Sentiment d’intemporalité
Pour les classes d’histoire, André Marie Johnson constitue ainsi une bonne référence, disons un excellent livre. De la première ligne jusqu’à la dernière, on revisite un homme d’une grande splendeur, d’une touche particulière et d’une projection futuriste abrégée par le temps. L’histoire d’un Roi de l’ex Royaume du Danhomè qui a opposé une solide résistance à la pénétration coloniale. Le partage de la Conférence de Berlin de 1885 n’est pas de son goût. Mais les choses ne se passeront pas comme il l’aurait voulu.
Les chercheurs en sciences sociales, traditionalistes qui prêtent leurs voix apparaissent déjà sous les dehors du monarque. Des témoignages d’une éloquence recherchée avec Elikia Mbokolo, Aimé Césaire, Jean Pliya qui se partagent avec brio le visage du personnage central.
On voit que GBEHANZIN est plus qu’un roi, mais une étoile qui devrait illuminer de sa pensée et de son regard tout un peuple et le conduire vers l’épanouissement collectif qui était son seul souci. La brisure de son rêve n’est elle pas en elle-même un marqueur de sa profondeur existentielle. GBEHANZIN n’aimait pas l’injustice, et c’est ainsi que se résume tout le fondement épistémologique de son combat lapidaire et précaire. Le documentaire nous démontre que pour ses interlocuteurs, il était quasiment meilleur de le circonscrire rapidement, avant qu’il ne devienne dangereux.
La sanctuarisation de l’héroïsme apparaît comme le fil d’Ariane de ce documentaire qui part de GBEHANZIN pour attirer l’attention sur quantité d’autres figures de proue d’Afrique et d’ailleurs qui tombent remarquablement dans l’oubli collectif. C’est donc une invite au devoir de mémoire et à l’évitement de l’oubli qu’on peut déceler entre les lignes de ce film.
La variation des espaces de tournage (Martinique, Algérie, Bénin, France) constitue une traçabilité complète de l’engagement d’un personnage imbu de sa personnalité à mesure que grandit en lui le sentiment d’une injustice qu’il n’a pas réussi à résorber.
Ce documentaire va marquer tout le monde non point pour faire plaisir à l’auteur, mais parce que ce dernier aussi a eu le trait de génie de trouver la bonne âme pour ce travail qui mêle de nombreuses techniques documentaires pour élaborer le message.
Godefroy Macaire CHABI
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