A l’unisson
Godefroy Macaire CHABI
Jusque là dédié au cinéma caribéen, le Festival international du film haïtien qui devrait être à sa 6ème édition en 2010 s’est mué depuis le 22 septembre dernier en Festival international du Film Black de Montréal.
Les raisons sont assez simples et frappées d’un minimum de logique et de clarté. Pour les organisateurs en effet, le sentier était étroit car la version initiale du festival ne déroulait le tapis qu’aux films d’Haïti, les autres films malgré l’envie des réalisateurs de les y voir ne respectaient pas les critères géographiques imposés par le règlement. Que ne furent pas alors les frustrations de Fabienne Colas, Présidente du Festival face à ce qui s’assimile à du gâchis doublé d’injustice.
La 6ème édition vient alors corriger le tir.
Place au cinéma noir américain
Le cru semble tout de même intéressant : 128 films venus de 25 pays avec une brochette impressionnante de production noire américaine. Pas moins d’une soixantaine. Exemple-clé : sur 25 longs métrages de fiction, 11 proviennent des USA. Dans les autres catégories, il est facile de dénombrer une bonne cinquantaine de productions et coproductions noires américaines.
Ce phénomène, après toute analyse, semble normal et devra se confirmer pendant quelques années encore au regard de la récence et de la fraîcheur de l’ouverture de ce festival à l’ensemble des films black de la planète. Les choses mettront du temps à se mettre en place à ce niveau. La proximité géoculturelle de l’Amérique noire avec les Caraïbes semble se matérialiser dans cette course des premiers pour saisir l’opportunité de l’ouverture du festival.
Pour les réalisateurs africains, il y a encore de nombreuses places à gagner. Quelques films sud africains à l’image de Skin d’Anthony Fabian qui passe en tomber de rideau, Adera de Nega Tariku, des documentaires sur la lutte anti apartheid en Afrique du Sud, sur le génocide au Rwanda (par exemple « Mon voisin, mon tueur » de Anne Aghion), sur la culture Akan de Côte d’ivoire avec Jordi Esteva qui signe « Retour au pays des âmes » et plusieurs courts métrages venus d’Ouganda, Cameroun, Sénégal, Ghana, Mozambique.
En gala d’ouverture, un film tourné en Afrique par le néerlandais Jean Van de Velde, l’Armée silencieuse a suscité l’émoi en présence du réalisateur qui filme la réalité des enfants soldats.
Le festival des «Premières »
Dans le catalogue, pas moins d’une vingtaine de première internationale, canadienne et québécoise dont Disrupt de Jack Luracelli, Breaking up is hard to do de Tabari Sturdivant, Coming correct de Joseph Stovals, Aide-toi, le Ciel t’aidera de Francois Dupeyron pour nous en tenir là.
Cela offre du coup une occasion unique pour le public de les découvrir, car les chances réelles pour que ces films reviennent en salles sont extrêmement minces. Emile Castonguay, le responsable de la programmation en fait d’ailleurs pour cela l’édition la plus impressionnante et la plus époustouflante de l’histoire du festival.
Malgré une saison estivale riche en événements cinématographiques au Québec, une grande partie des films présentés n’ont pu y trouver une carrière. Cela souligne en même temps de plusieurs traits l’importance et la responsabilité que prend le Festival international du Film Black de Montréal d’être le porte flambeau et le porte étendard de l’ensemble de la filmographie black, là où elle dispose de très peu de places.
Politically incorrect
C’est comme cela que l’ont voulu les organisateurs de ce festival. Et ils voudraient qu’il en soit ainsi, « un reflet d’un cinéma qui ne cesse de bouger, un cinéma au pas avec les réalités actuelles d’un monde qui évolue si vite ». Fabienne Colas, la Présidente ne s’en est pas contentée. Elle pense que c’est l’occasion d’aborder des sujets et présenter des œuvres qui interpellent, qui provoquent, qui font sourire, qui laissent perplexe, qui font réfléchir et qui choquent ».
Et cela semble quand même bien parti vu le caractère polysémique et parfois fâcheux des problématiques abordées. Une liberté de ton qui n’aurait pas trouvé d’adeptes dans certains milieux encore fermés au débat sur le racisme, l’homosexualité, l’amour contre nature, la quête de l’acceptation, la liberté……
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