère porter ce nombre à 67 pour cent d’ici à l’an 2015, dans le cadre des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD).
La diarrhée provoque pas moins de 17 pour cent des décès de nourrissons observés dans le pays, selon Countdown to 2015, une organisation non-gouvernementale (ONG), et elle tue, dans le monde, 2,5 millions de personnes chaque année.
Mode d’emploi
La plupart des Béninois qui ne sont pas reliés au réseau hydraulique s’en sortent en purifiant leur eau eux-mêmes (en la faisant bouillir, en la javellisant, ou en filtrant les sédiments).
La méthode SODIS est plus simple. Les utilisateurs prennent une bouteille de plastique transparente d’une contenance maximale de trois litres, la remplissent d’eau et la placent sur leur toit, ou sur une plaque de tôle ondulée pour qu’elle absorbe les rayons du soleil.
Six heures à deux jours plus tard, en fonction de l’intensité des rayons du soleil, l’eau devrait être purifiée.
Selon les responsables de l’EAWAG, les UV-A tuent les organismes pathogènes de l’eau et la chaleur du soleil a un effet pasteurisant. Ces effets conjugués permettent de détruire jusqu’à 99,9 pour cent des microorganismes responsables du choléra et de la diarrhée.
« Un nombre important de bactéries coliformes ont disparu lorsque la méthode SODIS a été appliquée en laboratoire », a affirmé Mme Adissoda du CREPA.
Selon les études d’impact de la SODIS, le taux d’infections diarrhéiques chute de 20 à 70 pour cent lorsque la méthode est appliquée. Cette méthode est peu coûteuse (les bouteilles coûtent environ six centimes de dollar la pièce et peuvent être réutilisées si elles sont bien entretenues), et sûre (selon les études menées jusqu’ici, il n’y a aucun risque de voir le plastique se diluer dans l’eau, selon Mme Adissoda). Et le goût de l’eau n’est pas chimique.
« Cette eau a vraiment bon goût », a affirmé Gnona Marthe, une habitante du village de Sèkandji, à la périphérie de Cotonou, où les villageois testent actuellement la méthode SODIS.
Jean Yadouléton, directeur du CREPA, a confirmé les dires de Gnona Marthe, déclarant à IRIN que « lorsqu’ils ont comparé l’eau traitée selon la méthode SODIS avec ce qu’ils étaient habitués à consommer, ils ont noté une différence de goût considérable ».
Une méthode qui traîne à être adoptée
Malgré les avantages de leur méthode, les responsables de la SODIS à la Société nationale des eaux du Bénin (SONEB) disent n’avoir pas encore décidé de promouvoir la SODIS en tant que stratégie officielle et ne souhaitent pas annoncer ouvertement si cela changera ou non.
« La SODIS est recommandée uniquement dans les cas où il n’y a pas d’eau potable. Dans les régions bien approvisionnées en eau potable, il n’y a pas de problème », a déclaré une source proche du ministère béninois de l’Eau, sous le couvert de l’anonymat.
En outre, la SODIS ne fonctionne pas lorsque les conditions requises ne sont pas réunies. « Il est impératif d’utiliser des bouteilles soigneusement lavées et d’avoir les mains propres », a indiqué Mme Adissoda.
Cela suppose un degré important de sensibilisation à l’hygiène, or les campagnes d’information publique peuvent coûter jusque deux dollars par personne, a-t-elle ajouté.
L’eau elle-même ne doit pas être trop sale : si elle est trop trouble, elle risque de résister aux rayons du soleil. Enfin, bien que les bouteilles en plastique soient peu coûteuses, on n’en trouve pas toujours en abondance dans les régions rurales. En revanche, l’ingrédient principal, le soleil, rayonne à profusion dans des pays tels que le Bénin.
Les responsables de la SODIS s’efforcent de sensibiliser les populations à cette méthode dans l’ensemble de la région, en espérant voir évoluer les attitudes à l’égard de celle-ci.
Leurs efforts commencent peut-être à porter leurs fruits à la Société nationale des eaux du Bénin.
D’abord peu locace, un autre haut responsable de la SONEB a en effet fini par déclarer à IRIN, sous couvert de l’anonymat : « A mesure que nous commençons à approvisionner l’ensemble du territoire national en eau potable, nous pensons que nous devrions nous réjouir de l’intérêt que la SODIS peut susciter au sein de la population béninoise ».
Godefroy Macaire CHABI
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