Vaincre la faim à tout prix
Par Godefroy Macaire CHABI, depuis Londres
Accès au marché, développement d’infrastructures de base, gouvernance locale, diversification agricole, développement de la recherche. La liste n’est pas longue. Pourtant, tout est à prendre en compte si l’on veut vraiment parvenir à la sécurité alimentaire mondiale, selon les participants à la Conférence mondiale sur la sécurité alimentaire qui s’est tenue à Londres du 19 au 21 octobre 2009.
Les participants pour la plupart des acteurs du monde rural, de la recherche, des décideurs, des acteurs économiques membres de l’Organisation CABI (Commonwealth Agriculture Bureaux International) sont partis d’une conviction : la sécurité alimentaire est atteignable dans le monde. Pour cela, les opportunités existent. Et c’est à juste titre qu’ils voient dans la coopération internationale une porte de sortie pour endiguer efficacement le problème de la faim dans le monde. Cette coopération doit surtout s’observer dans les domaines de la science et des technologies au travers de projets d’envergure au service de la sécurité alimentaire. L’exemple de la Chine qui compte plus d’un milliard de population force l’admiration et semble assez prometteur dans ce sillage, estiment les participants.
Malgré une population nombreuse, par conséquent beaucoup de bouches à nourrir, entre 2004 et 2009 la Chine a pu se constituer une bonne réserve de céréales et en 2008, elle a produit près de 529 milliards de kilogrammes de céréales, soit un total de près de 5 tonnes à l’hectare. Au total, c’est 21% de la population mondiale que la Chine nourrit avec seulement 9% de terres cultivables au plan mondial. Un exemple séducteur. Et Le vice Ministre chinois de l’agriculture, Gao Hongbin qui se targue d’un tel succès a alors demandé aux pays d’engager de sérieuses politiques pour surmonter le problème. Il a rappelé que la Chine pour atteindre cette performance a énormément investi dans les infrastructures rurales et le développement du secteur agricole.
Selon l’ancien Président mozambicain Joaquim Chissano qui dirige aujourd’hui la Fondation du même nom, le problème dans les pays en développement frappés de plein fouet par la crise alimentaire demeure les difficultés d’accès au marché, le manque de diversification agricole, la non diversification des sources de revenus du secteur agricole, la mauvaise gouvernance, le VIH/SIDA. Maîtriser la crise alimentaire passe selon lui par des réponses appropriées à ces différents vecteurs. La lutte contre le VIH/SIDA, a-t-il estimé, nécessite une approche multisectorielle.
Dans les années à venir, la production alimentaire mondiale doit connaître un doublement pour supporter le rythme d’évolution attendue de la population mondiale d’ici 2050, reconnaissent les chercheurs.
L’un des piliers sur lequel il faut agir reste l’agriculture pour garantir cette sécurité alimentaire et améliorer la qualité de vie des populations dans les pays en développement, préconise Trevor Nicholls, Responsable exécutif de l’organisation CABI.
Sécurité alimentaire, santé de la plante et changement climatique
Les liens ne cessent de se renforcer entre la crise alimentaire à laquelle fait face le monde et le contexte généralisé de changement climatique. Changement constant de température, sécheresse, concentrations de gaz et précipitations ont d’énormes conséquences sur les productions. Chercheurs et experts de tous genres ont eu des discussions sur les effets directs et indirects du changement climatique et ont décelé les interactions possibles avec d’autres problèmes. Par exemple, le parasitage des produits agricoles par les insectes destructeurs qui contraint à une baisse drastique de la production. Les pays en développement perdent un tiers de leur production annuelle du fait de l’infestation et des maladies des plantes, selon les chercheurs de CABI. Ceux-ci rappellent qu’aucune recherche de solutions pour garantir la sécurité alimentaire ne saurait ignorer cette donne. C’est en cela que CABI affirme encourager la « Nouvelle Révolution Verte » qui s’étend à cet aspect de la question.
Il apparaît aussi important, selon la Conférence, de veiller à ce que la course à la bio énergie avec l’augmentation du prix du pétrole ne représente un goulot d’étranglement pour la mise en œuvre des objectifs de sécurité alimentaire. Par exemple, la production du bioéthanol par les Etats Unis entre 2007 et 2008 a entraîné une hausse de 33% du prix du maïs.
L’information dans le débat
« L’information est aussi importante pour produire les résultats ». Cette phrase du vice Ministre chinois de l’agriculture Gao Honghin voudra résumer littéralement tout l’intérêt que les chercheurs et politiques entendent désormais accorder à l’information agricole dans le processus de la production et la recherche de réponse à la crise alimentaire. Le plus important, ont reconnu les experts et les décideurs est de faire profiter la révolution numérique actuelle au monde rural. Voilà pourquoi, il est souhaité la mise en œuvre d’un partenariat mondial autour de ce que l’on a appelé « e-agriculture ». L’enjeu, c’est la familiarisation des acteurs ruraux et agricoles à la technologie. Selon le Directeur de l’information à la Commission tanzanienne pour la science et la technologie, Theophilus Mlaki, « pour transformer les communautés rurales en Afrique et leur permettre de contribuer au débat, il faut s’assurer que la connaissance atteint les zones les plus reculées ». Il a cité la création en Tanzanie de projets pilotes autour de villages numériques qui initient les agriculteurs aux Nouvelles technologies.
Mais pour que ce mouvement réussisse, il est important de penser à des schémas d’investissement aussi bien au plan national, régional et institutionnel, a rappelé Elizabeth Dodsworth, Responsable de la division de la Gestion des Connaissances de CABI.
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