vendredi 30 mai 2008
La publicité abrutit-elle?
Je regardais la télévision en compagnie d’un groupe d’amis, et tous nous étions effarés par un spot publicitaire qui passait et vantait le travail d’un pressing. Globalement, il est dit dans ce spot qu’une tâche que porte une veste pouvait être décrottée en 5 minutes seulement. Bref, l’élément tendait à convaincre la clientèle sur la possibilité de remettre l’habit et le retirer en l’espace de 5 minutes. Notre réaction fut presque concertée, soulignant le caractère irréaliste de ce qui est avancé avec brutalité à nos yeux.Tout cela résume à merveille le caractère fonctionnel de la publicité et l’étoffe qu’elle a d’amener les autres vers l’irréel. La frontière entre la publicité et l’irréel ne cesse alors de s’élargir avec l’essor de la société de consommation et les exigences qui vont avec.Imaginons une publicité qui souligne avec insistance les merveilles de la planète Mars et exhorte les gens à y aller pour y trouver tout le bonheur dont ils ont besoin. Même les personnes les plus rêveuses auront quelque réticence à y croire. Car l’irréalisme aurait été poussé à son comble. C’est exactement l’image que la publicité nous projette au quotidien, sans qu’on ne s’en rende facilement compte.L’ère de la publicité mensongère est celle que nous vivons avec allégresse ces dernières décennies et que notre psychologie n’est pas encore prête de rejeter. Seuls quelques-uns arrivent encore à déclencher la réflexion sur les vrais apports de la publicité dans leur quotidien. Et même lorsqu’ils le font, ils n’attendent pas d’avoir des réponses précises à leurs inquiétudes avant de retomber dans le piège de la pub.La publicité n’est pas sincère et il n’est pas besoin d’entreprendre quelque discours que ce soit à son sujet. Dans l’essence même du mot, il y a quelque chose de trompeur et d’insidieux qu’il faudra réussir à décrypter. Lorsqu’on dit, « je vais vous faire de la publicité », on décide de dire plus que vous n’êtes et vous ne pouvez. Il y a donc là quelque chose de « caché » en vous qu’on ne voudrait pas souligner, sous peine de vous défavoriser.La publicité ne dérange pas. C’est lorsque ça gêne qu’on parle de mauvaise publicité. Cette opposition souligne à souhait l’esprit et le corps de la fonction publicitaire.Il y a de plus en plus dans la publicité quelque chose de dérangeant : son futurisme exagéré doublé de son effet psychologique très marqué.Le combat aujourd’hui, c’est d’humaniser la publicité afin de lui donner un côté plus acceptable et moins pontifiant.Le constat devient plus perceptible en face d’images télévisuelles, car l’effet d’entraînement de la publicité reste de toute évidence plus prononcé à la télévision qu’à la radio, en raison de la nature du média et de son influence sociale trop vaste. La publicité, parce qu’elle a une certaine force peut farcir l’existence de ceux qui y voient leur salut et créer par voie de conséquence un rapport continu de dépendance au niveau des destinataires. Voilà pourquoi il y a parfois une réaction de témérité voire de résistance venant rarement de la part de ceux qui se refusent à tomber sous le charme inévitable de la publicité.L’idée aujourd’hui n’est pas d’engager un combat stérile et inutile contre la publicité. Car même dans ce cas la bataille serait perdue d’avance de la part des assaillants. Mais c’est à plus de critique vis-à-vis de la publicité qu’il est question pour réduire considérablement la marge de malhonnêteté et donner plus de confiance aux différents acteurs sociaux. Il y a une démarche prudente qui consistera aujourd’hui à voir dans la publicité une fonction hypnotisante qui mérite qu’on soit moins hâtif à la consommer. Car dans la fonction publicitaire il y a un effet-aimant hyper magnétisant dont doit se préoccuper chaque individu.Il y a une exubérante tendance qui arrive dans la presse écrite, notamment les magazines, et qui contre toute attente finira par prendre le dessus dans les prochaines années. Cette vague domine l’audio dont le substrat premier n’est que le son.Ici les projections déforment la société, ses hommes et transforment grandement les visions, les modèles, les valeurs, les traditions et les pratiques.L’orgueil sociétal et les valeurs partagées en communauté peuvent être des refuges à l’hyper exagération et les déviances auxquelles préparent continuellement la publicité.La société doit maintenant opposer ses valeurs aux bourrasques emmenés par la vogue de la publicité afin que l’ordre normal puisse être celui voulu par chacun et non celui imposé par la logique de la consommation et de la société mondialisée voire globalisée.Car, tout le monde semble défendre la culture de la diversité face à la logique de la mondialisation sans trop mener la réflexion sur l’opposition radicale à mener contre l’essor inquiétant de la publicité. Il est évident que la société de la publicité doit inquiéter les détracteurs de l’uniformisation. Car, la publicité quel que soit son espace et son territoire obéit à une frappante logique d’imposition, et fait appel à « la loi du plus fort ».La montée vertigineuse des Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication vient renforcer l’inquiétude. L’Internet ne pardonne plus et chacun sourit continuellement à son charme.
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